Ursula von der Leyen, nouvelle présidente de la Commission européenne, a dévoilé mardi 10 septembre, la composition de sa Commission et les nouveaux intitulés des postes de chaque commissaire.
C’est de ces derniers qu’est venue la “polémique”, le commissariat consacré à la question migratoire, mais aussi, à l’emploi, la sécurité, etc., anciennement appelé “migrations, affaires intérieures et citoyenneté”, est devenu “protection de notre mode de vie européen”. Ce nouveau nom a entraîné de vives critiques de la part d’une partie de la sphère politique. Et la presse de grand chemin s’est naturellement faite l’écho de cette étrange polémique.
Alerte à l’amalgame
Plusieurs médias ont présenté cette histoire en parlant d’un “amalgame”, osé par Ursula von der Leyen, entre “la migration et la nécessité de défendre le “mode de vie européen”” pour Le Monde, “un amalgame qui passe mal” selon RFI.
D’autres médias sont encore plus décomplexés, Anne Rovan du Figaro, commence son article avec un “sans surprise” comme s’il était évident qu’un tel intitulé devait poser problème. Le Temps ose titrer : “C’est nouveau, ça vient de sortir : il y aurait un “mode de vie européen” (!) et Mediapart nous parle de “Cette Europe qui nous fait honte”. D’ailleurs, ce choix sémantique est pour eux, une “mise à nu de la xénophobie profonde” (sic) des politiques migratoires européennes. Au Monde, on commente sur un ton moqueur l’ensemble de la Commission, “on s’amuse”, “on s’interroge”, “on ironise”, on semble effectivement bien s’amuser entre soi.
Une unanimité pas si unanime
L’ensemble des médias nous dresse une liste à la Prévert des reproches faits à cet intitulé, comme si il y avait une unanimité de la classe politique contre une “Von der Leyen critiquée de toutes parts” ! L’argument massue consiste à souligner que, “même” Jean-Claude Juncker, semble désapprouver ce choix. Mais au final, les concernés viennent uniquement de la gauche et du centre libéral (le positionnement de Juncker à droite laissant dubitatif) : pour l’unanimité, on repassera donc.
Encore la faute à l’extrême droite et l’Europe de l’Est
Le principal argument avancé par les critiques et abondamment relayé par les médias est celui de l’emploi de “la rhétorique de l’extrême droite” (ou de la “droite extrême” selon Mediapart) dans cet intitulé. Le Monde explique d’ailleurs le besoin de “satisfaire les pays de l’Est de l’Europe” pour justifier l’emploi de cette dénomination. La boucle est bouclée, “amalgame”, “extrême droite” et méchants pays de l’Est, la vindicte médiatique est toute justifiée.
La pression migratoire baisse, la pression migratoire baisse, la pression migratoire baisse
“Malgré une forte baisse des arrivées, le dossier des migrations reste brûlant dans l’UE, en proie à une montée des populismes.” Voilà ce qu’on pouvait retrouver écrit, mots pour mots, dans 20 minutes, L’Express, Le Point, et probablement bien d’autres… Un flagrant délit de copier-coller, probablement pour permettre aux lecteurs de bien comprendre le message, “tout va bien” ! Quand on voit le nombre d’incidents récents relatifs au débarquement de navires d’ONG et l’augmentation des arrivées de migrants en Grèce et à Chypre, on s’interrogera tout de même un peu.
Euronews nous éclaire un peu plus sur ce qui devrait vraiment nous préoccuper en rédigeant un article entier sur le sujet central qu’est le manque de diversité dans cette Commission ! “La notion de diversité pourtant louée par Ursula Von der Leyen semble relative, puisque cette équipe est entièrement blanche. Ce paradoxe est également patent en étudiant le nouveau Parlement européen.” Une commission « Protection du mode de vie extra-européen » ou bien « Protection de la diversité » aurait peut-être rallié plus de suffrages.
Crédit photo : European Parliament via Flickr (cc)