Depuis quelques années, plusieurs médias font le constat que « la France (est) débordée par l’explosion du nombre de mineurs isolés étrangers » arrivant dans le pays. Ces jeunes, majoritairement originaires de pays d’Afrique subsaharienne, étaient selon l’Assemblée des départements de France 40 000 fin 2018. Cet afflux migratoire est surtout présenté dans nombre de médias comme un problème de prise en charge d’enfants isolés. Alors que quelques élus locaux font de la résistance passive face à ce détournement de l’aide sociale à l’enfance, des sites d’informations subventionnés par l’État donnent de précieux renseignements aux migrants, entraînant (volontairement ?) la pompe aspirante.
Des enfants à prendre en charge
Plusieurs journaux et sites d’informations relaient l’afflux de jeunes étrangers en France et leur prise en charge. Parmi ceux-ci, L’Humanité et La Provence présentent le 1er avril (ce ne sont pas des poissons du jour) une « bâtisse » du diocèse de Marseille transformée en centre d’accueil pour jeunes migrants. 150 jeunes y ont déjà trouvé refuge. Le Parisien nous informe, le 4 avril, que « 174 mineurs isolés obtiennent une mise à l’abri à Marseille ». Le quotidien nous apprend incidemment que le centre d’accueil du diocèse était, en fait, un squat. Son occupation illégale par de jeunes étrangers, dont l’âge n’a pas encore été évalué pour certains, se termine donc par leur hébergement à l’hôtel.
Ouest-France nous informe le 6 mars que « 40 migrants mineurs seront accueillis dans l’Orne », dans un centre à Perrou. « 20 emplois » sont créés pour l’occasion et un « accompagnement pluridisciplinaire » est mis en place, selon le quotidien régional. 20 Minutes relate l’expérience d’Ariane, qui accueille un jeune étranger chez elle : « c’est une belle aventure humaine ». Les appels à accueillir chez soi des jeunes migrants sont relayés par La Croix, La Nouvelle République, etc.
Médiacités Lyon souligne, le 13 mars, l’engorgement des structures d’accueil dans l’agglomération lyonnaise. La radio France Bleu Vienne se veut rassurante le 9 janvier : « ça s’arrange pour l’accueil des mineurs non accompagnés dans le Poitou ». On apprend que dans le département, « 70% des jeunes se présentant comme mineurs sont en fait majeurs ». Le Parisien évoque le 21 janvier l’afflux de jeunes étrangers dans les Yvelines et les Hauts de Seine. Le 18 mars, le site InfoTours fait état de « l’affluence des mineurs étrangers » dans l’agglomération de Tours et des actions militantes des associations les défendant.
Les jeunes étrangers arrivant en France sont essentiellement présentés comme des victimes et parfois comme des exemples.
Le site d’information destiné aux « acteurs sanitaires et médico sociaux » Santésocial.fr titre un article sur les jeunes migrants qui sont « des enfants avant tout ». Même tonalité sur les ondes publiques : pour France Info le 28 mars, bien que « ces dernières années, les mineurs isolés arrivent plus nombreux en Europe, c’est la double peine ». La double peine, c’est pour France Info l’évaluation de l’âge des jeunes par les services sociaux, afin de vérifier s’ils sont mineurs et peuvent prétendre à l’aide sociale à l’enfance. L’autre peine, c’est quand le jeune devient majeur. Il doit fournir des papiers d’identité pour continuer à être pris en charge. On aura compris que ces démarches sont insupportables pour la radio publique qui est sur la même position que les associations de défense des migrants.
France culture reprend la qualification de « double peine » au sujet d’un « mineur et migrant ». Celui-ci a saisi la Cour européenne des droits de l’homme qui a condamné la France à le prendre en charge.
Alors que Le Monde évoque le 28 février le « parcours du combattant de trois mineurs isolés étrangers » au Havre, on apprend au cours de la lecture de l’article…qu’ils sont poursuivis pour escroquerie pour avoir demandé des visas sous une fausse identité.
