Gérard Larcher, président du Sénat, a proposé Hervé Godechot comme membre du CSA. Ce dernier, depuis mars 2016 rédacteur en chef du service économie et social de France Télévisions (issu de la fusion de ceux de France 2 et France 3) et chroniqueur-éditorialiste pour France 3, France Info TV et radio, a vu sa candidature validée. Le CSA est désormais au complet.
Un bon réseau
Dans un communiqué succinct, la présidence du Sénat a indiqué que l’intéressé “a fait toute sa carrière dans l’audiovisuel public avec notamment une dimension de maillage territorial de l’information tant en métropole que dans les Outre-mer”. C’est surtout un homme de réseaux, pur produit du service public audiovisuel et vice-président du Press Club de France. Ce que confirme un proche interrogé par Libération : “Hervé Godechot a beaucoup d’entre soi et sait fréquenter les milieux qui comptent ».
De France 3 à France Info TV
Passé par l’école publique de journalisme de Tours (1986–1988) et l’Institut des Hautes Etudes de l’entreprise (2002–2003), il a commencé à France 3 dans les stations régionales dès 1988, puis est passé à la rédaction nationale en 1994. Chef du service économie et social de France 3 de 2000 à 2006, il est ensuite rédacteur en chef week-end, jusqu’en 2012, puis rédacteur en chef du 12/13 pendant un an, puis du 19/20 de 2013 à 2016. Depuis janvier 2019 il est aussi rédacteur chef et éditorialiste économique à France Info TV.
Attaché au politiquement correct mais suivant l’air du temps, il s’est posé lors de son audition au Sénat « en défenseur de « toute une France des invisibles » et « des zones délaissées », de ceux qui se sentent « exclus de l’univers médiatique », et a dit vouloir œuvrer au CSA pour une meilleure représentation de la diversité de la société à la télévision », a relevé Le Point.
Cependant Libération a rappelé qu’il avait « écopé de quelques jours de mise à pied pour avoir pris part à un système de faux JT tournés pour vanter les mérites de l’industrie pharmaceutique ». L’intéressé a fait valoir qu’il était « une victime collatérale », et qu’il ne savait pas à qui étaient destinés en vérité l’interview d’un médecin et un micro-trottoir qu’il avait fait à l’époque pour une pige de 150 euros. L’explication est plausible vu l’époque.
En l’occurrence, la direction de France Télévisions – à laquelle étaient régulièrement loués les plateaux du 19/20 pour le compte de divers laboratoires pharmaceutiques – et le 19/20 faisaient partie du système, avec « neuf émissions «médicales» réalisées depuis octobre 1992. Toutes sur le modèle du 19/20, toutes pour des produits pharmaceutiques », révelait à l’époque Libération.
Plus dérangeant, « en 2014, il était le rédacteur en chef du 19/20 quand un scoop sur l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy avait été supprimé du journal », assène Libération. L’intéressé a affirmé au Sénat que ce scoop n’était « pas publiable » en l’état.
En l’occurrence, il semble surtout qu’il soit fâché avec le SNJ-CGT, qui ferraillait déjà contre lui en 2014 lorsque le sujet sur Nicolas Sarkozy avait été mis à la trappe. En effet, interviewé par Libération, le délégué Joy Banerjee l’habille pour l’hiver : « C’est scandaleux de le voir arriver au CSA. Il y a tellement de gens qui le mériteraient à sa place. […] Il n’est pas réputé pour ses reportages tranchants. Ce n’est pas un chef odieux, violent ou autoritaire, mais quelqu’un d’affable et courtois, très ambitieux. Il est très vite grimpé dans la hiérarchie ».