Résumé du feuilleton : le belge Nethys détient 34% du capital de Nice-Matin et une option (qu’il ne souhaite pas exercer) pour détenir la majorité ou la totalité. Iskandar Safa (propriétaire de Valeurs Actuelles et des chantiers navals CMN) veut racheter ces parts. Mais Niel lui fauche l’herbe sous le pied en jouant la surenchère et signe un accord séparé avec Nethys. Mais Safa n’a pas dit son dernier mot.
Des salariés actionnaires
Nice-Matin n’est pas une société comme les autres. Elle est détenue (sous forme coopérative) à 66% par les 456 salariés qui ont souscrit à son capital. Les 34% étaient détenus par la belge Nethys. Le belge a préféré Xavier Niel (déjà propriétaire partiel du Monde) à Safa, sans doute pour des raisons à la fois politiques et économiques. Niel est donc propriétaire de 34% des actions avec une option pour racheter les 66% de la coopérative en 2020, année des élections municipales, nous y reviendrons.
L’AG dit non à Xavier Niel
Surprise, le 12 juillet 2019 au matin, jour de l’assemblée générale du groupe de presse, Niel annonce avoir signé avec les belges, envoie un courrier aux salariés leur promettant monts et merveilles, financements, absence de licenciements. De son côté Safa mouille la chemise, se déplace à Nice le jour de l’AG, s’engage à soutenir la trésorerie du titre en cas de procédure judiciaire et les salariés rejettent l’offre de Niel à 60%. Les journalistes du titre (réputés grosso modo libéraux libertaires avec quelques exceptions) ont voté à 94% pour Niel, et le reste de la société pour Safa.
Si les salariés dénoncent formellement le pacte d’actionnaires coopérative/Nethys repris par Niel, le risque de mise en redressement n’est pas exclu. Le tout sur fond de lutte entre Christian Estrosi le maire de Nice, de plus en plus Macron compatible (Xavier Niel lui-même et son beau-père Bernard Arnault sont des soutiens discrets mais efficaces du président) et Eric Ciotti réputé plus proche de Safa. Parlant de cette lutte, Xavier Niel a assuré au Monde des 14/15 juillet, « C’est pas mes sujets, je m’en moque ». Sans rire.