Nouvelle voix des radios
Ancien patron de Sud Radio et de Fiducial Médias, Didier Maïsto s’est révélé comme une voix indépendante au sein des médias français, notamment quand il a dévoilé en 2015 les dessous de l’attribution des fréquences TNT après avoir échoué à en obtenir une. Respecté par les gilets jaunes, il travaille dur pour imposer Sud Radio comme une des principales généralistes de France. Celui qui ne “voulait pas de journalisme militant à l’antenne” en 2014 semble avoir changé d’avis, en tout cas en ce qui le concerne. Car il est désormais le hérault des gilets jaunes et poil à gratter officiel de l’intelligentsia médiatique aux côtés de Juan Branco (ils partagent le même éditeur).
Didier Maïsto est issu d’une famille qui a fui le fascisme italien des années 30 – sa mère était sicilienne et son père pêcheur napolitain. Ses grands-parents maternels s’exilèrent en Tunisie et furent rapatriés à l’indépendance. Du côté paternel, son grand-père Dominique Maïsto fut militant communiste et résistant, abattu par l’armée allemande en 1944. Il est né et a grandi à Toulon, élevé par une mère célibataire au domicile de ses grands-parents rue Sainte-Andréa , dans des conditions très modestes.
Formation
Hypokhâgne, maîtrise de lettres (option « pratique de l’audiovisuel » et « grammaire du français parlé » ) puis licence DEUG de droit obtenue en 1988 (La Ruche, 13/7/2016).
Parcours professionnel
À l’école, il s’occupait des journaux d’élèves. En 1981 au moment de l’explosion du nombre des radios libres – et de la fin du monopole radiophonique d’État, il travaille pour 89 FM à Toulon, en parallèle de son groupe de musique Albatros. Ses émissions sont « de nuit et musicales ». Parallèlement, il fait beaucoup de petits boulots pour joindre les deux bouts (serveur, manutentionnaire, déménageur, peintre en bâtiment).
Il entre comme pigiste en 1989 au Figaro après un stage aux suppléments d’été régionaux (Rhône-Alpes et Méditerranée) du quotidien . Pendant cette période, il effectue également des piges à VSD et à Courrier International. Il renonce à la carte de presse en 1993.
Attaché parlementaire pendant quatre ans, de tendance « gaullisme social », il vit la campagne de Chirac en 1995. Il est d’abord l’attaché de Patrick Ollier (RPR) pendant six mois, qui néglige de le rémunérer , puis de Marc Fraysse, à Lyon. Il mène de front deux campagnes : la candidature de Chirac à la présidentielle de 95 et celle de Fraysse à la mairie de Villeurbanne, qui échoue . Séguiniste (il est cofondateur du RAP) , il refuse d’intégrer la cellule communication de Matignon quand Juppé devient premier-ministre, et quitte la politique. Il entre peu après à Fiducial, d’abord pour faire du lobbying politique en faveur des TPE.
En 2008, Fiducial rachète le magazine Lyon Capitale où le groupe investit 350.000 €. Didier Maïsto s’occupe du journal et le relance, les ventes passent de 300 à 15.000 exemplaires. A Lyon Capitale, où la direction décide dès 2008 de refuser toute page publicitaire des collectivités locales, cependant, trois journalistes, partis depuis à Rue 89 Lyon, mènent la fronde contre la nouvelle direction et obtiennent 93.500 € aux prud’hommes en première instance.
En octobre 2011, il participe à l’appel d’offres du CSA pour les six nouvelles chaines de TNT – il échoue dans son projet de chaîne documentaire, D‑Facto, mais explique par le menu en 2015 que tout avait déjà été décidé par l’Élysée et Patrick Buisson, patron de la chaine Histoire. C’est à ce moment qu’éclate le scandale de la chaîne Numéro 23, avec, en son centre, l’influent lobbyiste Pascal Houzelot.
Il explique en 2016 avoir été motivé par un grave accident de moto en 2011, et par le souhait de son « père spirituel » Christian Latouche, président-fondateur de Fiducial, de mettre en place une chaîne axée sur le documentaire.
