L’Observatoire du journalisme a publié de nombreux articles sur l’espionnage organisé par les GAFA (parfois GAFAM si l’on inclut Microsoft) avec un pseudo consentement de votre part sur un long formulaire incompréhensible et parfois sans consentement du tout. Ils persistent, s’excusent quand ils sont pris les doigts dans le pot de confiture numérique et continuent derechef.
Google et Gmail
Vous avez peut-être un compte Gmail ? Gratuit, pratique et selon Google utilisé par plus d’un milliard (vous avez bien lu, un milliard) de personnes dans le monde. Pendant longtemps les robots de Google lisaient systématiquement les courriels envoyés ou reçus depuis la boîte Gmail. Google assure que ce n’est plus le cas maintenant (question : et si l’agence de sécurité américaine NSA le demande ?) et que dans des cas très limités des humains peuvent lire certains courriels, on suppose pour des actes liés au terrorisme sans que ce soit précisé.
Mais Google emploie de milliers de développeurs externes qui créent de nouvelles applications, de nouveaux outils numériques. Et ces développeurs travaillent sur une matière première extraordinaire de richesse en contenus : Gmail. Le Wall Street Journal vient de révéler que — c’est un exemple parmi d’autres — une société californienne travaillant pour Google débusquait sur les messages ceux qui contenaient une facture. Cette facture est scannée et analysée. Définition de l’acheteur, caractérisation précise du produit par une codification. Ces données sont ensuite revendues à une autre société. Celle-ci décortique la facture et propose ces données aux sociétés vendant un produit similaire. Ces sociétés vous démarchent ensuite en vous proposant leur produit supposé moins cher (ils connaissent votre prix d’achat) ou de meilleure qualité (ils connaissent aussi les caractéristiques du produit que vous avez acheté).
Les fantaisies de Facebook
Qui n’a pas un compte Facebook ? Plus de deux milliards d’utilisateurs dans le monde. À partir de votre compte vous pouvez envoyer des messages à tous vos “amis” en postant ce qui vous semble bon de publier. À partir de Messenger lié à votre compte, vous pouvez envoyer des messages “privés” à une personne de votre choix. Votre petit(e) ami(e), mammifère préféré, queer, neutre, ambivalent invertébré etc (cette liste n’est pas limitative et le fait qu’une minorité ait été oubliée n’est pas le signe d’une volonté de discrimination, NDR).
On peut supposer que si vous postez sur votre mur Facebook un message destiné uniquement à certains de vos contacts, qu’il soit à caractère sentimental, économique, médical, politique ou autre c’est que vous ne souhaitez pas que tout le monde puisse le lire. Et pourtant début juin Facebook a rendu publics les messages privés de quatorze millions d’utilisateurs. Vous avez donné rendez-vous mardi à 17h à Marc/Dorothée/Milou/Pif le chien (rayer les mentions inutiles) au love hôtel de Bourg en Bresse, dans la plus grande discrétion et patatras Antoine/Julie/Félix le chat (rayer de nouveau les mentions inutiles) le voient sur votre page Facebook. Quand on vous dit de faire attention…