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Le Média : le psychodrame continue, La France Insoumise rase les murs

3 septembre 2018

Temps de lecture : 6 minutes
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Le Média : le psychodrame continue, La France Insoumise rase les murs

Temps de lecture : 6 minutes

Chaque jour apporte son nouveau lot de révélations quant à la télé Insoumise le Média, dont les déchirements internes commencent à ressembler à une mauvaise télénovela, vénézuélienne évidemment. Après de nouveaux règlements de comptes sur la marque – déposée par Sophia Chikirou – d’autres révélations sur les petits arrangements des dirigeants pour se gaver aux frais des socios, Aude Lancelin s’explique sur les ondes complaisantes de France Inter. Pendant que la France Insoumise se fait discrète.

Vu de l’Université d’été de La France Insoumise (LFI), la crise au Média, ça n’existe pas. Une poli­tique de l’autruche qui cadre mal avec les rodomon­tades des ténors du mou­ve­ment, Mélen­chon en tête, il y a un an à peine au lance­ment de la TV Insoumise qui se défendait de l’être. Après avoir quit­té le Média pour super­vis­er le volet européen de la cam­pagne des Insoumis aux Européennes, Sophia Chikirou garde la con­fi­ance des dirigeants Insoumis.

« Ce qu’il se passe au Média ce n’est pas notre prob­lème », élude Manuel Bom­pard inter­rogé par Le Monde. Même si d’autres mem­bres de la cam­pagne des Insoumis con­tes­tent le rôle futur de Sophia Chikirou et pointent ses liens très proches avec Mélen­chon, qui con­tin­ue de la protéger.

Le Média : une marque déposée par Sophia Chikirou

Par ailleurs en octo­bre 2017, Sophia Chikirou a déposé à l’IN­PI au nom de sa société Medi­as­cop la mar­que le Média. L’association du Média essaie de récupér­er la mar­que, sans suc­cès pour l’heure. « J’ai remis en mains pro­pres à Madame Chikirou un pro­jet de con­trat de ces­sion de la mar­que Le Media entre Medi­as­cop et l’association Le Media le 12 juil­let [2018] et le lui ai envoyé par cour­ri­er élec­tron­ique le 26 juil­let. À ce jour, je n’ai reçu aucune réponse de sa part », explique ain­si Hervé Jacquet, prési­dent de l’association, à Libéra­tion.

Pour Aude Lancelin, nou­velle direc­trice du Média, la mar­que a été « pri­vatisée » par la société Medi­as­cop. Inter­rogée par France Inter, elle affirme le 29 août que « si jamais on ne la récupère pas, ce n’est pas la fin du monde, on chang­era de nom [qui] ne fait pas l’unanimité ». Le Média bien­tôt débap­tisé donc ?

Anti-cap­i­tal­isme, j’écris ton nom… Medi­as­cop est cette société qui a fait 47% de marge nette en 2016 en met­tant la main sur près de 11% du bud­get de la cam­pagne prési­den­tielle de Mélen­chon. Sophia Chikirou était alors direc­trice de la com­mu­ni­ca­tion de la cam­pagne et est l’actionnaire à 100% de la société. D’après la nou­velle direc­tion du Média, Sophia Chikirou via Medi­as­cop a aus­si ten­té de soutir­er 130.000 € au Média (dont 64.000 effec­tive­ment ver­sés) en deux ordres de vire­ment passés dans les dernières heures de sa prési­dence de la TV Insoumise.

Prestations pour Le Média : il n’y a pas que Sophia Chikirou qui en a profité

De son côté Sophia Chikirou a sor­ti pour sa défense un mail du 28 mars dernier adressé à Gérard Miller et au réal­isa­teur Hen­ry Poulain por­tant sur une « con­ven­tion entre Le Média et Sto­ry Cir­cus [la société de Hen­ri Poulain, NDLR] d’une part, Le Média et Medi­as­cop d’autre part » pour encadr­er les presta­tions de con­seil et les loca­tions de matériel. L’un des deux des­ti­nataires explique à l’Obs que le mail n’a pas été suivi d’effet. Sophia Chikirou ren­voie à un ren­dez-vous oral où « il n’y a pas eu d’objections ». Ambiance…

Ce mail mon­tre aus­si qu’il n’y a pas que Sophia Chikirou qui a prof­ité pour sa société des presta­tions fac­turées au Média. Arrêts sur Images (21.8) révèle ain­si que Sto­ry Cir­cus, la société de Hen­ri Poulain, a réal­isé des « logos », « for­mats courts » et autres « émis­sions de lance­ment » pour la bagatelle de 61.902 €. Et Gérard Miller a émis une fac­ture pour sa société, d’un mon­tant très mod­este de 6900 €.

