Cédric O, le secrétaire d’État chargé du Numérique vient de se positionner pour la création d’un “Conseil de l’ordre des journalistes” dans une interview accordée à Reuters le 25 juin 2019, pour surveiller le monde médiatique et restreindre cette satanée liberté d’expression, déjà bien mise à mal.
Le bon vieux retour de la délation
Ce Conseil serait géré par les journalistes eux-mêmes (mais le gouvernement ne sera pas loin), il aurait pour but d’informer l’Etat dès lors qu’un média procéderait à un “manquement éthique ou déontologique”. Cet échange d’informations pourrait se concrétiser par la demande de retirer un agrément, la nécessité d’émettre un avertissement, etc. Ce Conseil serait dépourvu de pouvoir de sanction. En résumé, des journalistes dénonceraient d’autres journalistes à l’Etat pour raisons morales, le bon vieux retour de la délation…
Et Cédric O d’ajouter que si les journalistes ne se dotent pas d’un Conseil, “Ce sera le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) ou une autorité indépendante qui va décider ce qu’est une infox ou pas.”, quand on voit la plaisanterie qu’est le CSA, on a presque envie qu’ils se dotent eux-mêmes immédiatement d’un Conseil…
Pour l’aspect cocasse de l’histoire, n’oublions pas que lorsque le Rassemblement National proposait une idée similaire, Emmanuel Macron n’hésitait pas à dire qu’un tel Conseil serait directement sorti de “l’Italie des années 1930” !
La nouvelle peur à la mode : “l’ingérence russe”
Mais c’est avant tout la peur de “l’ingérence russe” qui motive Cédric O (alias Cédric Officines, comme il est plaisamment surnommé) à créer ce Conseil, plus que la lutte contre de quelconques fausses informations, qui de toute façon, ne peuvent être produites que par des médias russes. Vieille peur déjà exprimée lors des élections européennes où l’Élysée pensait que la Russie allait manipuler l’élection, et qui découle d’une volonté manipulatoire combinée à une russophobie ambiante que nous avions longuement étudié il y a 3 mois.
Pour développer ce risque d’ingérence, Cédric O(fficines) pointe à nouveau du doigt, les deux mêmes médias habituels, Russia Today (RT) et Sputnik qui, en plus d’être les porte-paroles de la Russie, “fragilisent volontairement la démocratie”. On ne voit pas bien comment la simple diffusion d’informations pourrait déboucher sur cette deuxième affirmation, et concernant la première, quid de France 24 à l’étranger ? Une volonté de la France d’influencer les autres pays ? Quid d’AJ+ et sa propagande qatarie (voir l’excellent article de Marianne sur le sujet) ? Sans parler de la French American Foundation, très influente dans les médias français. Comme le dit l’adage : deux poids, deux mesures…
À moins que l’ami Cédric ne soit tout simplement jaloux que ces chaînes aient parfois plus de visibilité sur YouTube que BFM ou CNEWS, comme il le déplore.
Deux jours après sa première déclaration Monsieur Officines a effectué un rétropédalage accéléré, assurant « J’ai tenu des propos qui n’engageaient que moi et qui ne sont en aucun cas la position du gouvernement ».