Connaissez-vous l’« European data journalism network » (EDJN) ? Peut-être pas. Ce ne serait pas étonnant compte tenu de sa vocation : alimenter les médias en contenu. Nous avions présenté brièvement en juillet 2017 une partie de la politique de l’UE « en faveur du journalisme ». Nous avons voulu en savoir plus.
L’objet de ce réseau est présenté sur son site : « Le Réseau européen de data journalisme est une plateforme indépendante d’actualité basée sur les données sur les affaires européennes. (…). Elle vise à fournir aux médias européens et au-delà des informations et des contenus fiables et rigoureux et une assistance technique, et à fournir au public des outils éditoriaux de qualité pour mieux comprendre l’Europe ».
Les membres
Parmi la vingtaine de membres de ce réseau, on compte 2 titres français, Ouest-France (en difficulté) et Alternatives Économiques. Autant le magazine économique a un tirage confidentiel, autant le quotidien régional a une audience importante. Ouest-France exerce une sorte de magistère moral dans l’ouest de la France, avec une ligne éditoriale pro-institutions européennes et pro-migrants.
La ligne éditoriale de la plateforme
La « plateforme » alimente en contenu plusieurs médias, qui peuvent piocher dans sa base documentaire. Les différentes rubriques sont classées sous forme de sections.
Premier étonnement, les principales préoccupations des français pour les élections européennes – l’immigration, le terrorisme, l’emploi, selon un sondage LCP-Harris Interactive – n’y figurent pas.
On trouve par contre différentes rubriques consensuelles dédiées à l’environnement, la culture et loisirs, la science et l’innovation, l’économie, etc.
Dans la section Justice et sécurité, peu fournie (2 articles), aucun article n’est consacré au terrorisme. Ce qui ne manque pas d’étonner compte tenu du caractère transfrontalier des attentats qu’ont connu de nombreux pays européens (France, Belgique, Allemagne, Grande Bretagne, etc…). On apprend par contre que « l’Europe n’est pas un endroit sûr pour les journalistes ». On ne saura pas si l’Europe est un lieu sûr pour…les Européens.
La section Société est une des plus fournies. Plusieurs articles sont dédiés aux minorités (religieuses, ethniques, sur le marché du travail et le marché de l’emploi). Des minorités qui seraient en butte à des obstacles et discriminations de toutes sortes. Ainsi, selon une étude du Pew Research Center (américain), « les musulmans ont été la principale cible du harcèlement de la part des partis politiques nationalistes ».
Dans un autre article, il est indiqué que malgré « l’influence grandissante des mouvements et des partis politiques racistes » en Europe, « la xénophobie est plutôt en recul dans les villes ».
L’article à ce sujet, qui est un résumé d’une enquête menée par la Commission européenne, ne nous indique pas quels sont les partis politiques « racistes ». Un terme expéditif et diffamant très probablement utilisé pour qualifier des partis politiques opposés à l’immigration massive voulue par la Commission Européenne. Une institution dont un de ses membres assène que « l’immigration est la « nouvelle norme ». « L’Europe va avoir besoin de 6 millions d’immigrés », affirmait Dimitris Avramopoulos, commissaire européen aux migrations en mars 2017 également à la Tribune de Genève.
On ne trouve par contre pas un mot dans la rubrique société sur l’essor du radicalisme islamique dans les différents pays européens, dont la France. Le phénomène n’est peut-être pas assez consensuel et ternirait sans doute les orientations pro-immigration de la plateforme.
La section Migration est une collection de poncifs en faveur de l’ouverture des frontières. L’immigration qui explose en France, comme le démontre une récente enquête de Valeurs actuelles ? Un mirage selon l’EDJN. « La “crise des migrants” est avant tout politique ». L’explication ? « En fait, elle a été engendrée par une mauvaise gestion politique ».
Un autre article, d’Alternatives Économiques cette fois, veut nous convaincre que le mirage d’une immigration « de masse » pour s’installer sur le Vieux Continent « ne résiste pas aux chiffres ». Puisque l’on vous dit qu’il s’agit uniquement d’une perception erronée et de maladresses politiciennes…
Le repli communautaire qui est visible dans la rue ? L’assimilation est freinée car « les immigrés sur les marchés du travail européens sont systématiquement désavantagés, en fonction notamment de leur pays d’origine ». Pas un mot par contre sur le contexte de chômage de masse et la moindre qualification des primo-arrivants par rapport aux nationaux.
On aura compris qu’entre les orientations altermondialistes d’Alternatives économiques et de centre gauche tendance Delors de Ouest France, il y a suffisamment de convergences (en faveur de l’immigration, des institutions européennes) pour mettre en commun du contenu. Article après article se dessine une vision assez binaire avec d’un côté des partis politiques « racistes » et « nationalistes » en progression, des patrons qui ne recrutent pas massivement les nouveaux venus aux postes les plus qualifiés et des migrants qu’il faut accueillir en masse et qui ne demandent qu’à s’insérer. Une vision en phase avec celle de la Commission européenne.
Une institution qui subventionne à hauteur de 975 000 euros l’EDJN, peut-on lire sur son site. Un soutien parmi d’autres aux médias conformes aux orientations politiques des bureaucrates européens, comme nous le soulignions déjà l’année dernière.