Les médias dressent également des portraits qui donnent une image positive l’immigration. Par exemple, Le Berry républicain présente Djakiss et Stéphane, deux migrants mineurs qui ont des projets professionnels. Le Républicain Lorrain fait état le 16 mars de l’initiative de professeurs qui présentent à leurs élèves l’accueil des migrants mineurs.
Les actions juridiques
Les médias ont amplement couvert depuis le début de l’année les actions des associations de défense des migrants visant à annuler les rares mesures destinées à limiter le détournement de l’aide sociale à l’enfance.
Depuis le début de l’année 2019, un fichier national des évaluations de l’âge des jeunes est en « expérimentation » dans certains départements. Son objectif est d’éviter qu’un jeune fasse évaluer son âge dans différents départements jusqu’à se faire reconnaitre mineur. Selon le Figaro du 28 février, une vingtaine d’associations ont saisi récemment le Conseil d’État afin de faire annuler le « fichier controversé des mineurs isolés ». Le Monde nous apprend que certains départements ont déjà annoncé qu’ils ne l’utiliseraient pas.
En mars, le Conseil constitutionnel a eu, à l’initiative d’un jeune guinéen et d’associations, à se prononcer sur la légalité des tests osseux, pour déterminer l’âge des jeunes. Le Monde, l’Humanité, Libération, l’Express, RFI, etc. relaient amplement les critiques contre ces tests. LCI nous informe le 21 mars que ces tests sont « validés ».
Localement, des associations assignent fréquemment les Conseils généraux en justice afin d’obtenir une prise en charge rapide des jeunes étrangers. C’est le cas dans les Hauts de Seine selon Le Parisien le 29 mars. Le Président du Conseil général indique cependant au journaliste que les jeunes en question « sont majeurs ». L’Humanité fait état de l’astreinte payée par le Conseil général des Bouches du Rhône, au motif que la collectivité ne respecte pas « son obligation de loger tous les mineurs isolés ».
Les associations veillent
Les médias relaient plusieurs initiatives d’associations d’aide aux migrants visant à défendre, voire étendre leurs droits. France Info fait état de la création d’un « pôle » d’avocats à Bordeaux qui a pour objectif « de faire en sorte que ces mineurs étrangers soient pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) ». Le site Info migrants, cofinancé par l’Union européenne et France Médias Monde (une société publique de programme) présente aux aspirants migrants « tout ce qu’il faut savoir sur votre prise en charge à votre arrivée en France » : adresse des services chargés de reconnaitre l’âge des jeunes, conseils juridiques, etc. Il est clairement indiqué qu’un jeune mineur est inexpulsable. Des informations précieuses, comme celles collectées également sur le site Infomie.net, un « site ressources sur les mineurs isolés étrangers », qui a comme partenaires financiers le Ministère de l’intérieur, le Ministère des affaires sociales, la Région Ile de France, etc. Le site Info droit étrangers, subventionné par le Ministère de l’intérieur et la CAF de l’Isère, est également très prolixe en la matière.
Les mineurs étrangers délinquants
Plusieurs articles font état d’une augmentation de la délinquance dont sont responsables des jeunes étrangers. Aujourd’hui en France nous informe le 1er avril d’une « hausse de plus de 33 % des vols à la tire sur les voies des métros, RER et Transilien ». « 56 % des interpellés sont mineurs ». « Les suites judiciaires sont limitées du fait de l’âge des personnes interpellées. Les reconduites à la frontière ne peuvent pas non plus s’effectuer. Les voleurs sont en majorité d’origine étrangère, à 90 % d’Europe de l’Est ou d’Afrique du Nord ». Selon Le Parisien le 24 mars, « les mineurs isolés délinquants frappent en banlieue ». L’article présente ce phénomène en pleine expansion. De véritables filières organiseraient cambriolages de maisons et vols dans les transports en commun, commis souvent par des « mineurs marocains ou algériens ».
