Une Tunisienne amoureuse de la France
Née en Tunisie le 17 décembre 1977, Sonia Mabrouk est une journaliste connue pour ses émissions d’information et de débat politique sur Public Senat, Europe 1 et CNews.
La journaliste nait en 1977 à Tunis et grandit dans le quartier de la Goulette, à une dizaine de kilomètres au nord-est de la capitale tunisienne. Enfant unique, elle est issue d’une famille de la haute société, proche de Bourguiba. Son grand-père a été ministre du Commerce et son oncle ambassadeur en France entre 1973 et 1986, puis ministre des affaires étrangères entre 1986 et 1987. Son père possédait une société d’informatique dédiée à la numérisation des collections des musées tunisiens.
Elle baigne donc dans la politique et la culture depuis l’enfance.
Repérée par Jean-Pierre Elkabbach alors qu’elle travaille pour l’hebdomadaire Jeune Afrique, elle débute sa carrière télévisuelle sur Public Sénat, chaîne dont le journaliste est alors président. Elle obtient sa nationalité française en mai 2010.
Première Tunisienne à présenter les informations sur une chaîne nationale française, elle se démarque par un style direct, n’hésitant pas relancer ses invités lorsqu’ils évitent ses questions. Au début de sa carrière, elle révélait que son modèle était Christine Amarpour de CNN, une intervieweuse qui n’hésite pas à pousser ses invités, et même les plus prestigieux, dans leurs retranchements. Elle a par ailleurs l’avantage d’être polyglotte en français, arabe, anglais et italien et a confié à Télé2semaines dévorer « les télés du monde entier, arabe, espagnole, italienne ».
Elle est actuellement animatrice politique sur Europe 1, et présentatrice sur CNews. Connue pour son franc-parler, elle est particulièrement appréciée pour la qualité de ses interviews politiques.
Parallèlement à sa carrière de journaliste, elle se lance dans l’écriture, avec un premier ouvrage en 2017, Le monde ne tourne pas rond, ma petite-fille, et un second en 2018, Dans son cœur sommeille la vengeance. Quoiqu’ils varient dans leur forme – le premier se présente sous forme d’une conversation libre et le second est un roman, ils sont tous deux l’occasion d’aborder des questions d’actualité sous un angle littéraire.
Ils traitent largement de la question du terrorisme islamiste. Il s’agit effectivement d’une question qui tient à cœur à la journaliste franco-tunisienne, avec de récentes prises de position contre la journée du voile à Sciences Po ou encore le port du burkini qui lui ont valu d’être taxée d’islamophobe.
Formation
Sonia Mabrouk commence ses études en Tunisie. Après avoir obtenu son bac à 16 ans à l’Institut Jeanne d’Arc de Tunis où, comme elle le confie au Journal du Dimanche, « [l]es bonnes sœurs catholiques nous faisaient apprendre le Coran », elle poursuit ses études à l’école de commerce IHEC de Carthage. Elle poursuit ses études à Paris, où elle arrive à 20 ans. Elle suit à la Sorbonne un DEA et une thèse.
Parcours professionnel
Elle enseigne la gestion et le commerce international durant deux ans à l’IHEC de Carthage, où elle a précédemment fait ses études. Elle se destine en effet au départ à une carrière d’enseignante.
Elle commence sa carrière en tant que journaliste pour Jeune Afrique, où elle entre grâce au journaliste franco-tunisien Béchir Ben Yahmed. Elle couvre pour l’hebdomadaire les sujets politiques et sociétaux dans le monde et en France.
Trois ans plus tard, en 2009, elle obtient son propre journal sur la chaîne Public Sénat grâce au soutien de Jean-Pierre Elkabbach, alors président de la chaîne. Elle assure d’abord l’édition de 22h, puis l’émission de débats « On va plus loin », qu’elle assure jusqu’en 2017. Elle gagne avec cette émission de débat de 90 minutes sur les projets et propositions de loi discutés au Sénat ses lettres de noblesse en tant que journaliste télévisuelle. Elle se fait remarquer pour son style franc et direct, n’hésitant pas à poser à ses invités des questions qui fâchent et à les relancer.
