Jeudi, Free a rendu téléchargeable une mise à jour pour sa célèbre box qui, en plus de résoudre des bugs du contrôle parental et de la téléphonie, contient un adblock activé par défaut interdisant toute liste blanche (et pas facile à désactiver pour le commun des mortels).
Si le fournisseur d’accès à Internet (FAI) n’a, pour l’instant, donné aucune explication, il semble que nous assistions en direct au dernier épisode du conflit larvé qui l’oppose à Google sur la question du financement de la bande passante donc des infrastructures, ce dernier tirant l’immense majorité de ses revenus de la publicité en ligne, dont il est le leader mondial. Jusqu’en décembre, c’est à un autre service de Google (le site de vidéo en streaming YouTube) que s’en était pris Free, pour la même raison. Ses quatre millions de foyers abonnés semblent servir de « boucliers humains » (Pierre-Olivier Carles) dans cette lutte entre les deux géants.
Forcément, une partie d’entre eux (pas les anti-pubs, les autres, notamment les webmestres de petits sites tirant l’essentiel de leurs revenus de la publicité en ligne) n’apprécient que modérément. Pour eux, le site Freebox AdBlock Sucks propose un script javascript qui permet de « rediriger les utilisateurs de Freebox AdBlock vers l’URL de votre choix, bloquant ainsi l’accès au contenu de votre site ». « Je vous suggère de rediriger les visiteurs ayant Freebox AdBlock activé vers une page où est affiché un message (ou une image..) expliquant poliment que le fait de bloquer vos publicités met en péril votre modèle économique et ne vous permet pas de continuer à fournir du contenu de qualité gratuitement », écrit son créateur.
Au-delà de la question de la neutralité de l’Internet et du pouvoir des FAI, des interrogations techniques posées par le filtre (qui semble hétérogène) et des conséquences dommageables sur le plan de l’éthique (la fin forcée de la pub verrait vite l’émergence de publi-articles/posts rémunérés) c’est l’équilibre — déjà précaire — de milliers d’acteurs de l’Internet qui est en jeu. Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l’Economie numérique, doit rencontrer Xavier Niel pour évoquer le filtre la semaine prochaine. Affaire à suivre…
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