Vous ne connaissez sans doute pas le GESTE, le Groupement des Éditeurs de Contenus et Services en ligne, qui fédère les principaux éditeurs professionnels en ligne : médias, plateformes de musique, petites annonces, services mobiles etc… Présidé par Bertrand Gié, directeur du pôle News du Figaro, il prépare un début de riposte française à la domination des grands acteurs américains sur la récupération des données que vous donnez gratuitement à Google et Facebook.
Au commencement était OpenID Connect
OpenID connect, c’est le protocole créé par la Fondation OpenID qui vous permet de vous identifier ou connecter facilement sur différents services en ligne avec un identifiant unique. Cette fonctionnalité est utilisée par tous les grands d’acteurs du Net, dont bien évidemment les GAFNAM (le N est celui de Netflix). Par exemple, vous pouvez vous créer un compte sur la plateforme de distribution audio allemande SoundCloud en utilisant votre compte utilisateur Facebook (Facebook Login) ou bien Google, qui utilisent le protocole OpenID. Ce simple geste permet aux deux opérateurs de parfaire davantage le profilage des utilisateurs, les fameuses mines d’or des données massives. Ces données permettent de cibler la publicité et de générer des millions de profits, en l’espèce des milliards de dollars pour les deux sociétés californiennes.
L’exemple allemand avec NetID
Les Français sont réputés individualistes et les Allemands jouent collectif. L’adage se vérifie sur le sujet, car nos voisins ont déjà deux longueurs d’avance pour contrer les GAFNAM. NetID regroupe des médias (RTL, Spiegel), des éditeurs (Gruner+Jahr), des commerçants (Zalando, C&A), des éditeurs de service (les emails se terminant en GMX). Leur ambition est de proposer un identifiant unique à l’internaute lui permettant de se connecter à tous les sites concernés sans mot de passe. Les données sont récupérées par NetID qui va les utiliser à son profit en éliminant Google ou Facebook.
Comme rien n’est simple, un service concurrent existe déjà, Verimi. Verimi regroupe le grand éditeur Axel Springer (Bild, Die Welt) et de très grandes entreprises (Volkswagen, Lufthansa, Daimler Mercedes, Allianz, Deutsche Telekom, etc) avec le même objectif. Nul ne sait si Verimi et NetID sont amenés un jour à fusionner.
Les Français se réveillent avec le GESTE
Une étude pilote a été demandée au GESTE qui fédère 120 adhérents du secteur d’activité. Avec la même méthodologie. Un seul identifiant généré une fois pour toutes qui permettra de se connecter facilement aux sites qui participeraient à l’aventure (et qui se partageront sans doute les données). Le Figaro est en pointe (le directeur du GESTE est de la maison) ainsi qu’Altice et TF1. Mais Google est adhérent de l’association et pourrait essayer de faire capoter l’opération. Les Suisses réfléchissent à la même idée. À suivre et de près en 2019 tant les enjeux économiques apparaissent gigantesques.