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L’Association des journalistes LGBT, du lobby à la dictature masquée

16 août 2018

Temps de lecture : 8 minutes
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L’Association des journalistes LGBT, du lobby à la dictature masquée

Temps de lecture : 8 minutes

Il y a un mois et demi, fin juin 2018, Vice News donnait tribune ouverte à Clémence Allezard, co-présidente de l’association des journalistes LGBT. Déjà connue pour avoir édité un « guide » au printemps 2014 à destination des médias, une entreprise de « rééducation » au service du politiquement correct que bien peu dans la presse mainstream ont eu le courage de critiquer, exception faite de Judith Waintraub pour Le Figaro. Il y avait pourtant de quoi – l’association encourageait ainsi les journalistes à militer ouvertement contre la Manif pour Tous, en se réclamant de l’entre-soi du journalisme.

Dans cette tri­bune, la co-prési­dente de l’association donne son avis sur la lib­erté d’opinion, à l’occasion de la pré­pa­ra­tion de la sec­onde céré­monie des OUT d’or, les prix décernés par l’association devant un gratin de per­son­nal­ités. « Toutes les opin­ions ne se valent pas : une opin­ion réac­tion­naire de LMPT ne vaut pas celle d’une con­cernée », estime Clé­mence Allezard. Qui exprime son mépris de la lib­erté d’opinion et nour­rit son mil­i­tan­tisme en prof­i­tant de l’argent du con­tribuable : à France Cul­ture où elle tra­vaille, elle « a signé plusieurs doc­u­men­taires et reportages sur le fémin­isme », relève Vice.

L’association des jour­nal­istes LGBT est née après la Manif pour Tous, en 2013, « à l’époque où LMPT squat­tait les médias. Un petit groupe de jour­nal­istes s’est alors retrou­vé pour alert­er les médias sur leur respon­s­abil­ité à l’égard de ces ques­tions », relève Éme­line Ametis, l’auteur de l’article chez Vice News, avec beau­coup de complaisance.

Après son guide à des­ti­na­tion des médias en 2014, l’Association des jour­nal­istes LGBT a exploité plus encore la mine du poli­tique­ment cor­rect en faisant sign­er en 2015 une « charte con­tre l’homophobie » aux médias. Les sig­nataires sont : Le Monde, L’Equipe, Libéra­tion, Les Inrock­upt­ibles, Slate, Medi­a­part, Rue89, Alter­mon­des, Bas­ta!, Soci­ety, So Foot, Doolit­tle, Pédale!, Radio Nova, Ouï FM, Radio FG, Yagg, Têtu, Well Well Well, Jeanne Mag­a­zine, Hétéro­clite, Snatch, Styl­ist, NEON, Causette, Psy­cholo­gies, Clos­er, Alter­na­tives Economiques, AlterE­coPlus, Street­press, Brain Mag­a­zine, MadmoiZelle.com, Les Nou­velles News, Kon­bi­ni, Pure­me­dias, Purepeo­ple, Cit­i­zen Jazz, Voxeu­rop, Les Tam­bours, Yegg Mag­a­zine, Lemilie.org, error404.fr, 94.citoyens.com, Moth­er Shak­er, Pressen­za, Aficia.info, Pagtour.net, G One Radio, bellaciao.org, Man­i­festo XXI.

La personnalité politique de l’année pour l’association : une proche de Benoît Hamon

Quant aux Outs d’Or que l’association décerne, ils trahissent ses affinités poli­tiques. En 2017, celui de la meilleure enquête est décerné à La « dou­ble peine » des migrants homo­sex­uels, un reportage de Blaise Gauquelin, paru le 11 octo­bre 2016 dans Le Monde. Celui de la presse étrangère, au jour­nal libéral (pro-occi­den­tal et pour cause – il est financé par les néer­landais) Novaïa Gaze­ta qui révèle la per­sé­cu­tion des homo­sex­uels en Tchétchénie.

Celui de la per­son­nal­ité poli­tique, Chay­nesse Khi­rouni, qui coche plusieurs cas­es de l’idéal bobo : issue de la diver­sité, respon­s­able asso­cia­tive et social­iste puis fron­deuse – elle a été respon­s­able poli­tique dans la cam­pagne de Benoît Hamon. La rai­son offi­cielle invo­quée est son impli­ca­tion dans le change­ment facil­ité d’état civ­il pour les per­son­nes transsexuelles.