En 2013, Fiducial rachète pour 7 millions d’euros Sud Radio, ex-Andorradio (1958–1961) puis Radio des Vallées d’Andorre (1961–1966) puis Sud-Radio. A partir de 1981 son émetteur n’est plus au Pic Blanc en Andorre mais à Gauré près de Toulouse, le monopole radiophonique français venant de tomber. Didier Maïsto est alors président de Fiducial Médias.
Sud Radio pesait lourdement sur les comptes de son ex-propriétaire, désormais dénommé Groupe 1981 : « en incluant Sud Radio, il affichait en 2012 un chiffre d’affaires de 22 millions d’euros mais un résultat d’exploitation deux fois moindre, de 1,8 million, a précisé M. Valli », écrivait TéléObs (11/12/2013). A partir de juin 2017, Sud Radio quitte Toulouse pour Paris.
En déménageant à Paris à partir de juin 2017, Sud Radio essaie de décoller et de devenir une grande généraliste – elle a à la rentrée 2018 210.000 auditeurs pour un « poids » estimé de 700.000 auditeurs par Didier Maïsto, qui conteste les chiffres de Médiamétrie.
En 2015 dans la foulée de l’affaire Numéro 23, Didier Maïsto et le groupe Fiducial Médias créent un média pureplayer d’enquêtes, LeLanceur.fr
Challenges (24/09/2018) décrit la mutation de la radio : « Didier Maïsto, le patron de Fiducial Médias, propriétaire de la station, entend y « organiser des débats, parfois musclés » et « donner la parole aux Français pour qu’ils puissent s’exprimer sans tabous ». Il veut « aller où cela cogne, en essayant de donner du sens aux Français qui nous rejoignent ». Cette radio d’opinions (au pluriel) ne lésine pas sur les moyens nécessaires pour séduire les auditeurs. Parmi les nouveaux venus sous la houlette du patron de l’antenne Patrick Roger, ancien patron de France Info, Cécile de Ménibus, Yves de Kerdrel (ex-Valeurs actuelles et Le Figaro), Laurent Mauduit (Mediapart), Françoise Degois, Arlette Chabot ou l’ancien procureur Philippe Bilger. Ils mêleront leurs voix à celles des valeurs sûres de l’antenne comme Valérie Expert, André Bercoff ou Brigitte Lahaie. Sport le week-end (Sud Radio couvre très largement le rugby), politique le dimanche soir, Sud Radio a tout d’une grande ».
L’audience décolle à la fin de l’année 2018, à la faveur de la crise des Gilets Jaunes, largement couverte par Sud Radio. La radio est notamment la première à interviewer Priscillia Ludoski, une des leaders des Gilets Jaunes.
En mars 2019 il recrute sur Sud Radio Etienne Chouard, partisan du référendum d’initiative citoyenne, mais l’écarte en juin après qu’il ait déclaré au Média ne pouvoir s’exprimer sur le sujet des chambres à gaz car il n’a « jamais rien lu » sur le sujet. « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour qu’il soit clair. Il faut qu’il fasse son chemin. Si on n’a pas cette rigueur, ça disqualifie le reste », a réagi Didier Maïsto en expliquant sa décision au sujet d’Etienne Chouard, déjà cible de critiques pour sa proximité passée avec Soral, une vieille affaire fort mineure mais qui le suit comme une tunique de Nessus.
En juin 2019 il réagit avec vigueur, sur Boulevard Voltaire, aux critiques de journalistes du service public audiovisuel qui accusent sa radio d’être négationniste – notamment eu égard aux propos d’Etienne Chouard : « Les audiences de Sud Radio commencent à bien grimper et à avoir un certain succès dans le pays en abordant tous les sujets. Les pouvoirs publics sautent sur l’occasion pour dire que c’est une radio négationniste et, comme l’avait dit Sophia Aram aussi, une radio écoutée par des gros cons. On a toujours affaire au mépris de quelques bobos parisiens […] C’est d’abord une insulte à l’ensemble des Français qui nous écoutent. C’est une insulte aussi à l’ensemble de mes collaborateurs et à tous les invités de la radio. Et accessoirement, c’est une insulte à ma famille de résistants qui a été fusillée en 42. Chaque centimètre carré de la France est une flaque de sang ».
