Créés en 1945 par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Les Temps Modernes cessent leur parution faute de lecteurs.
Passage d’un éditeur à l’autre
La revue a souvent navigué d’un éditeur à l’autre. Tout d’abord publiée chez Gallimard d’octobre 1945 à décembre 1948, puis chez Julliard de cette date à septembre 1965, chez Presses d’aujourd’hui d’octobre 1965 à mars 1985 et enfin de nouveau chez Gallimard d’avril 1985 au début de 2019, moment où l’éditeur décide de tirer le rideau
Claude Lanzmann, dernier directeur
C’est en 1952 que Claude Lanzmann rencontre « l’agité du bocal » (Jean-Paul Sartre vu par Céline ) et Simone de Beauvoir. Il succède à cette dernière (dont il fut un temps le compagnon) comme directeur de la publication en 1986, tâche qu’il poursuivra pendant plus de 32 ans, jusqu’à sa disparition en juillet 2018. Il avait présenté en 1987 l’attribution du massacre de Katyn aux Soviétiques comme de la « propagande nazie », ce qui lui vaudra une sévère polémique avec Jean-François Revel.
Journaliste dans le groupe Lazareff il se découvre un talent de cinéaste et réalise Pourquoi Israël en 1973 puis Shoah film fleuve de 9h en 1985, qui le fera connaître du grand public. Il réalisera Tsahal sur l’armée israélienne en 1994 puis Lights and Shadows en 2008 à l’occasion du 60ème anniversaire de l’État d’Israël.
Les Temps Modernes vus par Claude Lanzmann
Voici comment il voyait la revue :
« Créés en octobre 1945 par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Les Temps Modernes demeurent la plus prestigieuse des revues françaises de rang international. Avec ses 582 numéros ordinaires, ses dossiers et numéros spéciaux, ses cent vingt mille pages imprimées, la revue a largement couvert le champ de la culture et de la politique de ce demi-siècle… .
Numéro après numéro, dossier après dossier, la revue n’a pas cessé de s’approfondir et de s’améliorer, délimitant et marquant de plus en plus clairement le territoire unique qu’elle occupe dans la politique et la culture de gauche en France. La quantité et la qualité des manuscrits que nous recevons avec les lettres qui les accompagnent témoignent que Les Temps Modernes sont plus que jamais dans ce pays un lieu d’accueil privilégié, de débat, de combat, pour tous ceux qui ne s’accommodent pas des consensus à la mode et pensent que la tâche de déchiffrement du monde, que nous n’avons jamais cessé de faire nôtre, implique en même temps engagement et résistance. »
Les plusieurs centaines de numéros, les dizaines de milliers de pages appartiennent au passé. Gallimard soutenait la revue pour ne pas faire une infidélité à Claude Lanzmann. Constatant la disparition des lecteurs et le peu d’appétit pour un repreneur, l’éditeur préfère arrêter la parution. Quelque soit l’opinion sur l’orientation de la revue, on ne peut que regretter sa fin, nous n’avons pas pléthore de revues de débat en France au XXIème siècle.