En septembre 2013 c’est à la radio qu’elle fait ses débuts en animant « Le Débat des Grandes Voix » sur Europe 1 le samedi de 13h à 14h. Elle coanime également l’information du dimanche soir avec Patrick Roger.
De janvier à juin 2016 elle anime « Les Grandes Voix vous répondent », le dimanche de 19 à 20h. De septembre 2016 à janvier 2017, elle a également animé « Les Éclaireurs », émission reprise par Nicolas Escoulan lorsque la chaîne choisit de faire plus de place aux Grandes Voix, avec des créneaux de diffusion en semaine de 17 à 18h en plus du samedi midi. À compter de septembre 2019, elle présente l’entretien politique de 8h15 dans la matinale de la station.
Elle rejoint l’équipe de CNews en septembre 2017 avec « Les voix de l’info », et l’information de 17h – 19h. Suite à son changement d’émission sur Europe 1 en 2018, c’est la tranche 22 heures – minuit de CNews qu’elle présente. Figure relativement consensuelle, elle a acquis au cours de sa carrière télévisuelle une réputation de sérieux et de rigueur. À partir de la rentrée, elle est aux manettes de deux programmes sur CNews : le « Midi News » qu’elle anime du lundi au vendredi entre 12 heures et 14 heures et le « Grand Rendez-Vous », le dimanche à 11 heures.
Elle commence également en 2017 une carrière d’auteur avec la publication d’un premier ouvrage, Le monde ne tourne pas rond, ma petite-fille. Elle enchaîne l’année suivante avec un roman, Dans son cœur sommeille la vengeance. Ces deux ouvrages lui valent de passer du statut de journaliste à celui d’invitée, avec des interviews et des plateaux TV nombreux.
En 2017, elle se fait remarquer à l’occasion d’un échange virulent avec Marwan Muhammad, président du Comité contre l’islamophobie en France dans l’émission de Thierry Ardisson « Salut les terriens ! ». Elle lui reproche de se présenter comme parlant au nom de tous les musulmans abusivement : « Moi, ça me fait toujours rire les professionnels qui parlent au nom de tous les musulmans et qui parlent au nom de l’Islam. Pardonnez-moi monsieur mais je tiens à vous le dire, vous êtes une caricature, vous êtes une imposture! […] Vous ne représentez rien. Absolument rien! Qui peut parler au nom des musulmans? Personne, si ce n’est eux-mêmes. Ceux qui travaillent pour leur crèmerie, font leur miel sur l’Islam, ils ne représentent rien » (Audrey Kucinskas, « Sonia Mabrouk n’a pas la même vision de l’islam que Marwan Muhammad et le lui dit », L’Express, publié le 10 avril 2017). Elle lui demande ensuite de prouver que son association n’a aucun lien avec les Frères Musulmans, accusation à laquelle Marwan Muhammad choisit de ne pas répondre.
Deux ans plus tard, le 28 mars 2019, Mabrouk coince sur CNews un autre spécialiste du double discours, Bernard-Henri Lévy.
L’ancien terroriste d’extrême-gauche Cesare Battisti vient de fuir le Brésil, le gouvernement Bolsonaro nouvellement élu ayant décidé de l’extrader, et s’est réfugié en Bolivie. Là-bas, il est arrêté puis livré aux autorités italiennes le 14 janvier, quarante ans après les faits. Sonia Mabrouk demande alors au philosophe s’il soutient toujours le terroriste d’extrême-gauche, que l’intelligentsia parisienne avait complaisamment couvé lors de son séjour en France entre 1990 et 2004. BHL avait écrit une lettre à Lula lorsque celui-ci était président du Brésil pour le prier de ne pas livrer Battisti à la justice. BHL peine à dissimuler sa gêne : « Non, je ne l’ai pas soutenu sans faille, non. […] Je dis que quand un homme, accusé de crimes terribles, se déclare innocent, moi je préfère qu’on évite l’erreur judiciaire. Ça veut dire que je préfère qu’on fasse crédit à cette proclamation d’innocence. » Et Mabrouk d’enfoncer le clou : « Une partie de la gauche française en a fait un héros. Je me souviens comment il était difficile de parler de lui, de ses assassinats. Certains se faisaient vraiment vilipender. Un héros qu’on découvre assassin ».
