Rediffusion. Première diffusion le 4 juillet 2018
Quand il reçoit un élu de droite, Jean-Michel Aphatie cesse d’être journaliste pour devenir ce qu’il est réellement, un militant : le fait est connu. Il s’est cependant surpassé en cette dernière semaine de fin juin 2018.
Jean-Michel Aphatie n’est pas un perdreau journaliste de l’année, il approche même plutôt de la retraite. On ne compte plus le nombre d’années où le faux journaliste écume les plateaux de télévision et les studios de radio, parfois dans le privé, d’autres fois payé par l’État, comme actuellement sur Franceinfo durant la matinale. C’est le « 8 h 30 Toussaint Aphatie » qui devient chaque jour un peu plus une tribune idéologique où le statut de journaliste des animateurs est depuis belle lurette passé à la trappe. Fin juin 2018, l’émission, caricaturale en règle générale, est devenue encore pire : la caricature d’elle-même.
Aphatie, c’est le gars de la Marine
Jean-Michel Aphatie n’est jamais aussi militant que lorsqu’il reçoit Marine Le Pen, exercice au cours duquel le pseudo journaliste est persuadé de conduire une avant-garde contre la fameuse « bête immonde ». Aphatie, c’est vraiment le gars de la Marine, et cela s’est confirmé le 25 juin 2018. Une émission tout en tentatives de manipulation, morgue et détestation à peine rentrée. Quelques exemples, sans exhaustivité :
- Marine Le Pen, responsable politique, répond à une question du journaliste au sujet de l’efficacité possible ou non des sommets à venir de l’UE concernant l’immigration. Elle prononce ces mots : « L’Union Européenne souhaite qu’il y ait une immigration forte ». Ce qui est un fait, et une volonté exprimée à maintes reprises par nombre de responsables politiques de l’UE, élus ou non. C’est aussi une analyse et un conseil issus de travaux de l’ONU. Intervention immédiate d’Aphatie qui, dès la première minute, revêt sa casquette militante : « Souhaitée ? C’est pas une immigration souhaitée (l’air innocent). Les flux migratoires qui viennent d’Afrique, personne ne les souhaite ». Il est aisé d’imaginer le visage surpris de la majeure partie des auditeurs. L’invitée répond que si, Aphatie intervient : « Ah bon ? ».
- Le sujet est central pour Aphatie, internationaliste tendance années 60. Son invitée indique les arguments de l’UE en faveur de l’immigration, arguments qui sont prononcés par divers commissaires européens et reprennent simplement le rapport de l’ONU cité plus haut. Rien de cela ne tient selon le militant payé par la radio d’État (et par vous) : « Tous ces gens qui sont enfermés en Libye pendant des mois, avant de partir sur des radeaux de fortune, personne ne souhaite ça. Personne, on ne peut pas dire ça… c’est très curieux ça ». Aphatie insiste en mettant en scène le mélodrame, évoquant les « souffrances » (réelles). Son invitée explique que certaines ONG jouent un jeu trouble : là, Aphatie n’intervient pas.
- Marine Le Pen explique en quoi la suppression des frontières ainsi que les gouvernements en place depuis 30 ans sont les premiers responsables de la situation actuelle. Aphatie n’intervient pas car… il n’écoute pas (4’) et semble chercher un argument pour atteindre son objectif dans cet entretien : le militant voudrait faire accroire que Marie Le Pen ne serait pas « humaniste ». Il relance alors au sujet du Lifeline, navire en attente d’un port. « Il y a 239 personnes à bord, des femmes des enfants, qu’est-ce qu’on fait ? ». Aphatie se garde d’indiquer le très faible nombre de femmes et d’enfants. L’invitée indique qu’ils doivent être ramenés en Libye. Aphatie considère que les ramener en Libye consiste à les mettre en insécurité : « Le passage en Libye est souvent épouvantable ». Aphatie n’écoute à aucun moment aucun argument, considérant que la responsabilité de la situation ne viendrait pas des gouvernants actuels mais plutôt de ceux qui… n’exercent pas le pouvoir, les populistes.
- Intervention intéressante de Bruce Toussaint, qui, lui, souhaite savoir ce que Marine Le Pen entend quand elle met en cause les ONG. Il s’agit de mettre en doute la critique portée contre l’ONG agissant avec ce navire. Une intervention d’autant plus savoureuse que… le jeudi 28 juin suivant le président de la République Emmanuel Macron portera exactement la même critique lors de sa visite au Vatican, cette même critique qui, lundi 25 juin, semble fascisante pour Toussaint et Aphatie. Fascisante et « fausse ».
