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L’Obs en ordre de marche derrière Macron ?

12 mars 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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L’Obs en ordre de marche derrière Macron ?

Temps de lecture : 4 minutes

Subrepticement, L’Obs semble devenir un magazine people à l’anglo-saxonne, du moins si l’on en croit la Une de son numéro daté du 28 février au 5 mars 2019, et au service de la vision du monde du président Macron. Un numéro consacré à « Salvini, le poison populiste ».

https://twitter.com/zilogsofsof/status/1102953467906351104

Que L’Obs soit un heb­do­madaire très inté­gré dans le sys­tème médi­a­tique offi­ciel, cela ne fait plus de doute. En par­ti­c­uli­er quand le pou­voir poli­tique offi­ciel se croit men­acé ou bien en péri­ode élec­torale, ce qui est le cas actuelle­ment ain­si que les nom­breuses ren­con­tres du prési­dent avec les citoyens l’attestent. De même que la tri­bune du même prési­dent, peu lue mais pub­liée dans la plu­part des équiv­a­lents du Monde de l’Union Européenne. La Une de L’Obs de la semaine du 28 févri­er au 5 mars 2019 ne fait donc pas dans la den­telle, vu que l’heure est grave, d’aucuns diraient même qu’elle ressem­ble à la presse des années 30. Le vis­age en noir et blanc de Salvi­ni, sur cette cou­ver­ture, ajoute à l’effet :

L’Obs ou le poids des mots

  • « Le poi­son pop­uliste »: « poi­son », autre­fois cer­tains heb­do­madaires de triste répu­ta­tion eussent écrit par exem­ple « le rat » ou « le par­a­site ». L’Obs choisit « le poi­son». La rhé­torique de fond est identique.
  • « Il hyp­no­tise les ital­iens »: qui peut douter qu’il s’agit là, l’hypnotisation de l’ensemble d’un peu­ple, d’un fait et d’une infor­ma­tion jour­nal­is­tique véri­fiée et non d’une sorte de vague rumeur ?
  • « Il s’allie avec Le Pen » : enten­dre « avec le Mal ».
  • « Il men­ace l’Europe »: comme pour la ques­tion de l’hypnotisme, il n’est pas dou­teux que des faits véri­fiés vont venir, dans les pages de l’hebdomadaire, accréditer cette opin­ion émise par la rédac­tion de L’Obs. Mis quelle Europe ?

Un dossier à charge

Le dossier s’ouvre sur une pho­togra­phie en noir et blanc (clarté évi­dente du sym­bole) où Salvi­ni, de dos, fait face à une foule por­tant nom­bre de dra­peaux de la Lega, son par­ti poli­tique que L’Obs traite du pire, comme tous les médias offi­ciels, c’est-à-dire d’être de la fameuse extrême-droite, celle qui men­ac­erait l’Europe. Pour L’Obs, la « peste », celle du prési­dent Macron, revient. Le dan­ger, ce n’est cepen­dant plus le Duce, mais c’est le « cap­i­tano ». Et c’est aus­si en Ital­ie. L’Obs pointe du doigt la pop­u­lar­ité crois­sante de Salvi­ni, ce qui effraie l’hebdomadaire, mais oublie d’en analyser les caus­es. Il serait d’autant plus dan­gereux qu’il a une amie en Marine Le Pen ce qui est la deux­ième frayeur de L’Obs.

La nouvelle résistance

Une fois passé le por­trait à charge du min­istre ital­ien de l’intérieur, l’hebdomadaire donne à lire un arti­cle inti­t­ulé rien moins que rien que « Le front des résis­tants ». Il s’agit d’une fronde d’élus qui refusent d’appliquer les lois décidées par le pou­voir poli­tique pour­tant élu démoc­ra­tique­ment et représen­tant incon­testable­ment le peu­ple ital­ien, refus que L’Obs, heb­do­madaire réputé vertueux, devrait sans doute trou­ver détestable. Ce ne sera pas le cas, au con­traire, car c’est de la « résis­tance », de son point de vue. L’article lau­da­teur trace le por­trait d’un maire de Naples, fig­ure de proue des anti-Salvi­ni, faisant des self­ies avec des migrants. Les choses sont donc claires.

Elles sont aus­si fort dan­gereuses puisque Salvi­ni dis­pose, avec Le Pen, d’une alliée puis­sante qui pour­rait l’aider à chang­er le rap­port de forces au par­lement européen avec la con­sti­tu­tion d’un groupe pop­uliste impor­tant, craint L’Obs. Le dan­ger serait d’autant plus réel que les deux amis dis­poseraient « des mil­lions de Pou­tine », auquel sem­ble-t-il, à lire la presse française, plus aucune élec­tion n’échapperait. D’ailleurs, comme un dia­ble ne sort jamais seul d’une boîte, L’Obs ajoute un autre « repous­soir » en la pho­to de Mar­i­on Maréchal accom­pa­g­née de son com­pagnon ital­ien, Vin­cen­zo Sofo, sup­posé­ment « théoricien » de la Lega, mal­gré son jeune âge. Ils sont tous là. Et Vin­cen­zo Sofo n’est pas n’importe quel jeune homme amoureux : il est « le tal­iban » de Salvi­ni. C’est que les com­para­isons entre tueurs islamistes musul­mans et défenseurs de l’enracinement européen pleu­vent actuelle­ment à flots en France sans que L’Obs ne paraisse s’émouvoir de l’incongruité de telles com­para­isons, au contraire.

Dix pages de dossier, d’où il ressort que le dan­ger est non seule­ment pres­sant mais que Salvi­ni pour­rait bien être celui qui met­trait un terme, liste non exhaus­tive, à l’Union Européenne, la démoc­ra­tie, l’humanisme, l’universalisme, les droits de l’homme, les lib­ertés, dont celle de la presse… dans le cadre d’une sorte d’internationale des gens dits dan­gereux. Macron veille, bien sûr. Il n’est du reste pas seul : la page suiv­ant le dossier présente un Edouard Philippe fer­me­ment cam­pé sur ses jambes, comme prêt à l’affrontement, avec un titre évo­ca­teur, « Déloge-moi si tu peux ». L’Obs, un heb­do­madaire dont l’indépendance d’idées s’affirme à chaque numéro.

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