À la rentrée 2021, elle anime également le rendez-vous politique du dimanche sur Europe1 à la place de Michael Darmon.
Sur le plateau de « Quelle Époque! », elle suggère à Élise Lucet de consacrer un de ses virulents « Cash Investigation » à la gestion financière de France Télévisions en faisant référence à une enquête du JDD.
Parcours militant
À cheval sur la France et la Tunisie, Sonia Mabrouk s’est distinguée par ses prises de position sur la question du terrorisme islamique. Elle pose la question, notamment dans son ouvrage Dans son cœur sommeille la vengeance, des alternatives qu’offre la civilisation européenne actuelle aux personnes tentées par l’idéologie djihadiste. Elle en appelle à une véritable « guerre idéologique » contre cette dernière (François de Labarre, « Sonia Mabrouk, l’échappée belle », publié le 8 juillet 2018 dans Paris Match). Elle souligne dans ce roman l’importance d’une réponse qui soit également spirituelle, à travers la redécouverte par son héroïne de ses racines chrétiennes. Elle se définit elle-même comme de culture musulmane, croyant en Dieu mais non pratiquante. Elle annonce ainsi dans une interview accordée à Pascal Louvrier pour Causeur et publiée le 15 mai 2018, « je suis musulmane mais j’adhère pleinement à la civilisation occidentale ».
Elle condamne vivement le traitement médiatique des attentats terroristes en Europe, et notamment l’habitude de les mettre sur le compte de la folie des auteurs. A ses yeux, c’est une rhétorique qui bloque le débat dans la mesure où elle ne permet pas d’analyser les motivations réelles des individus auteurs d’attentats. Elle insiste au contraire pour parler de « soldats », de manière à permettre la prise de conscience que ces actes s’inscrivent dans le cadre d’une guerre menée contre l’Occident.
Elle prend position face à l’actualité en avril 2016 en dénonçant sur Twitter la journée du voile organisée à Sciences Po Paris. Elle réagit ensuite à la polémique sur le burkini par un autre tweet qui lui vaut d’être taxée d’islamophobe : « Derrière le burkini, il y a surtout l’idéologie wahhabite et sa propagande qui se répandent insidieusement et dangereusement #TousDesRemparts ».
Sonia Mabrouk cherche par ailleurs à faire dialoguer les cultures en renforçant la collaboration culturelle entre les différents pays méditerranéens. Pour ce faire, elle participe avec le milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière à la création en 2010 de l’Association des musées méconnus de la Méditerranée (AMMed), association qui travaille en partenariat avec l’UNESCO. Dans Paris Match, elle précise qu’il s’agissait de « créer un réseau de petits musées qui n’avaient pas la notoriété du Louvre, explique cette dernière. Et après le printemps arabe, il fallait continuer à renforcer les liens entre les rives de la Méditerranée ».
Distinctions
Elle reçoit en 2010 le Trophée 2010 de la Réussite de l’Association France-Euro-Méditerranée (FEM).
Vie privée
Après avoir été en couple avec le chef étoilé Guy Savoy depuis 2013, ils se marient en 2021. Leur séparation est annoncée par Sonia Mabrouk en novembre 2022. L’année suivante, elle est aperçue au bras de Pascal Obispo sur des clichés obtenus par Paris Match.
Publications
En 2017, Sonia Mabrouk publie chez Flammarion son premier ouvrage, Le monde ne tourne pas rond, ma petite-fille. Le livre se présente comme une conversation libre d’une petite-fille avec sa grand-mère, effrayée par la tournure que prend le monde qui l’entoure. La question du terrorisme islamiste est déjà au cœur des questionnements de l’auteur.