En septembre 2020 il annonce son départ de Sud Radio, peut-être sur fond de conflit avec ses actionnaires. Il anime ensuite une émission sur RT « La France oubliée » avant de lancer sa propre web télé Place des audacieux en septembre 2021.
Publications
- SEXITÉ, roman, Éditions Raymond Castells, 2000
- TNT, un scandale d’État, éd. Les enquêtes de Lyon Capitale, 2015, 192 pages, 12 €
- Hé ho, on est chez nous ! La télé française, entre no man’s land et mafia d’État, éd. Les enquêtes de Lyon Capitale, juin 2016
- Passager clandestin, en collaboration avec Antoine Peillon, éd. Au Diable Vauvert, 304 pages, 19 mars 2020.
Parcours militant
En avril 2017, encore quasi invisible dans les médias, il compare En Marche d’Emmanuel Macron à Benito Mussolini sur TV Libertés. « C’est du soft fascisme », déclare-t-il à l’antenne. En mai 2019 il revient sur ses propos sur Twitter : « J’avais dit, quelques jours avant le 1er tour de la présidentielle qu’on serait en marche vers le fascisme soft. Le mot « soft » était-il de trop ? À vous de voir ».
En septembre 2017, il embauche comme éditorialiste Henri Guaino, à la condition qu’il n’affiche pas à l’antenne ses opinions partisanes. Il le limoge en mars 2018, après qu’il ait fait état de ses convictions pro-sarkozystes sur l’antenne d’une chaîne concurrente. Le limogeage se passe mal, Guaino traite Maïsto de « cerveau dérangé par le complotisme » tandis que Maïsto le renvoie à son incompétence.
Il dévoile les dessous de l’attribution des fréquences de la TNT en 2011 par le CSA et l’Elysée, et s’élève à plusieurs reprises, à partir de 2015, contre la concentration des médias aux mains de quelques oligarques, dénonçant les scandales Radio Nova et Numéro 23. En avril 2018 sur le Figaro, il plaide pour la suppression du CSA – conseil supérieur de l’audiovisuel – qui a plutôt été complice du pouvoir que l’instance de contrôle indépendante qu’il est censé être. Il dresse par ailleurs le même constat concernant l’institut Médiamétrie et met en doute sa mission de service de public.
Il soutient et couvre le mouvement des Gilets Jaunes depuis fin 2018, notamment par des lives dans les manifestations qu’il diffuse sur Facebook, ce qui lui vaut finalement de voir son compte Twitter définitivement suspendu. Il s’insurge et dénonce la censure sur son nouveau compte, suspendu aussi.
Il explique à France 3 : « J’ai été signalé massivement par des comptes pro-Macron ouverts récemment et de manière anonyme. Ils ont profité d’une conversation à propos de Jérôme Rodriguez, qui perdu un oeil pendant une manifestation. Un twittos se moquait de lui. Je lui ai dit « si je venais vous crever un oeil, vous trouveriez ça marrant ? ». Dans la foulée, alors qu’en fait je demandais de la décence, j’ai été signalé à Twitter ».
Et dénonce une censure politique : « C’est clairement une censure politique. Je me suis aperçu plus tard que quelqu’un avait ajouté le compte Twitter d’Emmanuel Macron à la conversation. Je ne dis pas que c’est lui qui m’a signalé mais comme il était dans la conversation, Twitter a agi très vite. C’est de la censure politique ». Finalement, il récupère l’usage de son compte Twitter initial.
Au sujet de sa position et de l’articulation avec son poste de patron d’une station de radio, il s’explique : « Je reconnais que ça peut troubler. Mais je suis dans mon rôle. Je dénonce ce qui doit l’être mais je dis aussi quand les choses sont faites correctement, y compris du côté des forces de l’ordre. Je laisse la place au débat, tout comme sur l’antenne de ma radio. Certes c’est une partition un peu difficile mais je mets en accord mes convictions profondes, humaines, morales avec mon activité professionnelle ».
Collaborations
Non renseigné.
