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Elizabeth Martichoux sur RTL ne voit pas pourquoi les journalistes officiels sont critiqués et demande un contrôle de l’information

25 janvier 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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Elizabeth Martichoux sur RTL ne voit pas pourquoi les journalistes officiels sont critiqués et demande un contrôle de l’information

Temps de lecture : 4 minutes

Pour ceux qui n’en étaient pas certains, le doute n’est plus permis : la matinale de RTL a des difficultés à accepter la critique, et tout autant à s’autocritiquer. L’émission d’Elizabeth Martichoux, « L’invité de RTL », en est un exemple criant, quasi caricatural.

L’OJIM n’a pas eu de peine à le remar­quer : RTL n’aime guère les gilets jaunes. Ce qui se traduit, le lun­di 21 jan­vi­er 2018, dans la foulée de « l’acte X des gilets jaunes », par l’invitation offerte au min­istre de la cul­ture et de la com­mu­ni­ca­tion Franck Riester, par Eliz­a­beth Mar­ti­choux à 7 h 45, dans son émis­sion auto proclamée « incon­tourn­able ».

On attaque fort d’emblée

La toute pre­mière ques­tion de Mar­ti­choux : « est-ce que les jour­nal­istes qui sont agressés en marge des man­i­fes­ta­tions des gilets jaunes sont respon­s­ables de ce qu’ils subis­sent ». La réponse est atten­due, non bien sûr, cela attaque la lib­erté de la presse etc. Le min­istre évoque les « lyn­chages » de jour­nal­istes, en par­ti­c­uli­er ceux de LCI à Rouen, ne par­le évidem­ment pas du reporter indépen­dant Léopold Jim­my, de l’agence LDC News, agressé à coups de bar­res de fer le 19 jan­vi­er à Paris par des antifas. Face à cela, le min­istre annonce qu’il va ren­con­tr­er les respon­s­ables de LCI et qu’il compte bien ren­con­tr­er d’autres médias, ain­si que Reporters sans fron­tières. Une fois le bavardage d’usage sur la lib­erté, la république etc évac­ué, Riester con­duit l’auditeur là où, avec Mar­ti­choux, il souhaite l’emmener. C’est plus directe­ment politique.

L’objectif est plus bas de plafond

La dia­tribe qui suit sent bon son texte pré­paré et appris. C’est un mantra : « Quand un cer­tain nom­bre de respon­s­ables poli­tiques font sif­fler les jour­nal­istes dans leurs meet­ings, quand un cer­tain nom­bre de respon­s­ables poli­tiques, un en par­ti­c­uli­er qui dit qu’il faut pour­rir les jour­nal­istes, qu’il les traite d’abrutis, il ne faut pas s’étonner que des indi­vidus le pren­nent au mot. C’est insup­port­able ». Qui ? « Jean-Luc Mélen­chon. « D’autres, au Rassem­ble­ment Nation­al, d’autres chez Debout la République, d’autres par­fois chez Les Répub­li­cains ont des pro­pos vis-à-vis des jour­nal­istes qui sont inad­mis­si­bles ». Notons que des hum et oui et hum réguliers de Mar­ti­choux vien­nent mon­tr­er son plein assen­ti­ment. Riester sem­ble cepen­dant un peu à la peine con­cer­nant le paysage poli­tique français, voy­ant un Debout la République où il n’existe plus qu’un Debout la France. Il est vrai que le change­ment de nom est tout récent, datant seule­ment de 2014, à peine cinq ans. Mar­ti­choux en veut plus : « Il y a dans les allées du pou­voir, des per­son­nes bien placées qui ne se gênent pas pour accuser les chaînes d’info, on va la citer hein, BFM, de met­tre de l’huile sur le feu, de priv­ilégi­er l’audience à l’éditorial ». Diantre ! Il y a donc des per­son­nal­ités poli­tiques de divers bor­ds qui osent cri­ti­quer les médias, ce qui en démoc­ra­tie vis­i­ble­ment ne se fait pas. Riester explique que les jour­nal­istes doivent accepter la cri­tique. Il y a donc une cri­tique légitime et une cri­tique illégitime. Cela dépend d’où tu par­les camarade !

C’est l’heure du programme !

Riester le dit : il faut ren­dre sa légitim­ité à la presse, c’est-à-dire que la pop­u­la­tion se remette à croire en ses bobards (par­fois d’or). Cela passe par quoi ? Par une action col­lec­tive, une réflex­ion sur le traite­ment équitable de l’information, une « mobil­i­sa­tion de tous, avec des moyens lourds con­tre la dés­in­for­ma­tion ». C’est l’occasion de faire un peu de pub­lic­ité pour l’AFP et AFP factuel, ain­si que pour la loi de lutte con­tre les fake news.

Et puis, il faut que le CSA puisse punir plus. D’ailleurs, Mar­ti­choux enfonce le clou, deman­dant s’il ne faudrait pas que le CSA puisse « con­trôler », avoir « un droit de regard sur la pro­duc­tion de l’information ». Une jour­nal­iste qui demande un con­trôle de l’État sur l’information pro­duite par la presse, c’est une con­cep­tion orig­i­nale de la lib­erté de cette même presse. Riester répond que c’est aux médias de s’autoréguler, avec le sou­tien d’un CSA ayant plus de pou­voir. « Vous êtes favor­able à un Con­seil de la déon­tolo­gie ? », « oui, j’allais y venir », « hum, oui, bien ». On est en prox­im­ité sur ce plateau. Il faudrait un « dis­posi­tif de recours » interne aux jour­nal­istes. Mais alors… quels jour­nal­istes ? Quels sont ceux qui seront légitimes ? On se le demande. Riester veut « retiss­er le lien de con­fi­ance entre les Français et les médias ».

Sur le plateau, on ne paraît pas se ren­dre compte de l’incongruité qu’il y a à par­ler de défense des médias offi­ciels, ceux qui sont légitimés par la caste libérale lib­er­taire, quand ces mêmes médias sont juste­ment accusés de pra­ti­quer la col­lu­sion. Ce que respire entière­ment cet entretien.

Pho­to : Eliz­a­beth Mar­ti­choux. Cap­ture d’écran vidéo RTL via YouTube

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