Résumons : après l’irruption du Tchèque Daniel Kretinsky qui avait racheté 49% des parts de Matthieu Pigasse (infographie ici) le duo Pigasse/Kretinsky avait annoncé vouloir racheter les 20% de l’espagnol Prisa et la moitié des parts de l’héritier de feu Pierre Bergé. Ce qui leur donnait potentiellement à l’horizon 2021 60% des parts de la société éditrice. Le pôle « d’indépendance » qui regroupe les journalistes et contrôle 25% des parts réclamait un droit d’agrément en cas de nouvelle participation d’un tiers au capital. En clair un droit de choisir un nouvel actionnaire ou de refuser une montée en puissance d’un actionnaire présent.
Droit d’agrément signé
Après de longues arguties et des négociations qui ont dû être ardues, Niel et Pigasse ont signé un droit d’agrément le 23 septembre 2019. Ce droit permet au pôle dit d’indépendance de refuser l’entrée d’un nouvel actionnaire de contrôle. Une mesure de défiance contre Daniel Kretinsky, d’autant que celui-ci disposerait d’une clause confidentielle lui permettant de racheter la totalité des parts de Pigasse.
Prix plancher pour Pigasse
La clause de rachat de la totalité des parts de Pigasse par Kretinsky serait supérieure à 100M€. Une somme très supérieure aux investissements du banquier de Lazard. Ce dernier obtient une clause de prix plancher en cas de ventes de ses parts (on imagine pour la totalité de celles-ci) à hauteur de 57M€, soit ce qu’il aurait déjà investi.
Une future Fondation ?
Allant plus loin, Pigasse – qui semble en position de faiblesse et acculé par les dettes contractées par ses investissements dans les médias – accepte de reprendre les discussions autour des 20% de Prisa pour que Niel en reprenne la moitié, les deux co-gérants étant à égalité en capital. La création d’une fondation est évoquée les actionnaires ne pouvant alors donner une valeur liquide à leurs parts.
Kretinsky sur la réserve
Daniel Kretinsky n’a pas signé l’accord avec le pôle d’indépendance. S’il a déjà dépensé plus de 50M€ pour 13,3% des parts, ceci ne lui donne que peu de levier. Xavier Niel pour le moment sort vainqueur de cette recomposition. Après la reprise de Nice-Matin, il devient un poids lourd politique en France. Investissant dans les médias « pour que les journalistes ne l’emmerdent pas » il a compris qu’un industriel misant à perte dans des quotidiens gagnait une influence économique et politique incomparable, des entrées à tous les niveaux et une visibilité culturelle. Pôle « d’indépendance » ou pas, Niel devient l’homme fort du quotidien du soir, il saura se faire intelligemment respecter. Ainsi que ses intérêts bien compris.