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Il l’a dit
« Je suis farouchement attaché à l’équité des temps de parole, et je ne veux pas de journalisme militant à l’antenne. Ce serait prendre les auditeurs pour des idiots, et manquer de respect à nos invités », Télérama, 24/3/2014
« J’observe que, depuis cet appel à candidatures pour de nouvelles chaînes de la TNT – notre projet en avait été écarté –, les choses ont nettement évolué. Olivier Schrameck [président du CSA depuis janvier 2013] est un homme discret, sobre, efficace, audacieux. C’est de l’histoire ancienne. J’ai d’ailleurs fait en sorte qu’on n’ait plus accès à cet article », ibid [où il avait rebaptisé sur Lyon Capitale le CSA = copinage, sexe et argent]
« N ’ayant ni la surface financière ni le talent pour porter un projet audiovisuel digne de ce nom, ayant par ailleurs accumulé les plantages et les fiascos professionnels, Pascal Houzelot a cependant, de l’avis général, “de l’entregent”. Ancien lobbyiste de TF1 du temps de la splendeur d’Étienne Mougeotte, intime de Pierre Bergé, qui l’installera au conseil de surveillance du Monde, Pascal Houzelot a la bise, l’accolade et le tutoiement faciles, surtout avec ses amis politiques, parapolitiques et du CAC 40, qu’il appelle par leur petit nom et à voix haute, sur un air entendu », dans son livre TNT, un scandale d’État, 2015.
« Fiducial Médias a répondu à l’appel à candidatures du CSA du 18 octobre 2011 pour 6 chaînes de télévision en haute définition sur la TNT. Ayant vécu cette histoire de l’intérieur et patiemment rassemblé – et conservé – toutes les pièces du puzzle, c’est en connaissance de cause que je puis affirmer que, lors de cet appel, les choix étaient en réalité déjà opérés en amont par l’Élysée. Je vais donc vous raconter cette histoire digne de Millenium de la façon la plus factuelle, la plus sobre et la plus sincère qui soit », 28 septembre 2015 devant le CSA – repris sur Lyon Capitale.
« Après le rachat de Sud Radio et notre accord, nous étions vraiment passés à AUTRE CHOSE, nous avions tourné la page et même enlevé du site Lyon Capitale – ce que je n’avais encore jamais fait de ma vie et que je ne ferai plus jamais – la TOTALITÉ des articles consacrés à cet appel à candidatures et à ses suites. Il est important de le préciser pour la suite de l’histoire », ibid.
« La diversité telle qu’elle a été bassement utilisée dans cette affaire [Numéro 23] – au fond, c’est ça le plus grave – rappelle la lutte contre le cancer dans les années 1990, quand les Français découvrirent que seulement 27 % des sommes collectées par l’ARC étaient consacrées à la recherche », ibid.
« Le pouvoir est particulier et pour réellement influencer sur le quotidien des gens, il faut être à côté et non dedans. Le pouvoir politique aujourd’hui est vidé de sa substance parce qu’il n’y a plus vraiment de souveraineté du pays. La voix de la France est assez fine », la Ruche, 13/07/2016.
« Je ne passerai pas sous silence les personnes qui ont tenté (en vain) de torpiller méthodiquement mes travaux[…] Pascal Houzelot et son réseau de “journalistes” – Caroline Sallé et Enguérand Renault (Le Figaro), qui m’ont accusé, sans rire, dans le premier quotidien de France (mon ancienne maison) d’appartenir à “la fachosphère antisémite, raciste et homophobe”, Alexandre Picard (Le Monde) toujours prompt à tresser des couronnes de lauriers à Numéro 23 sans jamais me donner la parole ; des hommes de médias tels qu’Étienne Mougeotte, qui a personnellement caviardé tous les articles s’intéressant de trop près à son protégé Houzelot (récemment encore dans Valeurs actuelles), Pierre Bergé, téléphonant directement à des patrons de presse avec son style inimitable de vieux baron décadent et toussotant, ou encore Alain Weill, qui, d’après ce que j’ai eu à en connaître, ne semble respecter rien ni personne, même pas sa propre parole ; des hommes politiques tels que Franck Riester (LR), ami proche de Pascal Houzelot et concessionnaire Peugeot aux tarifs attractifs n’hésitant pas à sortir ses griffes, Christian Kert (LR), qui a passé son temps à discréditer la commission d’enquête dont il est pourtant président (!), Patrick Bloche (PS) qui siège dans toutes les fromageries culturelles de la Généreuse République Française et prend la pose au théâtre. Je ne parlerai pas de Michel Boyon et de ses amis, ni du cabinet de Nicolas Sarkozy et de ses affidés… », Sud-Radio, 15/12/2016, op. cit.
