Les auditeurs assidus de France Culture l’ont remarqué : le Ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini n’a pas bonne presse auprès de la chaîne publique. Si celle-ci s’interrogeait en juin dernier sur la responsabilité du Ministre de l’intérieur dans le « climat d’intolérance propice au passage à l’acte » qui existerait en Italie, le temps n’est plus aux interrogations mais aux accusations. Des accusations qui s’inscrivent dans un état d’esprit bien ancré à France Culture.
Quand l’opinion prend le pas sur l’information
Il y a deux ans, en septembre 2016, un contributeur de l’OJIM envoyait au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) et au médiateur de Radio France une analyse de 23 pages argumentant la présentation biaisée de la « crise des migrants » par la chaîne publique. L’analyse d’un échantillon d’émissions pendant plusieurs mois aboutissait au constat que dans le choix des sujets, des invités et des commentaires, la question sur les ondes publiques n’était pas : faut-il accueillir des migrants ? Ou bien, comment freiner l’afflux de migrants ? Une seule question revenait en boucle à ce sujet : comment accueillir plus de migrants et mieux ?
Tant le CSA que le médiateur de Radio France n’ont pas cru bon de répondre à l’auditeur. La saisine n’était peut-être pas assez argumentée… Peu de temps après, le Collectif des usagers des médias et du service public interpellait les candidats à l’élection présidentielle de 2017 sur le manque de pluralisme des opinions présentées sur le service public de radio-télévision. Un récent journal de France Culture nous montre, s’il en fallait, que ces démarches n’ont pas porté leurs fruits.
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Morceaux choisis, racisme et perfidie
Le journal de 12h30 du 29 novembre 2018 commence fort : Thomas Cluzel introduit le sujet sur la loi sur l’immigration récemment votée au Parlement italien en ces termes : « c’est probablement la loi la plus raciste de ces 15 dernières années en Italie ». Alors que sur le site de la radio publique, cette appréciation est attribuée à « la presse de gauche de la péninsule », le journaliste ne prend pas la peine de se cacher derrière des accusations de tiers. Il reprend à son compte ces jugements de valeur. Et se range de fait dans le camp de « la presse de gauche » italienne. Il est vrai que Thomas Cluzel assurait précédemment une « revue de presse internationale » d’un parti pris et d’un entre soi absolus, ce qui explique sans doute sa promotion au Journal de la mi-journée sur France Culture.
Celui qui ne cache pas son « immense satisfaction » après le vote de la loi portant son nom est « le Ministre de l’Intérieur d’extrême droite Matteo Salvini ». Pour quelle raison le journaliste qualifie-t-il Matteo Salvini de Ministre d’extrême droite ? Nous ne le saurons pas. Pour paraphraser Paul-François Paoli, en faisant de la sorte, Thomas Cluzel semble sous l’emprise mimétique d’une partie de sa corporation et ne fait qu’attester un conformisme paresseux.
Poursuivons : « Le Décret-Loi porte toute la perfidie de sa stratégie qui a réussi à faire passer une loi pour ce qu’elle n’est pas, au service de la sécurité. En réalité, cette texte est essentiellement dirigé contre les migrants ». Pour mieux appuyer sa dénonciation de la politique restrictive de l’Italie en matière d’immigration clandestine, un pays qui a vu arriver près de 700 000 clandestins depuis 2013, le journaliste égrène les récents décès en mer méditerranée. CQFD.
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L’invité de l’émission, Jordan Bardella (RN), rappelle au journaliste qu’il travaille sur une radio publique (18e mn) : « Je vous ai entendu parler de racisme et de perfidie, ce qui me choque. Nous sommes sur le service public et je crois que les journalistes du service public ont un certain devoir de neutralité. Et si vous voulez entendre le service public parler de la sorte d’un Ministre de l’intérieur italien qui est trois fois plus populaire que le Président de la République, ça me surprend et je pense que ça fera plaisir aux français qui financent Radio France ».
À entendre la correspondante à Rome de France Culture présenter les mesures du Décret–Loi sur l’immigration et la sécurité, on cherche vainement toute trace de « racisme ». Sauf à considérer que la maitrise des frontières et le respect du principe de nationalité sont illégitimes. Au diable ces arguments, l’important sur France Culture n’est-t-il pas de montrer parfois sans réserve — et sans respecter le devoir de réserve — que l’on appartient au camp du bien et des « progressistes ».