Lors de la pre­mière édi­tion (2017), les prix étaient remis par Rose­lyne Bach­e­lot, Bam­bi, Lil­ian Thu­ram, Rokhaya Dial­lo, Claire Chaz­al, Christophe Beau­grand, Daph­né Bür­ki. Lors de la sec­onde (2018) s’étaient pressés par­mi les invités Jacques Toubon, le min­istre des Sports Lau­ra Fles­sel, la réal­isatrice Aman­dine Gay, la comé­di­enne Camille Cot­tin, la chanteuse Mar­i­anne James, le jour­nal­iste Augustin Trape­nard (Radio Nova, puis France Cul­ture, puis France Inter puis Canal+).

Une association en faveur du coming-out, mais dont les membres se cachent

En revanche, l’association, prompte à dis­tribuer ses OUT d’or, est moins pressée de faire la trans­parence sur ceux qui la com­posent. Elle n’est pour­tant riche que d’une trentaine de mem­bres, con­tre « une ving­taine » en 2013. On aura con­nu suc­cès plus ful­gu­rant… et plus mas­sif. Même si les adhé­sions sont ouvertes aus­si aux mil­i­tants LGBT, d’après les statuts : « Peu­vent adhér­er : les jour­nal­istes pro­fes­sion­nels, les per­son­nes exerçant une activ­ité jour­nal­is­tique dans le cadre de struc­tures mil­i­tantes, les per­son­nes tra­vail­lant dans la pro­duc­tion d’informations »

Alice Coffin, militante lesbienne… et enseignante à l’Institut catholique de Paris

Peu met­tent en avant leur appar­te­nance, par­mi les quelques-uns qui le font quand même, on trou­ve Alice Cof­fin, qui écrit pour le Huff­in­g­ton Post et est mem­bre et co-fon­da­trice de la Con­férence Européenne Les­bi­enne, du fonds fémin­iste et les­bi­en LIG (Les­bi­ennes d’In­térêt Général), et activiste au col­lec­tif fémin­iste La Barbe. En cou­ple avec la mil­i­tante les­bi­enne Alix Béranger, elle a fait des études de philoso­phie à la Sor­bonne, Sci­ences Po Bor­deaux et le CFJ, a été jour­nal­iste en charge des médias (2008–2015) et déléguée syn­di­cale SNJ (2011–2015) à 20 Min­utes.

Son pro­jet d’é­tude com­parée du “traite­ment médi­a­tique des ques­tions LGBT en France et aux États-Unis à l’aune du con­cept de neu­tral­ité” a été lau­réat de la bourse Ful­bright Spe­cial NGO Lead­ers 2017. Ce dernier pro­pose de faire un séjour de 1 à 6 mois aux États-Unis, dans une ONG ou une uni­ver­sité, et est co-financé par l’ambassade US en France et l’ex-fonds Carnegie. Les con­di­tions sont assez restric­tives, puisqu’il faut avoir exer­cé pen­dant au moins 5 ans à temps plein d’une ONG ou asso­ci­a­tion située en France et y con­duisant ses mis­sions, être de nation­al­ité française, niveau Bac +2 au moins, niveau d’anglais B2 et être offi­cielle­ment invité par une uni­ver­sité ou une ONG américaine.

Elle a préféré omet­tre de sa biogra­phie offi­cielle un autre pas­sage, pour­tant croustil­lant : en 2003, présente lors d’une con­férence au gym­nase Japy ani­mée par Pierre Cassen, cette jeune jour­nal­iste sta­giaire mem­bre de la Ligue des Femmes aurait crié dans un micro « pour les femmes, le voile c’est Nooon ! ». En 2017 elle est sig­nataire de la péti­tion de sou­tien à Rokhaya Dial­lo, en tant que « jour­nal­iste, mil­i­tante fémin­iste et les­bi­enne ». Cette même Rokhaya Dial­lo qui se dit « mil­i­tante antiraciste et fémin­iste » tout en défen­dant le voile au tra­vail, ou en trou­vant que « porter le voile n’est pas plus sex­iste que de porter des talons aigu­illes ».

Plus éton­nant, elle est chargée du cycle du mas­ter à… l’institut catholique de Paris depuis 2012. Le mas­ter s’intitule « médias et pou­voirs ». Tout en étant con­seil­lère média de l’European Les­bian Con­fer­ence (2016–2017), com­mu­ni­ty man­ag­er des groupes mil­i­tants LGBT Oui oui oui et la Barbe, groupe fémin­iste « ori­en­té vers l’action » qui « dénonce le mono­pole du pou­voir, du pres­tige et de l’argent par quelques mil­liers d’hommes blancs ».