« J’ai le cerveau dérangé par le complotisme de Monsieur Guaino. On l’a embauché en septembre 2017. J’ai pris l’engagement auprès du CSA pour ne pas tromper les auditeurs que Monsieur Guaino abandonnerait la politique partisane ». […] Pourquoi je l’ai viré ? Il avait pris l’engagement d’être éditorialiste. Quel ne fut pas notre surprise de le voir sur une chaîne concurrente, le dimanche à 13 heures, seul invité politique dans une émission politique sans contradicteur. On ne peut pas être éditorialiste la semaine et homme politique le week-end […] « Il se voit comme le nouveau Malraux. Je crois que c’est un océan d’insignifiance et de malhonnêteté. […] C’est quelqu’un qui ne sait pas se servir d’un ordinateur, qui ne sait pas se commander un taxi. Ce sont des gens qui ne pourraient pas vivre une semaine dans une entreprise », sur Morandini Live, 03/04/2018.
« À quoi sert le CSA ? Et, au-delà, quelle est l’utilité de la plupart des huit «autorités publiques indépendantes» et autres dix-huit «autorités administratives indépendantes»? […] elles coûtent encore près d’un demi-milliard par an aux contribuables, dans un pays où les prélèvements obligatoires ont atteint 45 %! Et malheureusement, on ne peut pas dire que ces comités kafkaïens aient joué un jour un rôle décisif: le CSA n’a rien fait pour empêcher l’escroquerie Radio Nova, implantée à Lyon par une prise de contrôle illégale d’une radio associative dédiée «au dialogue intercommunautaire», ni celui de la chaîne Numéro 23 dédiée à «la diversité» et obtenue par fraude, puis revendue à prix d’or (presque 100 millions d’euros) à NextRadioTV (BFM/RMC), puis à SFR. Le régulateur a au contraire organisé et mis en œuvre ces scandales, en parfaite symbiose avec un pouvoir politique qui lui donnait méthodiquement des ordres, parfois jusqu’à la caricature », Le Figaro, 18/04/2018.
« Ces autorités, qui n’ont pas grand-chose d’indépendant sinon leur sigle et qui bénéficient d’un cadre juridique dérogatoire du droit commun, sont devenues anachroniques et pour la plupart parasitaires dans la France de 2018. […] Ce sont des États puissants dans un État impuissant, comme autant de rouages essentiels de mécaniques inutiles, qui tournent sur elles-mêmes et ne rencontrent que rarement le réel, si ce n’est pour le contraindre et l’acculer dans des impasses », ibid.
« ll est ainsi communément admis que le CSA est «le gendarme de l’audiovisuel chargé de surveiller la bande FM». Pourquoi? Y aurait-il un danger? Lequel? Les carottes sont-elles cuites? Ici Radio Londres?! Nous travaillons plus de soixante-dix heures par semaine, nous sommes des passionnés et des entrepreneurs responsables, nous n’avons pas besoin d’être «surveillés». La situation devient ubuesque, et la liberté d’expression ne cesse de reculer », ibid.
« Je suis vulgaire comme un gilet jaune […] la France des troquets, du tiercé et des plats du dimanche. La France des types qui matent le cul des filles et celle des filles qui font semblant d’être offusquées. (…) La France qui se fout de l’écologie, mais qui connaît le nom des arbres, des champignons et des oiseaux. (…) Je suis un beauf. J’aime les gilets jaunes », 17/12/2018.
« On ne peut pas aimer la France et ne pas être touché par ces gens-là », à son épouse au sujet des Gilets jaunes, fin 2018.
« Mon ancien compte définitivement suspendu. Alors que justement j’appelais à la retenue et à la décence. Pas grave. Plus « on » voudra me faire taire, plus je ferai des petits, petits, petits ruisseaux. Orwell, c’est déjà demain », Twitter, 03/04/2019.
