Le pacte sur des migrations « sûres, ordonnées et régulières » fait couler beaucoup d’encre. Opposant les réalistes qui y voient un socle juridique (les engagements des États signataires) et moral (les migrations inéluctables) et les diversitaires qui y voient un simple code symbolique non contraignant. L’Union européenne, par la voix de son Commissaire aux migrations Dimitris Avramopoulos (photo), vient de confirmer, dans une tonitruante tribune (Question d’Europe, n° 497, 17 décembre 2018) de la Fondation Robert Schumann, toutes les analyses des premiers. Revue de détail. Les mots soulignés sont de la rédaction.
Dimitris Avramopoulos, un personnage connu
Dimitris Avramopoulos est Commissaire européen chargé des migrations, des affaires intérieures et de la citoyenneté depuis septembre 2014, après une brillante carrière politique au sein du parti conservateur grec Nouvelle Démocratie. C’est ce sémillant (plus très) jeune homme que nous citions en mars 2018 dans un premier article pour sa déclaration de mars 2017 où il annonçait l’arrivée organisée, suscitée, encouragée de 6 millions d’immigrés en Europe :
« Dimitri Avramopoulos, commissaire européen aux Migrations et aux Affaires Intérieures, affirmait de son côté à la Tribune de Genève en mars 2017 : « L’Europe va avoir besoin de 6 millions d’immigrés. Nous allons ouvrir des bureaux (pour les permis de séjour) dans tous les pays de la rive sud de la Méditerranée et en Afrique de l’Ouest »
Quelques mois plus tard (décembre 2017), il ajoutait : « Nous ne pouvons pas et ne pourrons jamais arrêter l’immigration. Nous devons tous être prêts à accepter l’immigration, la mobilité et la diversité comme nouvelle norme et à adapter nos politiques en conséquence. C’est un impératif moral, mais aussi économique et social pour notre continent vieillissant » (Figaro Magazine, 22 décembre 2017, page 7). .
Le pacte vu par le responsable des migrations de l’U.E.
Sous le titre « Il est temps de construire une politique européenne d’immigration et d’asile pour l’avenir », le Commissaire précise que la migration doit être « perçue comme un avantage pour notre économie et notre société. Nous devons reconnaître la migration et la mobilité humaine comme faisant partie de notre histoire et comme une réalité de notre avenir. »
Un peu plus loin il fait directement référence au Pacte, nous citons « Nous savons tous que notre époque sera qualifiée par les historiens d’ère de la mobilité humaine. C’est la raison pour laquelle nous devons nous efforcer de gérer la question migratoire à l’échelle mondiale, en réduisant les migrations irrégulières mais aussi en permettant une migration sûre et ordonnée qui sera l’intérêt de tous. L’adoption récente du Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et légale a marqué une étape importante à cet égard pour la coopération … Nous avons lancé un appel aux Etats membres pour qu’ils améliorent les voies légales de migration vers l’Europe ». ..Un peu avant il avait rappelé aux Etats « l’engagement politique de coopérer au niveau international ». On ne saurait être plus clair.
Budget triplé, contrôles levés et censures renforcées
Citons toujours : « Nous avons proposé de tripler le budget de l’Union Européenne relatif à ces dossiers cruciaux pour atteindre près de 35 milliards d’euros au cours des sept prochaines années ». Il est vrai que 5 milliards par ans ne seront pas de trop pour organiser la migration de 6 millions (dans un premier temps ?) d’extra-européens prévue par l’honorable Commissaire en décembre 2017. Il ajoute d’ailleurs naïvement : « Nous pensons que le moment est venu de prendre des mesures pour lever les contrôles aux frontières intérieures réintroduits de manière temporaire et rétablir pleinement Schengen ». Après l’attentat de Strasbourg, les français apprécieront particulièrement.
Mais il faut aussi faire taire les opposants, l’U.E. finance déjà un réseau européen de journalistes pour encourager des réflexes positifs sur l’immigration de masse. Le Commissaire agite les ciseaux bien connus d’Anastasie en menaçant : dans ce contexte « nous devons ériger un mur contre les forces populistes et nationalistes ». Ce mur est prévu dans l’article 17 du Pacte qui prévoit de poursuivre les médias qui s’opposeraient à sa mise en vigueur. Mieux, c’est aussi un mur d’argent car l’article 17 recommande gentiment de leur couper toute subvention publique.
Dimitris laisse pointer une sourde inquiétude et un petit bout d’oreille sur les délais de mise en œuvre des mesures qu’il recommande pour accompagner le Pacte. Il ne reste que quelques mois avant les élections européennes de 2019, avec un risque élevé de progression des partis populistes, il faut donc faire vite. « Nous avons une petite fenêtre d’opportunité devant nous, et nous ne pouvons pas la laisser se fermer. Il n’y a pas de temps à perdre ». Autrement dit et en termes directement politiques : saisissons l’occasion de la signature du Pacte par une majorité d’États de l’U.E. pour faire voter en catimini et illico presto toutes les mesures nécessaires pour accélérer les migrations extra européennes « sûres et régulières ». Charmant Dimitris…
L’article complet de la Fondation Robert Schumann se trouve ici (PDF).
Crédit photo : European Defense Agency via Flickr (cc)