Un des premiers à dégainer fût Jeff Bezos, principal actionnaire d’Amazon et première fortune du monde avec le rachat du quotidien libéral Washington Post en 2013. La somme déboursée – 250 millions de dollars – paraît dérisoire pour la fortune de Bezos passée de 100 milliards de dollars fin 2017 à 150 milliards de dollars mi 2018. Bezos pourrait s’acheter 200 équivalents du Washington Post tout en gardant 100 milliards de dollars de côté comme argent de poche.
Le vieux Time presque centenaire
Time aurait pu atteindre son centenaire en 2023, logé dans le groupe Time Warner ou en indépendant. En 2000 le magazine fût intégré au groupe AOL Warner devenu Time Warner trois ans plus tard. Séparé en 2014 de Warner (lui-même racheté par ATT), il rejoint en 2017 le groupe Meredith. Il a fallu moins d’un an à ce dernier pour le revendre. Meredith se concentre sur des secteurs spécialisés cuisine, décoration, jardinage ou cancans (People, Better Homes and Gardens) et avait annoncé son intention de vendre ses autres publications comme Fortune, Money, Sports Illustrated et Time.
La transaction a été réalisée pour un peu moins de 200 millions de dollars par Marc Benioff, le fondateur et président de Salesforce. Benioff et sa femme Lynne ont précisé réaliser cet achat à titre personnel sans lien avec leur entreprise. Ils ont annoncé leur volonté de ne pas se mêler de la partie éditoriale mais leurs liens avec les démocrates ne sont un secret pour personne. Time, qui vendait encore plus de 4 millions d’exemplaires il y a dix ans est tombé nettement en-dessous des 2 millions début 2018.
Les journaux américains, danseuses des milliardaires californiens
Jeff Bezos avait donné l’exemple. Madame Laurene Jobs (veuve de Steve Jobs, le confondateur d’Apple) a suivi en 2017 en rachetant la majorité de The Atlantic, un mensuel (en réalité dix numéros par an) de Boston, vieux de plus de 150 ans. Diffusé principalement par abonnement et par voie digitale, le magazine représente la tendance libérale des élites de la côte est, qui ont les mêmes convictions (et les mêmes intérêts) que ceux des milliardaires de la côte ouest style Bezos, Jobs ou Benioff.