En 2018, elle publie un second ouvrage, Dans son cœur sommeille la vengeance, chez Plon. Elle fait cette fois le choix du roman pour mettre en lumière les problématiques contemporaines d’identité française face à la menace islamiste. L’ouvrage, à travers le regard de Lena, journaliste et héroïne du roman, se concentre sur la situation des « lionceaux de Dae’ch », enfants élevés dès leur plus jeune âge pour être des combattants de l’organisation terroriste. C’est la redécouverte de la foi chrétienne, à l’échelle individuelle – celle ici de Lena – et nationale, que l’auteur pose en réponse aux questions difficiles que pose le retour de ces enfants en France.
En 2019 paraît son troisième opus, Douce France, où est (passé) ton bon sens ? Lettre ouverte à un pays déboussolé, où elle enfourche à nouveau ses chevaux de bataille habituels (islam, intégration, immigration, école) dans le format de l’essai. Elle y affiche sans ambages ses convictions, son affinité avec la pensée conservatrice et souverainiste et son hostilité à l’universalisme abstrait qui tient lieu de religion à l’Occident post-chrétien. Le livre est salué par son ami Mathieu Bock-Côté qui vante les mérites de sa réflexion dans Le Journal de Montréal, le plus gros tirage de la Belle Province.
Après Insoumission Française, un coup de boutoir contre les agents du déclin civilisationnel (wokistes, décoloniaux, écologistes et féministes radicales), elle fait paraître en 2023, Reconquérir le sacré qui rencontre un certain écho auprès des milieux conservateurs et catholiques du pays. Elle y décrit, dans ce plaidoyer pour une réhabilitation de la transcendance, son attachement pour la messe en latin. Il n’en faut pas plus pour être invité par les Veilleurs au théâtre Montansier de Versailles aux côtés de Franck Ferrand et recueillir les éloges de Finkielkraut dispensées au micro de Répliques.
Collaborations
Par l’entremise de Philippe Séguin, elle rencontre Marc Ladreit de Lacharrière, énarque, homme d’affaires et mécène, avec qui elle fonde l’Association des musées méconnus de la Méditerranée (AMMed), qui promeut des musées et lieux de culture peu connus. L’objectif est, grâce au soutien de l’UNESCO, de favoriser le dialogue entre les différents pays méditerranéens.
L’association travaille sur des supports variés allant des livres d’arts à la plateforme numérique en passant par les films-documentaires. Ces derniers, co-produits par Arte, mettent en avant les différents musées du pourtour méditerranéen.
Proche du membre de l’Institut Montaigne Hakim El Karoui et de son Club du XXIe siècle, elle a participé avec lui à une conférence sur la politique arabe de la France à l’Institut Français de Tunis en marge d’une visite officielle d’Édouard Philippe en 2018.
Depuis 2022, elle est membre du jury du Prix Aujourd’hui présidé par Vincent Trémolet de Villers.
Ce qu’elle gagne
Non connu.
Sa nébuleuse
Béchir Ben Yahmed : journaliste franco-tunisien, il est président-directeur du groupe Jeune Afrique. Il est le premier à repérer Sonia Mabrouk et à lui offrir un poste au sein de l’hebdomadaire Jeune Afrique suite à une candidature spontanée de la jeune femme alors enseignante.
Jean-Pierre Elkabbach : il repère Sonia Mabrouk en 2000 alors qu’elle travaille pour Jeune Afrique. C’est lui qui la fait entrer sur Public Sénat alors qu’il en est président. Il a également repéré et lancé la carrière de Léa Salamé, à laquelle Sonia Mabrouk est souvent comparée, pour son parcours autant que pour ses origines – la première ayant quant à elle des origines libanaises.
Fabien Namias : directeur général d’Europe 1 entre 2013 et 2016, fait le pari de recruter la journaliste en 2013.
Constance Bencqué : directrice générale du pôle news de Lagardère et présidente d’Europe 1, elle a repris les rênes d’Europe 1 en 2018 et a imposé Sonia Mabrouk au journal de 8 heures pour l’interview politique « au dernier moment, à la place d’un autre ». Elle lui témoignait de la satisfaction un an plus tard, à l’heure des comptes, en admettant « qu’elle ne cesse de progresser ».
Patrick Roger : elle a co-animé avec le magazine du dimanche soir sur Europe 1. L’homme est actuellement directeur général de Sud Radio.