« Mme @SibyleVeil, une chroniqueuse de France Inter, Charline Vanhoenacker, a indiqué dans une interview au Parisien que @SudRadio était une station négationniste. Je pourrais porter plainte pour diffamation, je ne le ferai pas. Mais des excuses publiques seraient bienvenues », Twitter, 23/06/2019.
« Ce n’est pas nouveau : il y a quelques années, une autre humoriste pas drôle, Sophia Aram, qui s’est ridiculisée dans une émission de télé, qui s’est arrêtée à peine avoir commencé, avait dit : « Les auditeurs de Sud Radio sont des cons », ibid.
« Il suffit de dire que le peuple est éborgné et énucléé et de lui donner la parole, pour aussitôt être catalogué de droite, voire d’extrême droite, voire fasciste, séditieux et haineux.
Ça suffit ! C’est tout à fait le macronisme ambiant. Aujourd’hui, une soi-disant gauche nous impose sa pensée. Mais c’est en réalité une gauche contre le peuple. Si je ne me trompe pas, la présidente de France Inter est une amie de promo de monsieur Macron.
Cette gauche s’offusque toujours, avec de grands discours. La planète, par exemple, avec Greta Thunberg, la figure extraordinaire de tous les temps… Une lycéenne qui vient faire la leçon à la planète entière. Voilà où on en est !
Cela ne représente pas le pays réel. Cette caste représente en tout et pour tout 5.000 personnes qui font joujou entre elles avec 700 millions d’euros de budget et veulent nous dire le bien et le mal. Ce n’est pas possible ! », Boulevard Voltaire, 25/06/2019.
« Quand vous mettez en face de lui [Thierry Ardisson] Charline Vanhoenacker, qui se permet de le juger, on peut s’interroger sur ce qu’elle a fait de sa vie. Que connaît-elle de la France ? Elle est belge. Elle crache sans arrêt sur la France sur une radio payée par nos impôts. Elle est toujours en train de dire qu’en Belgique, c’est mieux. La Flandre ceci, la Wallonie cela. Si la France ne lui plaît pas, qu’elle y retourne, en Belgique ! », ibid.
« Les blacks blocks étaient arrivés par centaines sur des Champs Élysées entièrement ouverts. Puis l’avenue a été bloquée et on les a laissé piller, sauf chez Vuitton et à la boutique du PSG. Mais quand je dis ça, on me traite de conspirationniste, comme quand je montre que les chiffres des manifestants annoncés par la préfecture sont grotesques », Marianne 04/09/2019.
« Les réseaux sociaux permettent de sortir de la chape de plomb des médias traditionnels, sans les tunnels de pub et en prenant le temps. On touche un autre public, plus exigeant, que l’on peut d’ailleurs parfois ramener vers des médias traditionnels où il n’allait plus, ce qui se comprend », ibid.
« Il y a d’ailleurs le petit journaliste qui filmait qui se l’est pris en pleine face alors qu’il discutait simplement avec des Gilets jaunes. Qu’on me dise pas après que les gens ne sont pas ciblés de façon nominative parce que je dirai ensuite quelque chose : la sécurité des Français, la sécurité des manifestants, comme la sécurité des gens qui viennent juste relater le réel, n’est plus assurée aujourd’hui. Et moi j’incite tous les gens à ne plus tomber dans ces guet-apens organisés et d’essayer de réfléchir. Je ne suis rien parmi les Gilets jaunes, je ne suis ni une autorité morale ni un chef, mais à un moment j’ai pas envie que les Françaises et les Français se fassent tirer dessus, éborgner, arracher des mains, voire tuer parce qu’ils viennent faire part de leurs revendications et qu’ils tombent dans un piège tendu par les forces de l’ordre et les manifestants, c’est inacceptable ! », Sud Radio, 18 novembre 2019.
[Sur l’affaire Griveaux] « Je ne vais pas verser une larme car les hommes politiques les ont beaucoup utilisé, les ont beaucoup instrumentalisé, pendant la campagne présidentielle notamment. Je rappelle qu’Israël Emelien venait sur le plateau de France 5 dire devant Patrick Cohen que la règle sur Twitter, c’était d’avoir des faux comptes. Moi je l’ignorais, j’ai un vrai compte, avec mon nom, prénom, ma fonction, ma photo. Puis je rappelle que le président de la République a 4 millions de followers dont 40 à 60% sont des faux followeurs, des robots. Donc je ne crois pas du tout à la candeur, je ne crois pas du tout à l’accident ; je crois à beaucoup de légèreté, d’inconséquence. », RT France, 19 février 2020.
