Résumons les faits : Julian Assange (portrait) est en prison en Angleterre depuis le 11 avril 2019 pour avoir fui la justice britannique en se réfugiant en 2012 à l’ambassade d’Équateur suite à une plainte des autorités suédoises pour « viol ». La Suède vient d’abandonner les poursuites. Assange sera-t-il libéré pour autant ? Pas si sûr.
Un drôle de viol
La plainte suédoise remonte à août 2010. Une plaignante suédoise reproche à Assange d’avoir eu des « rapports non protégés » alors qu’elle s’y opposait. Remarquons que les deux intéressés étaient amants consentants. Assange maintient que ce rapport non protégé était accepté. Les faits remontent exactement au moment où Assange qui avait fondé Wilikeaks en 2006 à Melbourne, était en train de préparer la fuite de plus de 250.000 documents diplomatiques secrets notamment sur les conflits en Irak et en Afghanistan déclenchés par les américains.
À l’été 2015, la plateforme fait fuiter des documents qui démontrent que la NSA a directement espionné les présidents Chirac, Sarkozy et Hollande. Une opération que Assange intitule « Franceleaks », affirmant que les raisons de ces surveillances sont à la fois politiques et économiques, et qu’elles s’inscrivent dans une manœuvre d’espionnage industriel, ayant pour finalité de miner la compétitivité des entreprises françaises au profit des États-Unis.
Abandon des poursuites, mais…
Le 19 novembre 2019, la procureur suédoise qui suit l’affaire, Eva-Marie Persson annonce l’arrêt des poursuites, l’enquête n’ayant pas permis d’apporter une preuve quelconque pour une condamnation. C’est la deuxième fois que l’enquête est classée sans suite. La première fois en 2017, puis rouverte en 2019 après l’incarcération d’Assange expulsé de l’ambassade par les autorités équatoriennes sur pression des États-Unis.
Assange va-t-il être libéré ? La plaignante suédoise peut encore faire appel. Surtout sa libération par les autorités britanniques est plus que douteuse. Les liens entre le « petit frère » anglais et le « grand frère » américain sont nombreux sur tous les plans en particulier dans le domaine du renseignement où les échanges d’information sont automatiques entre les deux pays. On voit mal les États-Unis renoncer à une possible extradition. Assange est sous la menace d’une peine de prison dépassant les 160 ans (sic). Malade, affaibli, dépressif, largement abandonné à lui-même, si l’oncle Sam veut sa peau et on voit mal la Grande-Bretagne faire de la peine à son grand frère.