Catherine Nay et Charles Villeneuve : L’éditorialiste de Valeurs Actuelles et Europe 1, Catherine Nay, qu’elle qualifie de « modèle » et Charles Villeneuve, dont la Lettre A affirme qu’« il a veillé à son ascension ».
Muriel Beyer : son éditrice au éditions de l’Observatoire.
Mehdi Houas : ancien ministre tunisien du Tourisme, il préside Talan, société de conseil en innovation présente à l’international.
Elle l’a dit
« Mon ambition, c’est de durer dans ce métier, je ne veux pas être une étoile filante. J’ambitionne de bien faire mon métier, je veux prendre le temps d’installer une image, un ton parfois avec un peu d’impertinence » : dans une interview donnée à Hélène Reitzaum et Enguérand Renault pour Le Figaro, « Mabrouk : « Mon ambition, c’est de durer dans ce métier », publiée le 3 avril 2013.
« À chaque nouvelle provocation mise en scène par les exploiteurs de notre religion, nous serons de plus ne plus nombreux, j’en suis convaincue, à dénoncer cette stratégie pour mieux réaffirmer notre attachement à une religion de paix, qui se vit et s’épanouit dans la sphère privée. » : issu d’une tribune publiée sur Atlantico après avoir été qualifiée d’ « arabe de service » par un coreligionnaire sur les réseaux sociaux.
« La civilisation chrétienne est forte grâce à ses valeurs. Elle survivra si les valeurs chrétiennes sont défendues et portées haut et fort par les chrétiens en France et ailleurs dans le monde » : dans une interview donnée à Charlotte d’Ornellas et Geoffroy Lejeune pour Valeurs Actuelles, « Sonia Mabrouk : « la civilisation survivra si les valeurs chrétiennes sont défendues » » et publiée le 5 mai 2018.
« « Je suis Charlie », ce n’est pas une obligation, c’est une conviction. […] Etre « Charlie », c’est défendre un bien précieux, la liberté d’expression, c’est la liberté de caricaturer, c’est la liberté de transgresser. C’est aussi l’héritage d’un certain esprit français » : le 6 janvier 2018 à l’occasion de l’évènement « Toujours Charlie ! De la mémoire au combat » à Paris, aux Folies Bergères.
« La France n’est pas multiculturelle et ne peut l’être » : dans une interview de Louis Lecomte pour L’Incorrect publiée le 14 mai 2019.
« J’ai pris sur ce sujet le cas d’un pays que je connais bien car il est mon pays d’origine : la Tunisie. Elle a pris sa part au niveau des migrants, notamment libyens après l’intervention militaire franco-britannique. Mais elle a aussi su dire stop quand elle a estimé avoir pris un nombre de migrants suffisant avant de menacer les équilibres identitaires, économique ou politique. J’ai toujours été étonnée qu’on puisse tenir ce genre de discours de l’autre côté de la Méditerranée, en Orient, et plus généralement dans le Sud ; et qu’on ne puisse pas le faire en France ou en Europe. Tout simplement parce que l’on culpabilise tout le temps les Européens. » : interview donnée à Valeurs Actuelles et publiée le 11 septembre 2019.
Sur la colonisation : « C’était un protectorat … Et puis, est-ce que tout est à jeter ? C’est aussi un bel héritage qui permet à des gens comme moi de sublimer la France », Libération, 25 avril 2021.
Sa réaction au portrait incisif de Libération« Il fallait que je dise du mal de la France, que je ne sois pas fière et il fallait que je vienne forcément d’un quartier favorisé, ce qui explique selon Libération, pourquoi je ne tape pas sur la France », L’Heure des Pros, 28 avril 2021.
Elle juge la parole des journalistes « malheureusement trop souvent standardisée », notamment sur des sujets comme l’Islam ou Daesh, Florian Guadalupe, « Sonia Mabrouk regrette la parole « standardisée » des journalistes », Ozap, publié le 22 septembre 2017
On l’a dit à son sujet
Dans une interview donnée à Leaders et publiée le 04 avril 2010, elle rapporte les propos de Jean-Pierre Elkabbach à son égard : « Tu ne dois pas faire une carrière mais construire un destin ».