Sa nébuleuse
- Christian Latouche, PDG de Fiducial, « mon père spirituel, mon père tout court », écrit-il dans un papier sur l’attribution de la chaîne Numéro 23 sur Sud Radio le 15 décembre 2016.
- Ses soutiens lorsqu’il a dénoncé le « complot d’État» dans l’attribution des fréquences TNT, qu’il liste le 15 décembre 2016 : Laurent Mauduit (Mediapart), Marc Baudriller (Challenges), Michel Revol (Le Point), Christophe Beaugrand (LCI), Martial Bild (TV Libertés), Jean-Jacques Cordival (CGC Médias).
- Sur le plan politique, dans les mêmes conditions, Martine Martinel (PS), Marcel Rogemont (PS), Thierry Braillard (UDI), Bernard Debré (LR).
- Étienne Chouard.
- Antoine Peillon, grand reporter à La Croix.
- Paul-André Pelloux du groupe immobilier du même nom
On a dit à son sujet
« Là, je suis tombé sur un cerveau qui est dérangé par le complotisme [en parlant du patron de Sud Radio, ndlr]. Quelqu’un qui s’imagine et qui vit dans cette hantise du complot dont il serait la victime et dont le chef de l’État à l’époque aurait été le grand ordonnateur, j’appelle ça du complotisme », Henri Guaino sur Morandini Live, 30/03/2018.
« Didier Maïsto est un patron de médias assez passe-partout et plutôt calme, qui parle à feu doux ; il est aussi un citoyen féroce parti à l’abordage d’un combat immense et terrible. Il tente de récolter tous les indices possibles pour prouver combien notre pays est absurde ou pitoyable, tragique et beau à la fois. Que le jaune est la couleur de l’espoir, que le peuple vaut largement les élites », Le Monde, 05/04/2019, op.cit.
« Il est certainement très sympathique, mais le peuple qu’il veut représenter mérite mieux que le fond de vulgarité qu’il étale parfois », Jean-Michel Aphatie, Càvous, 07/04/2019.
« Je suis toujours hallucinée qu’on déroule le tapis rouge à l’extrême droite. En Wallonie, elle n’est jamais sur les plateaux et, aux européennes, elle a fait moins de 5 %. En France, Marine Le Pen est partout et a gagné le scrutin… Les médias sont responsables de la banalisation de ses idées. Surtout ceux comme Sud Radio dont les théories d’Alain Soral sont le fonds de commerce », Charline Vanhoenacker au sujet de Sud Radio, Le Parisien, 23/06/2019.
« Aujourd’hui, Sud Radio version Didier Maïsto a donc pris le parti de donner la parole à ceux que, selon lui, on ne voit pas ou que l’on entend peu sur les grands médias. Au risque de dérapages plus ou moins contrôlés. Lui-même intervient souvent à l’antenne et lors de longs Facebook Live pour exprimer une parole qu’il qualifie de « vraie » et de « libre ». Durant la campagne présidentielle de 2017, dans une longue interview à la web-télé d’extrême droite TVLibertés, il avait comparé le candidat Macron à Mussolini. Malgré une audience toujours faible, le positionnement de la radio, qui s’est ouvertement placée comme la radio des Gilets jaunes au plus fort du mouvement, fait réagir : Sud Radio, à défaut d’être très écoutée, fait beaucoup parler d’elle. Elle est devenue selon son pdg « la radio du peuple » contre les élites », France 3, blog Médias d’ici, 24/06/2019.
« Vu sa position, aller comme il l’a fait sur le terrain est très surprenant. Il m’a impressionné par sa persévérance à rendre compte et à s’interroger en observateur », Antoine Peillon (la Croix) à son sujet, Marianne 04/09/2019.
