Libération a déjà vécu plusieurs vies, du journal maoïste à la conversion à la publicité et la société marchande sous Serge July, puis la vente au capitalisme le plus débridé via les poches des Rotschild puis celles, plus profondes, de Patrick Drahi.
En pertes constantes de lectorat et d’argent, le titre garde cependant de précieux atouts pour son propriétaire. Être patron de presse quotidienne généraliste ouvre bien des portes politiques, des ouvertures fort utiles pour SFR, BFM et les autres entreprises de l’industriel franco-israélien (son infographie).
Des ventes papier en berne
C’est le Figaro du 16 septembre 2019 qui reprend les chiffres de l’ACPM, les ventes en kiosque sont en recul pour l’année courante de 13% à 14000 exemplaires et les abonnements en retrait de 7% pour 19000 abonnés. Des chiffres comparables à ceux de L’Humanité en pleine déconfiture.
Vers des abonnements à vie et un tout numérique à prix cassés
Cet effritement inexorable du papier explique la politique « tout pour le numérique » du DG du journal Clément Delpirou. Les ventes numériques frémissent à un peu moins de 17.000 abonnés. Un chiffre en progression mais peu comparable à ceux du Monde (plus de 180.000 abonnés numériques) ou du Figaro (plus de 120.000). Sans rire, le DG annonce un objectif de 70.000 abonnés numériques dans les deux ans. Comme ces abonnés ne vont pas tomber du ciel et que le nombre de bobos, professeurs du secondaire, habitant Montreuil, vegans et gentiment libéraux libertaires ne peut croître indéfiniment, ces abonnés vont se substituer aux achats en kiosque et aux abonnés papier.
Le quotidien a déjà lancé une offre d’abonnement numérique à vie pour 400 € qui aurait déjà séduit plusieurs centaines de clients et cette offre mirifique sera renouvelée pour les fêtes. Conclusion : la disparition de la version papier interviendra quand Patrick Drahi, fatigué de pertes récurrentes, tirera le cordon de la prise et passera au tout digital. Peut-être en 2021, mais avec une forte possibilité que l’opération se fasse dès 2020. Et dans la douleur pour les journalistes et les autres employés.