Il y a peu, l’Observatoire du journalisme vous présentait l’épopée de l’Open Arms, le bateau de cette ONG qui a voulu engager un bras de fer avec Matteo Salvini à l’époque où celui-ci était ministre de l’Intérieur en Italie. Une épopée sans cesse renouvelée à l’occasion de laquelle l’accueil des clandestins par l’Europe et la France est présenté comme une obligation humanitaire. Un autre récit ne fait jamais l’objet d’un tel emballement médiatique : celui de l’afflux incessant des clandestins à Paris, comme dans d’autres villes françaises. Revue de presse et des réseaux sociaux.
Paris outragé et surtout encombré
La ville de Paris, comme bien d’autres en France, est confrontée à des arrivées sans précédent de clandestins. Selon la préfecture de région citée par France Bleu, ils seraient une centaine à arriver chaque jour dans la « ville lumière ». Les campements de migrants constitués au nord de Paris font l’objet d’incessantes « mises à l’abri », qui donnent lieu ensuite à un accueil dans des structures plus pérennes. Telles un tonneau des danaïdes, ces opérations ne résolvent la situation que pour les primo arrivants, d’autres étrangers prenant immédiatement leurs places.
Rien n’y fait : les hébergements d’urgence ont beau être de plus en plus nombreux : ils saturent. Quand ils n’ont pas la capacité de les accueillir, les migrants, essentiellement des étrangers en situation irrégulière, investissent les rues, les squares et les abords du périphérique. Une réalité qui est toujours traitée dans la presse régionale sous le seul aspect du nécessaire accueil et de l’hébergement de ces populations.
Les capacités d’hébergement
Elles sont sans cesse augmentées : L’Express nous apprend en juillet que « trois nouveaux centres d’accueil de migrants vont ouvrir » en région parisienne. Ceci, bien que l’Ile de France dispose de 5 centres avec 750 places d’hébergement. Sans compter les nuitées à l’hôtel. L’hebdomadaire nous informe que la construction de « chalets » et de « mobil homes » de qualité est par ailleurs envisagée pour des séjours plus longs. On apprend plus globalement par Le Figaro que « l’Etat veut créer en France 5 000 places d’hébergement (supplémentaires NDLR) pour les migrants » en 2019. Alors qu’il y en a déjà 86 000.
Les mises à l’abri
Jusqu’en 2016, la Préfecture de région d’Ile France recensait sur son site les « mises à l’abri ». En mai 2016, on en comptait alors 22 depuis le début de ladite crise des migrants. Ces opérations devenant peut-être trop nombreuses, la presse régionale, en l’occurrence Le Parisien, — un quotidien régional très Macron compatible (comme son propriétaire Bernard Arnault) et en situation de quasi-monopole sur l’information régionale – a pris le relais. Tout au long de l’année, le journal nous informe de la sollicitude des pouvoirs publics pour les migrants : le 26 juillet 2018, ce sont « 254 migrants mis à l’abri », le 22 janvier, « 59 migrants mis à l’abri », le 4 avril 2019 « 179 mineurs isolés obtiennent une mise à l’abri », etc.
Les campements
Selon France Bleu le 26 août « ils sont des centaines entassés sous des tentes de fortune, érythréens, afghans, soudanais, somaliens ».
Pour bénéficier d’une mise à l’abri, les associations sont de bon conseil : il faut ameuter la presse et gagner en visibilité. C’est ainsi que plus de 230 migrants investissent fin août le parc de la Villette selon Le Parisien. Une information amplement reprise par le Figaro, France 3 régions, LCI, etc. 2 jours plus tard, un tweet de la Préfecture de Paris nous apprend qu’une « mise à l’abri » est organisée.
L’insécurité dans la ville
Le Parisien dresse la liste de « squares devenus infréquentables » dans les 18e et 19e arrondissement. 6 squares sont recensés comme étant peuplés d’hommes seuls et de toxicomanes. « Promeneurs et familles ont été chassés par l’insécurité, la toxicomanie et les dégradation ». Par ailleurs, des « mineurs » étrangers et délinquants écument la région parisienne pour commettre leurs méfaits nous informe Le Parisien. Mais le problème est « insoluble » nous avait déjà prévenu le journal en septembre 2018….
Le commerce clandestin investit les rues parisiennes
Vendeurs à la sauvette de cigarettes, d’alimentation, etc., c’est toute une économie souterraine qui ne se cache même plus au détour de certaines rues du nord de Paris : en dépit des opérations de Police, comme celle menée au Château d’eau, ils réapparaissent aussitôt, apprend-on sur les réseaux sociaux.
La municipalité prend des initiatives : des agents municipaux vont accompagner les parisiennes
On apprend dans Le Parisien que le premier adjoint à la maire de Paris a annoncé à la presse le 15 avril dernier les principales mesures d’un plan d’actions pour les « quartiers populaires ». L’élu municipal précise une des actions visant à assurer un « espace public apaisé », « Sur la place de la Chapelle et ses abords, (des agents de la ville) faciliteront la circulation des femmes dans l’espace public, rendue difficile par la présence en très grand nombre de jeunes hommes ».
Une annonce qui n’appelle pas de commentaire particulier du journaliste. Faciliter et protéger la circulation des femmes, une vraie réponse à la surpopulation d’hommes seuls et au harcèlement de rue dans certains quartiers de Paris…
Les réseaux sociaux : une source précieuse d’informations
De nombreux comptes twitter de collectifs du nord de Paris ou de particuliers font état de la dégradation de la situation dans certains quartiers de la capitale:
C’est JDSE retwitté par Sos la chapelle qui rappelle le 6 septembre que les « anomalies » (lire : les dégradations) explosent dans le 18e arrondissement 35 000 signalements en 2018.
C’est le réseau 10–18 sur BFMTV qui estime qu’il devrait y avoir des zones de nettoyage prioritaire, tant certaines rues sont sales.
Demain la Chapelle nous informe le 15 août des « mésusages se multipliant sur la « promenade urbaine ». Comprendre : trafic de drogue et autres rapines.
Le compte Placedelachapelle égrène les « ventes de drogues, cigarettes, contrefaçons, vandalisations, bastons, agressions, insultes » au nord de Paris. Selon ce compte, « il suffit de suivre le compte de @prefpolice pour comprendre l’ampleur du bordel dans le Nord de Paris ».
C’est le 26 août selon Jule75018 la place de la Chapelle, fraichement rénovée, qui en en passe de devenir un « cloaque », avec force toxicos, crakers, etc.
On pourrait multiplier les exemples qui peuvent donner de la matière à un reportage qui — pour une fois — sortirait du traitement ponctuel d’événements.
Dans les médias de grand chemin, les problèmes liés aux arrivées incessantes de migrants à Paris sont presque toujours présentés avec comme unique solution accueillir et mettre à l’abri encore et toujours, encore et toujours plus. Des places supplémentaires, des mises à l’abri qui se multiplient, des fonctionnaires pour nettoyer, accompagner, etc., la même réponse est reprise sans imagination, bien qu’elle ait fait la preuve de son échec patent. Mais peut-être ne faut-il pas troubler la maire de Paris, Anne Hidalgo. Ne vit-elle pas selon Paris Match une « rentrée zen » dans un article plus que complaisant…Je vais bien, tout va bien….