Aude Lancelin s’explique sur France Inter : circulez, il n’y a rien à voir

Aude Lancelin s’est de son côté enfin longue­ment expliquée sur France Inter, dans l’émission de Sonia Dev­illers, qui a résumé la crise au Média par une « immense bagarre en pub­lic » où le pub­lic du Média s’est per­du. Elle a aus­si pré­cisé que Gérard Miller et Sophia Chikirou se sont faits pro­pos­er une inter­view : la sec­onde n’a pas répon­du, le pre­mier a décliné.

Aude Lancelin a annon­cé que la sai­son 2 repren­dra le 17 sep­tem­bre, avec un live la veille « avec plein d’invités pour lancer la deux­ième sai­son », et le retour de Noël Mamère comme chroniqueur – il était par­ti après des diver­gences sur le traite­ment de la Syrie. Le JT est bien sup­primé, mais « nous serons à l’antenne tous les soirs, autour d’un ren­dez-vous d’actualité ». La cri­tique des médias sera faite sous forme d’une « chronique, en ges­ta­tion, je ne peux pas vous dire à quoi ça ressem­blera ».

Au sujet des socios – les con­tribu­teurs du Média qui n’ont en réal­ité aucun pou­voir, fors celui de don­ner de l’argent – qui en ont assez, elle a promis « une nou­velle organ­i­sa­tion plus trans­par­ente, plus démoc­ra­tique », et qual­i­fié leur ras-le-bol par « des inter­ro­ga­tions ». Pour Aude Lancelin, « de l’extérieur ça paraît très tumultueux » mais « tout est en train de ren­tr­er dans l’ordre […] tout le monde est à son poste, l’ambiance est très bonne ».

Au sujet des jeunes de gauche qui ont annon­cé un Nou­veau Média des­tiné à réu­nir toute la gauche, elle bal­aie : « c’est un compte Twit­ter qui a 160 abon­nés, un truc de rigo­los pour surfer sur la crise, on ne sait pas ce que c’est et je ne pense pas que ça soit un sujet pour France Inter ».

Recours à la justice

Inter­rogée sur les fac­tures de Sophia Chikirou, elle élude encore, tout en rajoutant de l’huile sur le feu : « ce dossier-là est entre les mains de notre avo­cat, et je ne suis pas habil­itée à en par­ler. Ce qui m’intéresse : il y a eu une lev­ée de fonds cet hiv­er de 1.7 mil­lions d’euros, et cette somme a été entière­ment dépen­sée entre mi-jan­vi­er et mi-juil­let, en moins de six mois d’exercice. Ce qu’on nous laisse, c’est 100.000 € de dettes ». Pour elle, les nom­breuses péripéties autour du Média ne sont rien, « le vrai prob­lème, ce sont ces fac­tures et cette caisse vide ».

Inter­rogée sur son salaire, elle explique qu’elle n’a « aucune aug­men­ta­tion de salaire » et « reste à [s]on salaire de jour­nal­iste », qu’elle ne dévoile cepen­dant pas. Et de dress­er le par­al­lèle avec Medi­a­part, dont les fon­da­teurs lui avaient expliqué qu’ils « avaient fail­li dépos­er le bilan à plusieurs repris­es » les trois pre­mières années. Ces derniers ont fait l’économie d’une bataille de chif­fon­niers en public…

Et de citer un ami écon­o­miste : « ce que vous vivez, c’est ce que vivent la plu­part des start-ups au bout d’un an : réa­juste­ment entre asso­ciés, recen­trage de l’offre, c’est extrême­ment banal ». Tant pis pour le monde meilleur anti-cap­i­tal­iste, le Média décou­vre le monde de l’entreprise. « Quand il y a de la vie, il y a du con­flit », con­clut Aude Lancelin, et « il y a un con­sen­sus large sur la ligne. Les gens qui s’en vont parta­gent notre com­bat poli­tique ». Fer­mez le ban, sans régler les prob­lèmes, le feuil­leton continue…

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