Personnalité discutée mais dotée d’une vraie pensée politique et d’une grande culture historique, Patrick Buisson a décidé de donner sa démission de la chaîne Histoire qu’il dirige depuis 2007. Son contrat courait jusqu’en avril 2019. Il sera remplacé par Christophe Sommet, actuellement à la tête des chaînes thématiques du groupe TF1 (Ushuaïa TV, TV Breizh, Histoire, Stylia).
Histoire d’un succès
« Patrick Buisson a largement contribué au développement et au succès de la chaîne Histoire au cours de ces onze dernières années » a indiqué le groupe TF1 dans un communiqué. Un temps menacé d’être écarté en raison de ses déboires judiciaires – il avait été mis en examen pour recel de favoritisme, abus de biens sociaux et détournements de fonds publics dans le cadre de l’affaire des « sondages de l’Élysée » qu’il commandait pour sa société Publifact et revendait à l’Élysée en 2007–2012 alors qu’il conseillait Nicolas Sarkozy – il a été remis en selle par ses très bons résultats.
En 2014, la chaîne Histoire a réalisé 1,1 millions d’euros de bénéfice pour 5 millions de chiffre d’affaire et 0,2% de l’audience. Elle continuait à croître en attirant au premier semestre 2017 2,6 millions de téléspectateurs par mois (+9% sur un an), ce qui est loin d’être négligeable pour une chaîne thématique, d’autant que son audience a progressé de 16% chez les 25–49 ans.
Un itinéraire à travers tout l’éventail de la droite
Patrick Buisson a obtenu une licence, puis une maîtrise d’histoire à Nanterre. Président de la FNEF (Fédération nationale des étudiants de France), il est rédacteur en chef des Cahiers européens, puis journaliste et correspondant à l’Assemblée nationale de Minute (1981–1987) et très brièvement directeur de la publication. Après 1988, il travaille à Valeurs Actuelles dont il dirige six ans la rédaction. En 1996 il lance la revue Politique opinion en liaison avec les directeurs des divers instituts de sondage.
Sa carrière au sein du groupe TF1
Entré dans le groupe TF1 en 1999, il était sur LCI où il a créé et animé de multiples émissions : Le Club de l’opinion (1997–2000), Politoscopie (1999- 2000) puis 100 % Politique (à partir de 2001), en compagnie de David Pujadas, Un livre, un débat (2003), Questions qui fâchent (2005). Il coanime, jusqu’en 2007, Politiquement Show, et l’émission Questions qui fâchent avec Michel Field. En 2007 il est nommé à la tête de la chaîne Histoire. Les journalistes Ariane Chemin et Vanessa Schneider dans leur biographie “Le mauvais génie”, consacrée à Patrick Buisson affirment que cette nomination était due à l’appui décisif de Nicolas Sarkozy, grand ami de Martin Bouygues, le propriétaire de TF1.
Parallèlement, depuis 1982 il lance sa société de conseil politique Publifact, et conseille à diverses époques Alain Madelin, François Bayrou, Philippe de Villiers – dont il dirige les campagnes des européennes en 1994 et des présidentielles en 1995 – puis Nicolas Sarkozy à partir de 2005 jusqu’à l’éclatement de l’affaire des enregistrements de l’Élysée en 2014. Il œuvre dès le milieu des années 1980 à l’union des droites et déclare à l’époque que « Le Pen, le RPR et le PR, c’est la droite. Souvent, c’est une feuille de papier à cigarettes qui sépare les électeurs des uns ou des autres ».
Journaliste et aussi écrivain
Plus récemment, il s’était fait connaître au grand public, d’abord par un grand livre qui est la somme de sa pensée politique, La Cause du Peuple (Perrin, 2016) ensuite en 2017 par un livre-fresque sur les guerres de Vendée préfacé par Philippe de Villiers (La grande histoire des guerres de Vendée, Perrin, 2017).
Son remplaçant Christophe Sommet est aussi un vieux routier des chaînes thématiques de TF1 mais affiche un tout autre profil : issu du lycée Saint-Jean de Passy, il est diplômé de l’école supérieure de commerce de Paris après avoir fait un MBA Finance au Texas (Austin, 1996) et a travaillé d’abord comme analyste financier (Schroders en 1997, Paribas en 1998), puis comme consultant (Bossard Gemini Consulting de 1998 à 2001). Responsable des études stratégiques chez Bouygues SA de 2001 à 2004, il a été nommé secrétaire général des chaînes documentaires Odyssée, Ushuaïa TV et Histoire dont il devient directeur adjoint en 2009 et directeur délégué de TF1 Thématiques en 2013.
Il a lui aussi obtenu de bons résultats avec ses chaînes thématiques, avec notamment une progression constante de l’audience d’Ushuaïa TV (2,7 millions de téléspectateurs mensuels sur le premier semestre 2017) et TV Breizh, en tête du classement des chaines payantes françaises à égalité avec Paris Première (groupe M6) à 0,6% de parts de marché en juillet 2017 et 5,7 millions de téléspectateurs en moyenne par mois.