Matthieu Magnaudeix, correspondant de Mediapart au « Trumpistan »

Il y a encore Matthieu Mag­naudeix, … cor­re­spon­dant aux Etats-Unis de Medi­a­part depuis octo­bre 2017. Né en 1980, diplômé d’histoire, de sci­ences poli­tiques à l’IEP de Bor­deaux et de l’ESJ à Lille, il a tra­vail­lé au bureau de l’AFP à Berlin, puis Libéra­tion, Chal­lenges (2005–2008) et enfin à Medi­a­part depuis 2008, chargé de l’économie jusqu’en 2012, de la poli­tique ensuite. Il se dit « cor­re­spon­dant de Medi­a­part au Trump­is­tan » et se réclame de l’association des jour­nal­istes LGBT. C’est aus­si le « jour­nal­iste gay » qui a traité Cyril Hanouna de « petit con », « décérébré », « mec au ric­tus ».

La jour­nal­iste Marie Labo­ry présen­tait la pre­mière édi­tion des Out d’Or ; elle est passée par France 2, France 3, Pink TV (2005–2008) et Arte, et se déclare ouverte­ment les­bi­enne. Elle est mem­bre de l’association des jour­nal­istes LGBT elle aus­si. On trou­ve aus­si Judith Sil­ber­feld, ex-rédac-chef adjointe du men­su­el LGBT Têtu (2000–2007), ex-rédac­trice en chef d’un autre média LGBT, Yagg (2008–2016) qu’elle a quit­té avant sa qua­si-fail­lite ; elle a épousé une de ses col­lab­o­ra­tri­ces, Béné­dicte Math­ieu en 2014.

Mais aus­si Charles Ronci­er, (bref) co-prési­dent de l’AJL en 2013 et rédac­teur en chef adjoint du VIH.org, un site com­mu­nau­taire spé­cial­isé sur le SIDA ; il est passé par Têtu (2002–2005), Yahoo (2005) et TV Ontario (2006). Sans oubli­er Maëlle le Corre, jour­nal­iste puis rédac-chef adjointe chez Yagg (2013–2016), chez Jeanne Mag­a­zine et Street­press en 2017, co-fon­da­trice du média com­mu­nau­taire Komi­tid. Ou encore Ingrid Ther­wath (Cour­ri­er Inter­na­tion­al depuis 2003), spé­cial­iste de l’Inde et enseignante à Sci­ences Po.

A la faveur d’un mémoire sur l’interdépendance de la presse com­mu­nau­taire LGBT et des médias main­stream appa­raît aus­si le nom de Flo­rien Bar­dou, « jour­nal­iste chargé du web à Libéra­tion » qui a « fait le choix, dès son mas­ter de jour­nal­isme à Toulouse, de se spé­cialis­er dans les ques­tions homo­sex­uelles après un stage dans la rédac­tion [de] Yagg. Il est ensuite devenu pigiste pour Têtu, Yagg, Slate [2014–2017] ou Trax [mais aus­si Kom­bi­ni en 2016, Street­press et l’Imprévu en 2015/16, Metro (2014–16)], avec tou­jours comme ligne direc­trice le traite­ment des sujets LGBT. Il représente une nou­velle généra­tion de jour­nal­istes pour qui il n’est pas incom­pat­i­ble d’être à la fois jour­nal­iste et mil­i­tant LGBT. Il est mem­bre de l’association des jour­nal­istes LGBT (AJL) ».

Dans la « jeune garde » Yan­nick Barbe, ex-ani­ma­teur de Fréquence Gaie Radio (1992–94), chroniqueur sur Paris Pre­mière (1994–98), ani­ma­teur sur Radio Nova (1998–2001), rédac-chef adjoint de Têtu (2001–2006), puis rédac-chef (2006–2007), cofon­da­teur de Yagg (2008–2013), à nou­veau directeur de la rédac­tion de Têtu (2013–15) et depuis passé dans l’événementiel, bref, un pili­er de la presse com­mu­nau­taire LGBT, cite aus­si « Maxime Donzel, qui tra­vaille chez Arte, Marie KIrschen » (page 24).

Le pre­mier est aus­si réal­isa­teur mil­i­tant passé par Radio Lib­er­taire et Yagg, la sec­onde a tra­vail­lé à Têtu (2006–2010) en par­al­lèle de ses études au CFJ, est briève­ment passée à l’Express avant de revenir à Têtu pour s’occuper de la ver­sion fémi­nine (2010–2013), a passé à Libéra­tion (2013) avant de lancer le mook les­bi­en bénév­ole Well well well et tra­vaille depuis 2015 pour Buz­zfeed.

Tout ce (petit) monde représente un triple entre-soi : le jour­nal­isme de con­nivence, le poli­tique­ment cor­rect et l’orientation sex­uelle priv­ilégiée aux dépens du vrai journalisme.

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