Une délinquance qui touche aussi Marseille, dont la Provence nous donne un exemple le 3 avril, Montpellier selon Métropolitain, Rennes, Nantes, etc. En janvier, ce sont trois mineurs non accompagnés de 16 ans qui selon Sud Ouest ont agressé à Mérignac une nonagénaire. Libération consacre le 1er avril un article à la surpopulation carcérale. « Le nombre de mineurs incarcérés n’a jamais été aussi important (…). Parmi eux, la situation des mineurs étrangers non accompagnés, qui explique en grande partie cette croissance ».
Le coût de la prise en charge
Les dépenses croissantes engendrées par la prise en charge des jeunes étrangers ne semblent pas le sujet prioritaire. On apprend par La Dépêche que des départements signent des protocoles avec l’État pour assurer une meilleure prise en charge des jeunes, dont le coût est estimé à « 50 000 euros par an et par jeune ». Libération nous informe fin 2018 que l’Assemblée des départements de France « évalue à près de 2 milliards d’euros le coût (de cette prise en charge NDLR) pour les départements cette année ». Dans un silence médiatique général, le site Infomie fait état d’une proposition de loi de parlementaires de l’opposition déposée le 20 février visant à faire prendre en charge financièrement par l’État les mineurs étrangers non accompagnés confiés par décision de justice. Partant du constat que « les jeunes de ces familles sont déposés par les passeurs exactement devant les services de l’aide à l’enfance juste avant leur ouverture », la proposition de loi prévoit également de ne plus délivrer automatiquement de carte de séjour au jeune qui devient majeur.
La résistance passive d’élus locaux
En dehors de la proposition de loi présentée précédemment, l’opposition de certains élus à ces arrivées subies est plutôt « passive ». France Bleu nous apprend le 26 mars qu’à Sainte Agnès (Alpes maritimes), le maire conteste un projet de centre d’accueil de migrants mineurs. Ouest France fait état du non-respect par le Conseil départemental de Maine et Loire d’une mesure ordonnée par la Cour européenne des droits de l’homme concernant une jeune camerounaise de 16 ans. En Seine maritime, selon Actu.fr, « sur les dernières évaluations réalisées, les trois-quarts des personnes sont déclarées majeures », souligne le Département pour expliquer la non prise en charge de ces migrants « en attente ».
Les différents articles et reportages cités ont en commun de présenter les jeunes étrangers comme des enfants qu’il faut avant tout « mettre à l’abri ». Ils passent sous silence plusieurs aspects de ce phénomène :
- comme souligné dans un récent article sur le site Polemia, l’aide sociale à l’enfance a été créée initialement pour prendre en charge les orphelins et les enfants en danger et non les migrants d’Afrique. Pas une seule fois le détournement de ce dispositif n’est évoqué.
- la « soutenabilité » de la prise en charge de jeunes étrangers, de plus en plus nombreux chaque année, est passée sous silence. Ceci alors que, comme le souligne l’ADF, le coût est de 50 000 euros par jeune annuellement. Le budget de l’immigration serait donc le seul à échapper aux contraintes budgétaires et bénéficierait d’un droit de tirage illimité.
- aucune mise en perspective de ce phénomène n’est faite, en particulier par rapport à la déshérence d’une partie importante des jeunes en France. Ainsi, selon l’OCDE, près de 3 millions de jeunes ne sont ni en enseignement, ni en formation, ni en emploi.
- aucun article n’envisage que des jeunes africains puissent avoir une stratégie et, comme le disait la démographe Michèle Tribalat au Figaro, viennent en éclaireur, afin d’organiser au moment de la majorité le regroupement familial en France et bénéficient de son généreux système social.
- tant de nombreux médias que des associations subventionnées par de l’argent public présentent favorablement le détournement de l’aide sociale à l’enfance de son objet initial. Ce qui pourrait accréditer l’idée que nous sommes face à une politique délibérée de peuplement. Dans l’intérêt de qui ?