L’industriel franco-libanais Iskandar Safa est plus connu comme propriétaire des chantiers navals normands CMN, d’autres chantiers de construction navale, d’intérêts immobiliers que comme actionnaire du groupe Valmonde (Valeurs Actuelles, Mieux vivre votre argent). Il pourrait compléter sa présence dans les médias avec Nice-Matin.
Une histoire belge sur la croisette
En 2015/2016 Nice-Matin va très mal. Les familles actionnaires pratiquaient une gestion paternaliste avec un accord implicite avec la CGT : de gros effectifs mais pas de mouvement social. Le belge Nethys (propriétaire entre autres de L’Avenir en Wallonie) met 15M€ sur la table pour prendre 20% du capital (puis 34%), s’associer à la coopérative montée par les salariés en 2014 et prendre 51% en 2019 en remettant au pot pour avoir la majorité.
Mais les choses se compliquent pour le groupe belge. En 2018 la maison mère de Nethys, Publifin, liée au Parti Socialiste belge, est emportée par une vague de scandales financiers. Que faire des 34% de Nice-Matin ? Faut-il monter à 51% en investissant de nouveau comme le prévoit le contrat initial ? Y a‑t-il un intérêt stratégique ? Nethys répond non, souhaite revendre ses 34% et plonge la rédaction dans la tourmente. Début mars 2019, la direction du journal déclenche une procédure de sauvegarde.
Qui peut reprendre ?
Bernard Tapie (propriétaire de La Provence dont Nethys détient 11%) aurait pu être intéressé du temps de sa splendeur. Malade et devant la perspective de devoir rembourser peut-être un jour les quelques centaines de millions € reçus indûment lors de l’affaire Adidas, il ne sera pas au rendez-vous. Au contraire de Safa, déjà candidat à la reprise en 2014 avec le groupe belge Rossel, alors que le tribunal de commerce avait préféré l’offre des salariés sous forme de coopérative.
C’est maintenant une question de gros sous et de concurrents possibles à la reprise. Nethys va devoir céder ses parts à Safa ou à un autre repreneur. Nethys va vouloir récupérer si possible la totalité des 21M€ injectés dans le journal. Safa va vouloir minimiser cette somme. On parle de 40M€ au total mis sur la table par le franco-libanais pour reprendre la place de Nethys et relancer le titre.
Le quotidien, qui perd chaque année plusieurs millions d’euros, est en survie. Le changement d’actionnaires sera observé attentivement à Nice par les éternels rivaux de LR Christian Estrosi et Eric Ciotti dans la perspective des élections municipales de 2020.