Décidément l’humeur répressive des diverses autorités, privées comme publiques, ne faiblit pas. Alors que l’Allemagne a installé une loi liberticide pour la liberté d’expression à partir du 1er janvier 2018, alors que la France discute d’une adaptation de cette loi vers le mois de mai, alors que la Dilcrah veut renforcer sa vocation répressive avec la création d’une sorte de RAID ou GIGN antiraciste, la Malaisie ne souhaite pas être en reste.
Une dépêche Reuters apprend que le Premier Ministre de la Malaisie, Monsieur Najib Razak a déposé le lundi 26 mars 2018 sur le bureau du Parlement, un projet de loi mettant hors la loi les Fake News, moderne version des classiques Bobards. De lourdes amendes sont prévues ainsi que des peines de prison pouvant aller jusqu’à dix ans.
Scandale financier et loi opportune
Le projet est élaboré à quelques semaines d’une élection générale, à un moment où Najib Razak lui-même est empêtré au milieu d’un scandale financier touchant le fonds d’Etat 1MDB (1Malaysia Development Berhad). Plus de trois milliards de dollars auraient été détournés, profitant à l’entourage du Premier Ministre (voire au ministre lui-même), dont une partie aurait financé entre autres, le film Le loup de Wall Street avec Leonardo di Caprio (sic). Si des plaintes sont en cours en Suisse et aux Etats-Unis, aucune enquête n’a été déclenchée en Malaisie.
Silence, on vote
La loi intitulée Anti-Fake News 2018 bill tombe à pic pour les autorités. Pour « protéger le public de la prolifération des fausses nouvelles, et assurer ainsi la liberté de parole et d’expression sous la garde de la Constitution Fédérale », la loi couvre les publications digitales, les médias sociaux, les vidéos, les enregistrements audios. Elle s’appliquera aux contrevenants en Malaisie ou en-dehors de la Malaisie (y compris aux étrangers) si la Malaisie ou un de ses ressortissants est en cause. Le gouvernement souhaite aider « le public à être plus responsable et prudent dans le partage des informations ». Tout esprit un peu lucide comprendra le véritable objectif de la loi : museler l’opposition et faire le silence sur les affaires délicates et potentiellement coûteuses sur le plan électoral. Un processus dangereux, auquel l’exemple allemand ressemble curieusement. Nous y reviendrons dans quelques jours avec une analyse de fond de la loi allemande (dite NetzDG), de sa procédure d’adoption, de ses possibles conséquences, des réactions des médias allemands, sans oublier le silence assourdissant des médias français sur le sujet.