- À 6’45, Aphatie tente une sortie avec un graphique, montrant que « Le pic de cette immigration massive a été atteint en 2015 (…) Les chiffres ont considérablement été réduits ». L’auditeur a un peu du mal à y croire, se demandant un instant si le réel des rues correspond à celui dans lequel Aphatie passe ses journées. Marine Le Pen conteste, indiquant qu’il y a énormément de « pression », ce que confirmera le président de la République en fin de semaine en employant exactement les mêmes mots. Surtout, le 26 juin 2018, les chiffres de la CIMADE tombent : la France a accueilli quatre fois plus de migrants en 2017 qu’en 2015. Le contraire des propos du journaliste, lequel s’en moque puisque son objectif n’est ni la vérité ni le réel mais le dénigrement de son invitée, et des idées qu’elle défend.
- À la question « Pourquoi en Europe ? », au sujet du lieu d’accueil des bateaux, et « pourquoi pas la Tunisie », Aphatie et Toussaint ne répondent pas. Aphatie vise ailleurs : Salvini et les méchants de droite italiens. Salvini serait « responsable de la tempête qui secoue l’Europe ». Aphatie parle d’un « mouvement nationaliste », Marine Le Pen répond « souverainiste », Aphatie mime que le choix des mots serait sans importance. C’est oublier le fameux « le nationalisme c’est la guerre », ressorti à toutes les sauces électorales. « C’est votre ami ? ». Réponse : « Oui, c’est mon ami ». Le manipulateur est satisfait : « On peut l’écouter ». C’est son but, depuis plus de vingt ans : montrer que ses adversaires politiques, en tant que militant masqué en journaliste, auraient des amis infréquentables. Extrait de Salvini : « on a besoin d’un nettoyage de masse ». Aphatie : « Il est un peu raciste, Salvini ». L’auditeur attend ici que Aphatie fasse état, en tant que journaliste, d’un fait, par exemple d’une décision de justice, accréditant ce qu’il dit en tant que journaliste (car il est journaliste et non invité en cette émission). Mais non. Manipulation ? Aphatie n’a pas indiqué le contexte de cette phrase, laquelle évoquait la manière dont la mafia prospère sur la misère des migrants. Aphatie : « il prospère sur la peur des étrangers », autrement dit il serait xénophobe.
- Extrait de Macron ensuite, évoquant « la lèpre » au sujet des politiques populistes en Europe et de leurs électeurs. Aphatie ne s’offusque pas de la violence de ce mot. Plus avant : évoquant la Pologne, Aphatie indique que ce pays « prend tout ce qu’il veut mais ne donne rien ». Suit un ricanement. Comme si un pays devait naturellement accepter des clandestins sur son territoire.
- Le moment est alors celui de « l’ultra droite », un groupe de dix membres arrêtés dimanche 24 juin. « Des gens qui pourraient s’en prendre à des musulmans sur le territoire français ». Son invitée se félicite que le terrorisme sous toutes ses formes, y compris celui-là soit combattu. Aphatie ayant l’ambition d’amalgamer le parti politique de son invitée avec des personnes telles que celles arrêtées insiste : « Ultra droite ? C’est un qualificatif que vous comprenez ? Vous n’avez pas grand-chose à voir avec l’ultra droite ? (…) Parfois, on dit qu’il y a des courants identitaires dont vous pouvez être proches, avec des gens travaillant pour vous ? Des gens avec qui vous pouvez travailler qui ont eu dans le passé des engagements dans l’ultra droite ?». Son invitée lui demande de ne pas faire d’amalgame et de ne pas suggérer de lien entre les personnes arrêtées et des membres de son parti.
Une émission sournoisement à charge où le militant Aphatie tente de piéger son invitée pour l’amalgamer à cette « lèpre » évoquée par le président de la République. Une émission et des pratiques devenues hors sol tant ce qui menace réellement l’Europe (immigration massive, islamisation, terrorisme et meurtres sauvages d’européens, et singulièrement de Français) semble passer très au-dessus de la tête du militant. Au point qu’Aphatie ne se rend pas compte de ce qui est vraiment choquant. Il parle de l’entrée de Simone Veil au Panthéon, tente de piéger son invitée au sujet de l’avortement, mais ne se choque pas de ce qu’elle annonce : bien que chef d’un mouvement politique représentant environ 20 à 25 % des électeurs, elle n’est pas invitée pour la cérémonie au Panthéon.