Jean-Marie Bayle, directeur de la rédaction de Public Sénat sur la qualité de son travail : « J’aime sa manière de mener les entretiens. Sonia a une élégante impertinence. Elle travaille beaucoup, ne cesse de progresser. Outre les interviews, elle est également très à l’aise lors des débats. Avec elle aux commandes, le plateau s’anime ».
Marwane Ben Yahmed, actuel directeur de rédaction de Jeune Afrique dit à son sujet : « elle a choisi la difficulté. Pour quelqu’un qui vient de son milieu, après des études de commerce, le chemin était tout tracé, elle aurait pu profiter de l’aide de sa famille mais elle a préféré se lancer dans le journalisme. Elle a fait le saut dans le monde de la télévision avec une aisance qui m’a étonné. ».
Solange Bied-Charreton, « Sonia Mabrouk, étoile montante du journalisme français », Valeurs Actuelles, article publié le 12 mars 2017 : la journaliste la qualifie d’ « étoile montante du paysage audiovisuel français ».
Pour Acrimed, la journaliste n’est rien de moins qu’une « adversaire politique » : « Que Sonia Mabrouk, tôlière de l’émission « Midi News » sur CNews et intervieweuse politique sur Europe 1, fasse office de chien de garde, qui pourrait s’en étonner encore ? Que des élus de gauche continuent à répondre à ses invitations mérite d’être sérieusement interrogé. Qu’espèrent-ils face à un cadre aussi verrouillé ? Les interviews de Sandrine Rousseau et d’Adrien Quatennens démontrent bien que, quelles que soient leurs réponses et leurs argumentations (qu’ils ne peuvent jamais développer), Sonia Mabrouk excédera systématiquement son rôle et avancera ses idées. Pire : de telles interviews lui facilitent la tâche. Accepter de se plier au « jeu » des fausses questions/réponses, totalement cadenassé et biaisé par Sonia Mabrouk, c’est en définitive la considérer comme une journaliste, et non comme l’adversaire politique qu’elle est ».
Pour Valérie Toranian, directrice de la Revue des Deux Mondes, elle « incarne ce que la France a de plus intelligent à proposer en matière de lutte contre la décadence ».
Dans les colonnes de L’Incorrect, son confrère et ami Mathieu Bock-Côté la décrit en ces termes : « C’est, je crois, la meilleure intervieweuse à œuvrer au cœur de l’espace public français. Les politiques aiment se présenter à son micro alors qu’elle ne leur fait pas de cadeau, et sait les pousser élégamment au cœur de leurs contradictions. Mais elle leur offre la possibilité d’aller au fond des choses. De ne pas se contenter de surfer sur l’actualité du jour, à travers les formules convenues engendrées par une société médiatique qui appauvrit le domaine de la pensée. Elle leur permet de dire le fond de leur pensée, s’ils en ont une »
Pour Franc-Tireur, organe du sémillant Raphaël Enthoven, elle est plaisamment surnommée « Notre-Dame de l’info » : « Une musulmane laïque pour défendre les pathos trahis ? Du pain béni pour Bolloré ».
Pour Causeur, elle a su s’arracher à ses déterminations identitaires et est une personnalité de choix pour mettre la gauche face à ses contradictions : « La question ici n’est pas de savoir si Sonia Mabrouk a raison ou tort, mais de savoir si oui ou non elle a le droit de penser par elle-même sans que ses origines conditionnent sa pensée, sans que certains sujets lui soient interdits, sans qu’on l’empêche de partager le résultat de ses réflexions. Ce droit, qui est tout simplement la liberté de pensée, n’est pas seulement celui de Sonia Mabrouk, c’est aussi le mien, le vôtre, le nôtre. Si elle le perd, nous le perdons aussi. La liberté de pensée meurt lorsqu’on renonce à s’en servir : remercions donc Sonia Mabrouk d’avoir le courage d’en faire usage malgré les attaques que lui réserve si souvent cette bien-pensance qui prétend bien penser lorsqu’elle empêche de penser ».
Crédit photo : capture d’écran vidéo CNews.