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France Télévisions : Delphine Ernotte ouvre la chasse aux mâles blancs et veut supprimer 1000 postes

6 février 2019

Temps de lecture : 5 minutes
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France Télévisions : Delphine Ernotte ouvre la chasse aux mâles blancs et veut supprimer 1000 postes

Temps de lecture : 5 minutes

France Télévisions a annoncé un grand projet de rupture conventionnelle collective – le groupe espère ainsi rayer de la carte 10% de ses effectifs avec 1000 suppressions de postes sur la base du volontariat d’ici 2022 – 2000 départs et 1000 embauches. Il s’agit de participer aussi à l’effort d’économie (400 millions d’euros) demandé par l’État. Une occasion pour Delphine Ernotte d’ouvrir la chasse au « mâle blanc de plus de 50 ans » comme elle le déclarait à Europe 1 en septembre 2015.

Chèques de départ

Le groupe avait déjà réduit ses effec­tifs de 700 postes depuis 2012 et annon­cé précédem­ment la sup­pres­sion de 180 postes. Qua­tre syn­di­cats (CGT, CFDT, FO et SNJ) se sont opposés à l’accord en l’état, le SNJ le qual­i­fi­ant même de « dou­ble chan­tage ». Le syn­di­cat dénonce notam­ment un plan au rabais par rap­port au plan de départs volon­taires de 2014 (400 postes) et des promess­es non tenues.

Ain­si la direc­tion fait miroi­ter jusqu’à 160.000 € de chèque : « dans la lim­ite de 17 mois de salaire pour 42 ans d’ancienneté d’entreprise. Un pla­fond acces­si­ble à quelques cadres dirigeants, pla­fond inci­tatif moins juteux que les 240 000 € de la vague précé­dente » (détail des indem­nités) Par ailleurs le SNJ dénonce la volon­té de la rédac­tion d’imposer la poly­va­lence aux jour­nal­istes, qui seraient aus­si reporters d’images (JRI) et monteurs.

« En agi­tant l’appât de la prime au départ pour les plus anciens et l’appât d’un CDI poten­tiel pour les pré­caires réguliers, la direc­tion exerce un dou­ble chan­tage sur tous les autres salariés. », dénonce le syn­di­cat, qui affirme aus­si que l’accord col­lec­tif du 28 mai 2013 sur les RTT et l’ancienneté sera remis en cause par la suite.

FO défavorable

FO de son côté con­sid­ère que « les salariés en capac­ité de par­tir à la retraite sont favorisés et ciblés dans ce plan de recom­po­si­tion des effec­tifs, leurs indem­nités sont dou­blées par rap­port à un départ à la retraite con­ven­tion­nelle…. Ces indem­nités sont très net­te­ment inférieures à ce qui est pro­posé dans notre con­ven­tion col­lec­tive ».

Par ailleurs, le syn­di­cat con­sid­ère aus­si que « le pro­jet pro­posé actuelle­ment [de rup­ture con­ven­tion­nelle col­lec­tive] risque fort de se faire reto­quer par le Direc­tion du Tra­vail … Et craint les « con­séquences de cette RCC notam­ment sur les ter­ri­toires. Nous craignons un déséquili­bre des bassins d’emplois. Des ser­vices pour­raient être entière­ment décimés ».

Inversion de la pyramide des âges ?

Pour ce qui est de la divi­sion entre généra­tions, la direc­tion de France Télévi­sions a en effet imprudem­ment avancé la thèse de « l’inversion de la pyra­mide des âges » puisque à France Télévi­sions, les moins de 30 ans… représen­teraient 3% des effec­tifs seule­ment. L’on savait déjà que la prési­dente de France Télévi­sions Del­phine Ernotte était fâchée (voir supra) avec les « mâles blancs de plus de cinquante ans » qui cumu­lent les divers défauts d’être sou­vent bien instal­lés dans l’entreprise, sol­idaires, syn­diqués – ou alors très grasse­ment payés, voire tout cela en même temps, et peu enclins à exé­cuter les qua­tre volon­tés de la cheffe. Et blancs par dessus le marché.

La CGT de son côté a dénon­cé avec vigueur « une red­outable ingénierie anti sociale : 1000 sup­pres­sions de postes à rai­son d’1 rem­place­ment pour 2 départs d’i­ci 2022, ce sont 2000 départs pro­gram­més de seniors, près du quart des effec­tifs per­ma­nents de l’entreprise ! Del­phine Ernotte, qui a per­du la bataille du finance­ment de FTV, pense-t-elle réelle­ment faire pay­er la fac­ture aux salariés ?… A moins qu’il ne s’agisse d’accélérer la réduc­tion du périmètre de l’entreprise ? ». Le syn­di­cat a annon­cé le 15 jan­vi­er qu’il quit­tait la négo­ci­a­tion sur ce plan de départs et a demandé son retrait comme préal­able pour revenir aux négociations.

Et selon cer­tains, les départs volon­taires ne le seraient pas tant que ça. La CGC-Médias affirme ain­si qu’au « ser­vice des Sports, cir­cule une liste noire d’une demi-douzaine de noms, tous des seniors confirmés…pas des volon­taires bien enten­du mais des col­lab­o­ra­teurs sur lesquels la pres­sion va aller gran­dis­sante pour qu’ils se tirent ».

Bâton et carotte

Là où il y a le bâton, il y a aus­si la carotte : tou­jours selon la CGC-Médias, les salariés qui voulaient par­tir, mais étaient refroidis par la petitesse du chèque pro­posé « ont eu droit à une nou­velle offre proche de deux fois la précé­dente… une négo à la tête du client en quelque sorte ». Il se trou­ve que le temps presse : la direc­tion a fixé le délai de fin de négo­ci­a­tion au… 15 mars 2019.

La direc­tion a aus­si lancé un recense­ment des CDD réguliers (CDD de droit com­mun, pigistes, inter­mit­tents du spec­ta­cle), afin de les pri­oris­er sur les postes créés. Il s’agit des « des inter­mit­tents, cachetiers, pigistes ayant effec­tué 120 jours tra­vail­lés sur cha­cune des 3 années 2015 à 2017 ou 500 tra­vail­lés sur la péri­ode 2013/2017 en ayant tra­vail­lé au cours du sec­ond semes­tre 2017 ; les CDD de droit com­mun ayant effec­tué 210 jours payés sur cha­cune des 3 années 2015 à 2017 ou 900 jours payés sur la péri­ode 2013/2017 en ayant tra­vail­lé au cours du sec­ond trimestre 2017 ; tous les col­lab­o­ra­teurs pou­vant attester de plus de 1000 jours payés avec France Télévi­sions au 1er sep­tem­bre 2018 et ayant tra­vail­lé avec France Télévi­sions au cours du 1er semes­tre 2018 ».

Cepen­dant FO, con­sid­éré comme plus proche de la direc­tion actuelle, indique que tous les salariés con­cernés n’ont pas reçu ce cour­ri­er. « Mal­gré nos deman­des d’explications et nos relances, ni les DRH locales, ni la direc­tion générale n’apportent de répons­es cohérentes. Y aurait-il eu une sélec­tion par­mi les CDD ? ». A suivre.

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