« La première fois que nous nous sommes rencontrés, Didier, c’était le 14 mai 2019, а Sud Radio, où André Bercoff et toi-même m’aviez invité, avec l’avocat Philippe de Veulle, а parler de Christophe Dettinger, de mon livre Cœur de boxeur, des violences policières, du régime Macron… Je me souviens d’une conversation pleine d’intelligence, de respect et de sensibilité. Ton émotion, а propos des Gilets jaunes blessés, estropiés, éborgnés était palpable. Un communicant m’avait pourtant prévenu : « Sud Radio ? C’est pinard-saucisson ! » « Mais, plus précisément ? », m’étais-je inquiété. « Populisme », « bruns-rouges », avais-je récolté, sans plus d’arguments…
Cette bêtise bobo, Didier Maïsto la connaît trop bien. Et il sait comment elle a partie liée, en tant que servitude volontaire post-moderne, avec la domination oligarchique dont Emmanuel Macron, comme Nicolas Sarkozy et François Hollande avant lui, est un champion monstrueux. Lors de l’émission d’André Bercoff, la médisance de Cour qui m’avait été assénée fut balayée par les paroles humanistes du « patron » de Sud Radio. », Antoine Peillon, préface à Passager Clandestin.
« Je pourrais multiplier les exemples et les anecdotes, sur des milliers de pages : un petit groupe de personnes, une centaine tout au plus en France, alliance entre le pouvoir politique (quel qu’il soit), le CAC 40, les médias (qui ne sont que leur propre caisse de résonnance) et quelques magnats étrangers, qui viennent rendre de menus services aux « élites françaises », sans doute parce qu’ils adorent la démocratie et les Droits de l’homme. », Passager Clandestin, p.158–159.
« Je leur propose d’aller prendre un verre au bar-tabac des Chinois, avenue de Versailles. En quelques minutes, tout le monde se tutoie. Je ne suis plus Monsieur le président, mais simplement Didier. Ils m’ont identifié comme faisant partie de ce qu’ils appellent leur monde. Je suis impressionné par leur pertinence, sur les sujets les plus complexes. On échange sur la France, sur le monde de la finance, sur Trump, Poutine, le Brexit, on parle musique et philosophie, économie et littérature, produit intérieur brut, dette, référendum d’initiative citoyenne… », Ibid, p.190.
« D’origine italienne, ma famille a versé son sang pour la France et, à aucun moment, que ce soit du côté maternel ou paternel, je n’ai entendu la moindre parole antisémite, la plus petite allusion désagréable, larvée dans des sous-entendus vaseux. Au contraire, il y avait chez eux « un désir de France », celui d’un pays ouvert, qui libère, intègre, assimile, la terre de tous les possibles, notre terre.
Enfin, c’est l’idée qu’ils s’en faisaient… jusqu’à ce qu’ils deviennent des « rapatriés », véritables juifs errants, catholiques dépossédés de leur travail, de leur maison, de leurs rêves, de l’amour du sol natal et même de leur mort – comment dès lors pourraient-ils perdre à nouveau leur vie ? – ni Arabes, ni Français, ni Italiens, apatrides d’un pays dont ils avaient contribué, dans la douleur, à définir les contours, qu’ils pensaient universels, groupe sanguin O, toujours donneurs, rarement receveurs. La France : en la regardant dans la noirceur de son âme et à travers l’épaisseur de son sang amer, j’ai aussi appris à l’aimer. Parce qu’elle est avant tout l’idée qu’on s’en fait, elle nous oblige à donner le meilleur de nous-mêmes. », Ibid, p.260–261.
« Avoir vécu dans des quartiers populaires, où tout le monde se mélangeait sans aucun problème, par la force des choses et des événements, m’a sans doute empêché de nourrir des sentiments hostiles à l’égard de telle ou telle communauté. La situation s’est dégradée à partir du moment où, lycéens, on a arboré la main jaune sur le revers de notre blouson, avec le slogan « Touche pas à mon pote ». On est ainsi passé du droit à l’indifférence au droit à la différence », Ibid, p. 261.
« L’ambition qu’il assigne à sa chaîne fleure bon l’opportunisme démagogique : « L’idée, c’est de rendre les gens libres, de les déculpabiliser de penser par eux-mêmes », décrit-il depuis les bureaux qu’il occupe dans la société de ses deux associés, Thomas Binet et Paul-André Pelloux, respectivement directeur général et président du groupe immobilier Pelloux » Le Monde, 13/09/2021