Première diffusion le 23/11/2018 - Mise à jour le 14/09/2019
Ce 13 septembre, l’hebdomadaire Valeurs actuelles était censuré sur Facebook pour la publication d’un article sur les identitaires (voir l’encadré ci-dessous). Il s’agit d’une parfaite illustration de la connivence désormais à l’œuvre entre le pouvoir macronien et le réseau social et dont nous évoquions les prémices en novembre 2018.
La politique réglementaire de Facebook vient de faire une nouvelle victime : Valeurs actuelles. Ce vendredi, le réseau social a censuré sur notre page l’article titré « Alex Hugo contre les “identitaires” : quand la télévision publique fait sa propagande pour les migrants » et partagé plus tôt dans la matinée. Motif de la suppression ? « Votre publication ne respecte pas nos Standards de la communauté sur les individus et organismes dangereux. » (Valeurs actuelles, 13/09/2019)
La France veut franchir un nouveau palier dans sa lutte contre les « discours de haine » sur les réseaux sociaux. Un journaliste de l’Observatoire était présent au Forum sur la gouvernance de l’internet (tenu à l’Unesco à Paris) le lundi 12 novembre 2018, jour où l’union sacrée Facebook/État français pour la restriction des libertés fondamentales a été annoncée par Emmanuel Macron. Ouverture des scellés.
Groupe de travail expérimental pour la chasse aux contenus
Le président a parlé de « méthode coopérative », unissant les capacités technologiques de Facebook et les capacités répressives (en forte progression) de l’Etat français. Un groupe d’une dizaine de personnes sera constitué à parité entre les deux entités, la privée et la publique. Du côté réseau, des cadres dirigeants. Du côté public, que du beau monde : le CSA (responsable des contenus), l’Arcep (responsable des télécoms et de la régulation technique, les contenants), la Disic (direction interministérielle des systèmes d’information et de communication) et le secrétariat d’Etat au numérique qui coordonne.
Un périmètre incertain mais qui pourra augmenter
Cette « expérience pilote pour six mois » permettra en théorie aux agents de l’État d’avoir accès aux méthodes de Facebook. Et qui sait à une partie juteuse de ses précieuses bases de données auxquelles déjà la CIA et la NSA peuvent accéder sur simple demande d’un juge américain. Oubliez la confidentialité de vos données, elle n’existait que peu de toutes façons, le réseau social se faisant piller régulièrement, elle sera réduite à bien peu lorsque la Dilcrah, la délégation interministérielle contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti LGBT (vous pouvez compléter la liste) mettra son grand nez dans vos comptes sur le réseau social.
Contre la haine
Comme disait ma grand-mère, l’enfer est pavé de bonnes intentions. La genèse de ce joli projet remonte au mois de mais 2018 au sommet Tech for Good tenu à Paris. La Technologie (majuscule) pour le Bien (autre majuscule). Les puissances du Bien oeuvrent contre les puissances du Mal de la haine (nous avons hésité pour la majuscule à haine, finalement non). Comme elles sont le Bien, le Beau, le Vrai, le Riche (aussi) elles peuvent dire de manière précise ce qu’est un discours de haine : tout discours s’opposant à leurs intérêts matériels et moraux.
De manière quasi naïve et charmante un article du Monde (mercredi 14 novembre 2018) note :
« Plus largement, Emmanuel Macron cherche à montrer qu’il n’est pas inactif face aux géants du numérique, dans la perspective des élections européennes de mai 2019 » (sic).
Faute avouée n’est pas toujours pardonnée, le projet commun est bien un projet politique pour encadrer ceux qui pensent mal, écrivent mal, lisent mal, regardent mal, écoutent mal et surtout votent mal. La loi anti fake news/infox votée au Parlement français va en ce sens. Comme également le rapport de la député d’origine africaine En Marche Laetitia Avia qui préconise la création d’un régulateur spécifique avec des pouvoirs rapides et coercitifs (sans doute donnés au CSA) contre le racisme et la haine. Vous êtes prévenus.