La Presse a beau être le plus ancien quotidien du Québec, paraissant presque sans interruptions depuis 1884, son propriétaire le groupe diversifié (finances, assurances, énergie) Power Corp semble bien déterminé à s’en débarrasser, même au prix d’un dernier investissement.
Abandon du papier et licenciements
Le quotidien avait déjà subi plusieurs cures douloureuses de dégraissage. D’abord en septembre 2015 en abandonnant l’édition papier en semaine, seul le numéro du samedi continuant d’être imprimé. Cette mue avait entrainé 43 suppressions de postes, essentiellement de journalistes. Second tour de vis (prévisible) le 30 décembre 2017 qui voyait le dernier numéro imprimé paraître avec l’abandon définitif du papier pour le seul numérique, 49 licenciements à la clé.
Les tablettes ? oui mais
Pourtant les efforts de la rédaction pour conquérir des lecteurs numériques ont porté leurs fruits. Plus de cinq cent mille lecteurs sur téléphone et le même nombre sur tablettes en mars 2018. Las, la publicité sur ces modes de distribution est préemptée par Google et Facebook. Les mêmes qui prétendent vouloir « aider la presse », comme Google qui finance Le Décodex du Monde (pour un montant et dans un cadre demeurés secrets). Ou comme Facebook qui veut financer les grands médias français pour traquer les fausses nouvelles… tout en pompant la publicité en ligne. La vieille, très vielle histoire de la corde qui soutient le pendu.
Vers un modèle pseudo philanthropique
Pierre-Eliott Levasseur, Président du quotidien, semble avoir acté l’abandon du journal par son actionnaire industriel. Power Corp, qui a toujours été du côté du parti libéral canadien et fortement opposé aux souverainistes québécois, juge que l’influence politique lui coûte trop cher. Et propose, sans rire, un quotidien à but non lucratif via des partenariats. Il est prêt à mettre 50 millions de dollars canadiens pour se débarrasser du journal à travers une nouvelle loi pour la presse qui reste à voter. Les journalistes de La Presse peuvent déjà s’inscrire au Pôle Emploi local à titre préventif.