Il n’y a qu’un seul écrivain Renaud Camus, dont les prises de position choquent assez les médias convenus pour être régulièrement rappelées chaque fois qu’un tueur ou terroriste autre que musulman, une petite minorité à l’échelle du monde, comparativement aux meurtres de masse en cours, assassine quelqu’un. Un seul écrivain mais en cas de portraits, il semble qu’il y ait plusieurs Camus. Tout est dans la présentation. Illustration avec Le Monde et Valeurs Actuelles.
Renaud Camus publie un nouveau livre, Le petit remplacement, chez Pierre-Guillaume de Roux éditeur. L’homme est affable et tout sauf dangereux, chaque journaliste qui le rencontre en convient, car maintenant des journalistes vont le voir, ce qui ne fut pas toujours le cas, l’écrivain et l’homme ayant été rejetés au rang des pestiférés à la fin des années 90 du siècle passé. C’était une autre époque : Renaud Camus était une idole du monde littéraire dominant de gauche (comme si un monde littéraire dominant de droite était possible en France), faisait la Une du Monde des Livres ou du Magazine Littéraire pour cette simple raison qu’il était considéré comme l’un des meilleurs écrivains Français, le plus grand peut-être de l’époque, défenseur d’une langue française en cours de transmutation, ce que ces médias ne voyaient pas encore, de la civilisation européenne, déjà, du fait de son style, ce que ces médias ne pouvaient pas encore voir. Pourquoi ?
Aux origines du mal : Paris, années 90.
Pour comprendre la situation actuelle de Renaud Camus, et l’impact que ses idées ont dans les médias, il faut revenir aux années 90 du 20e siècle. Ne parlant pas encore de politique, ne prêtant pas le flanc à une attaque concernant des idées liées à des populations exogènes, ne parlant pas plus de communautés religieuses, Camus cochait beaucoup de cases alors on l’aimait bien, comme celle-ci : il publia trash, un livre portant sur sa propre vie et son homosexualité — carrément cru, comme livre. Le lecteur y voyait très clair. Il était alors interdit de le dire et même de le penser mais réussir sur la scène littéraire était plus aisé quand l’on était homosexuel que le contraire.
Deux coups de fil ont par exemple suffit à la rédaction de l’OJIM pour recueillir des témoignages affligeants dans ce domaine. Le premier, de la part d’un écrivain alors débutant et maintenant cinquantenaire qui, jeune trentenaire, était en relations avec un critique littéraire du Monde au milieu des années 90. Le critique était de talent mais n’était pas un grand écrivain, même s’il publiait des romans et des recueils de nouvelles, il était cependant celui par qui entrer dans le milieu, le temps d’une première petite recension dans les pages du Monde des Livres alors dirigé par la papesse du Paris littéraire Josyane Savigneau. Cette dernière était faiseuse d’écrivains renommés ou tueuse de carrière, sa profession cachée. Le premier, Hugo Marsan, ancien rédacteur en chef de Gai Pied puis tout naturellement Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2012 est sorti des radars. La seconde officie encore un peu, jouant de son influence demeurée vivace quoiqu’en chute libre. Les deux étant aussi homosexuels, ce qui est de notoriété publique, assumés, et n’est heureusement. aucunement interdit, Chacun est libre de sa sexualité. Mais il en va du sexe comme de toute chose, ce n’est pas censé servir à des fins de pouvoir. Rendez-vous fut donc pris par le jeune écrivain, notre premier témoin des années 90, avec le critique Hugo Marsan, chez ce dernier. Le critique accepta le livre (premier roman juste paru), l’écrivain fit mine de ne pas comprendre à quoi pouvait servir la liseuse confortable sur laquelle le critique était allongé et l’on en resta là. Définitivement.
Second témoignage, celui d’un jeune éditeur dont la petite maison située en province démarrait fort dans la première décennie du 21e siècle. Ne manquait plus qu’un coup de pouce de l’équipe du Monde des Livres. Rendez-vous fut donc pris dans un restaurant italien connu de Saint-Germain des Prés, aux frais de l’éditeur et du patron financier de la maison bien sûr, le journaliste littéraire de gauche appréciant l’invitation. Le hasard voulut que ce dernier fût vêtu à l’italienne années 50, le premier tout en noir, cheveux rasés, jeune. On aurait dit, mais ce n’était pas voulu, une sorte de couple. Le repas fut charmant en compagnie de Josyane Savigneau et d’un autre membre alors influent du Monde Jean-Luc Barré. Méprise, l’éditeur et son patron furent pris pour membres de la communauté LGBT, ce qu’ils n’étaient pas, et le rendez-vous fit flop, malgré forts serrages de mains, bises et promesses.
En ce temps-là, Renaud Camus, à son corps défendant, bénéficiait de la sexualité ambiante du milieu littéraire parisien. Patatras ! Renaud Camus publie alors un ouvrage chez Fayard comportant quelques lignes immédiatement accusées d’être antisémites et par extension la même accusation est portée contre l’auteur. Renaud Camus a mis à disposition les documents relatifs à cette affaire sur internet. Il indiquait en réalité le fait que la majorité (50 % + 1) des intervenants des émissions consacrées à la littérature sur France Culture fussent juifs. Le voici donc « antisémite », banni du monde des lettres etc. Et même qualifié de « traître homosexuel » par des membres fondateurs d’Act up. Quelques lignes vite interprétées avaient suffi. Avec le temps, beaucoup de choses ont été reprochées à Renaud Camus, mais plus trop l’antisémitisme — ce qui suffirait probablement à dégonfler la baudruche de l’époque.
Par contre, de l’écrivain, Le Monde n’aime pas le « Grand Remplacement ».
À SUIVRE