Rediffusion. Première diffusion le 15 juin 2018
Les réunions du groupe de Bilderberg soulèvent beaucoup d’interrogations et de fantasmes. La liste des participants a longtemps été secrète, elle est maintenant affichée (voir infra) sans que l’on puisse savoir si d’autres personnes ne se rajoutent pas discrètement. Réunions à huis clos, impossibilité d’approcher le lieu de la conférence, protection de la police et des autorités des pays où se tient la réunion, les délibérations sont secrètes et le financement discret, de quoi nourrir l’imaginaire sans savoir si la réalité ne dépasse pas la fiction. La dernière réunion s’est tenue sous la présidence d’Henri de Castries (ex Président d’Axa et président de l’Institut Montaigne) à Turin du 7 au 10 juin 2018 et l’un des thèmes retenus était la post-vérité.
Post vérité ?
La recherche de la vérité est un thème qui agite la philosophie depuis les grecs. Qu’est-ce que le réel, le vrai ? Sommes-nous dans la caverne de Platon ? Les images que nous voyons ne sont-elles que les ombres portées venant d’un autre monde plus réel que le nôtre ?
Il n’est pas neutre qu’un groupe comme le Bilderberg – que l’on est en droit de supposer influent – s’intéresse au thème rebattu de la post vérité. Un néologisme retenu comme « le mot de l’année 2016 » par le dictionnaire Oxford qui justifie ainsi son choix :
Le terme post-vérité (post-truth) semble être apparu en 1992 sous la plume de l’auteur de théâtre américain Steve Tesich. Un livre The Post-truth Era parut en 2004 signé par Ralph Keyes. Le terme relativement peu usité est devenu largement utilisé pendant le cours de l’année 2016. Le mot a vu sa fréquence exploser dans le contexte du référendum anglais sur le Brexit et celui de l’élection présidentielle américaine, devenant largement associé, en tant que substantif, à la phrase politique post-vérité (post-truth politics).
Comme le stipule le règlement du groupe lui-même, « la conférence est un forum de discussions informelles autour des défis majeurs auxquels le monde doit faire face. Les réunions sont tenues selon la règle du Chatham House Rule (règle élaborée en 1927 au Royaume-Uni pour favoriser l’anonymat des échanges dans les rencontres diplomatiques, puis étendue largement dans le monde anglo-saxon ndlr) qui établit que les participants sont libres d’utiliser les informations reçues, mais que ni l’identité des intervenants, ni leur affiliation, ni celle d’aucun intervenant ne doit être révélée. »
Nous ne saurons donc jamais ce que les aimables touristes de Turin ont dit sur la Russie, sur les élections américaines, le populisme en Europe, l’intelligence artificielle (tous sujets à l’ordre du jour de la rencontre de juin 2018) ni sur la post vérité. Peut être est ce là le véritable visage de la post vérité, elle se cache derrière de hauts murs et sous la protection de la police.
Les participants français, outre Henri de Castries étaient Audrey Azoulay (ancien ministre de la Culture et maintenant à l’Unesco), Patricia Barbizet (Kering et Artemis), Jean-Michel Blanquer (Ministre de l’éducation), Bernard Emié (ministère de la Défense). La liste officielle complète est ici. Merci à la chaine CNBC à qui nous devons le document.