KKR comme Kholberg, Kravis, Roberts a déjà investi dans les médias dans les Balkans avec pour bras armé David Petraeus, ex chef de la CIA devenu empereur local des médias. Il a pris à l’été 2019 le contrôle de l’allemand Axel Springer Verlag, devenu principal actionnaire avec 43% du capital. Quelques mois plus tard les salariés du groupe paient les pots cassés.
Premier groupe de presse allemand
La veuve du fondateur, Friede Springer (qui conserve une partie de ses actions), régnait sur un joli groupe avec plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 16.000 salariés. Elle et les petits-enfants auront de quoi se payer de belles vacances puisque KKR a accepté de payer 2,9 milliards d’euros pour 43% des actions, valorisant le groupe au-delà des 6,5 milliards d’euros.
Le groupe réalise plus de 84% de ses profits dans le secteur des places de marché en ligne : voiture, emploi, logement (comme Seloger en France) et a racheté Business Insider en 2014. Les fleurons de la presse écrite d’Axel Springer Verlag sont le quotidien Die Welt et le tabloïd Bild, le premier plus intellectuel, le second nettement racoleur, tous deux réputés proches de l’aile centriste de la CDU.
Du profit avant toute chose, mais pas seulement
Si l’information au sens large du terme représente la moitié des revenus du groupe, elle ne compte que pour 16% des profits. D’où la décision de K1, K2 et R de mettre les choses en ordre, la shareholder value étant le premier mot d’ordre du fond. Comment fait-on ? Tout d’abord on annonce investir 100M€ dans la vidéo et le sport, et en même temps on réduit les coûts. Comment concilier les deux ? En comprimant les effectifs : fusion de rédactions, déménagement dans un seul bâtiment (un déménagement permet toujours de laisser du monde à la porte), guichet de départs volontaires, licenciements secs, etc.
La présence de KKR dans un groupe de médias n’est jamais innocente comme l’a prouvé notre grande enquête sur les rachats de médias dans les Balkans avec à la tête de l’opération le général Petraeus, ex numéro 2 des bombardements américains sur la Serbie. Devenu de fait américain, Axel springer pourrait être retiré de la bourse de Francfort. Par ailleurs comme nous le notions dans un précédent article, Springer conserve aussi de jolis actifs médias dans les pays d’Europe centrale où George Soros est très présent. De quoi joindre l’utile à l’agréable, profits et influence politique.