Il n’y a qu’un seul écrivain Renaud Camus, dont les prises de position choquent assez les médias convenus pour être régulièrement rappelées chaque fois qu’un tueur ou terroriste autre que musulman, une petite minorité à l’échelle du monde, comparativement aux meurtres de masse en cours, assassine quelqu’un. Un seul écrivain mais en cas de portraits, il semble qu’il y ait plusieurs Camus. Tout est dans la présentation. Illustration avec Le Monde et Valeurs Actuelles.
Renaud Camus dans Valeurs Actuelles
Le choix de Valeurs Actuelles, dans son numéro paru le jeudi 28 novembre 2019, est différent (de celui du Monde). D’abord, l’hebdomadaire envoie un journaliste qui est aussi un écrivain, Olivier Maulin, reconnu par ses pairs, ce qui peut aider à la compréhension de la personnalité de Renaud Camus. Un écrivain journaliste qui a sans doute lu Barrès.
Enracinement
- Titre : « Renaud Camus, le maudit lumineux »
- Accroche : « A l’occasion de la réédition de six textes « politiques » fondamentaux, nous avons rendu visite à l’écrivain en son château de Plieux. Portrait d’un combattant prêt au sacrifice pour la défense de son pays ».
Dans les premiers mots tout ce que Le Monde ne peut, à l’instar des autres médias convenus, comprendre. A commencer par l’amour d’un lieu où l’on est enraciné, au point de se battre pour sa défense.
* Le début de l’article vaut son pesant d’écriture. On souhaite à Lucie Soulier de ne pas l’avoir lu, pour éviter des dépenses pharmaceutiques trop importantes : « C’est un petit pays de collines entre la vallée de la Garonne et les coteaux de Gascogne. La Lomagne, cette « Gascogne bossue », se caractérise par un relief marqué. Sur l’une de ces collines, à Plieux (Gers), se dresse une forteresse bâtie au XIVe siècle sur le modèle du château gascon, avec ses deux tours carrées, son corps central rectangulaire et ses deux salles par étage ».
La différence entre des médias tels que Le Monde etc et certains de ceux dits de « droite » ne tient pas qu’aux idées mais aussi à la qualité de l’écriture. Ce n’est pas nouveau, l’on constatait déjà cela aux 19e et 20e siècle, c’est moins noté aujourd’hui tant une certaine gauchisation, et la faiblesse de l’écriture dominent.
Censures
- Olivier Maulin insiste sur un point essentiel : la censure dont est victime Renaud Camus. Il fait paraître un livre en librairie début novembre 2019, disponible au moment du portrait de Lucie Soulier dans Le Monde, laquelle prend soin de ne pas en parler — censure évidente et scandaleuse. Maulin le signale, notant dès la première colonne cette occultation par Soulier.
- Camus n’a plus d’éditeurs, sinon maintenant Pierre-Guillaume de Roux, « éditeur courageux » qui ose éditer l’un de ses ouvrages pour la première fois depuis bien longtemps ? Qu’à cela ne tienne, il s’auto-édite et ses livres sont des succès.
- « L’homme est élégant et courtois, il a les yeux vifs et rieurs. Nous constaterons au cours des longues heures passées en sa compagnie qu’il a une qualité dont on fait trop peu de cas : l’humour. Oh, pas celui de Cyril Hanouna, bien sûr, lequel consiste à remplir les slips de nouilles en gloussant. Ainsi : « L’apocalypse est parfois joyeuse », nous confiera-t-il à propos d’Hervé Le Bras qui, le matin même de notre rencontre, venait, malgré lui, de valider à la radio la réalité du grand remplacement ».
- Valeurs Actuelles montre que Renaud Camus est aussi un artiste et un amateur d’art qui organise dans son château des expositions d’art contemporain. « Ce qui frappe le visiteur, c’est l’absolue coïncidence entre l’homme, son oeuvre et son logis. Une forteresse bâtie sur les hauteurs, d’un abord austère, un lieu de résistance d’où l’on voit l’ennemi arriver de loin, des murs irremplaçables abritant un extérieur calme, beau et raffiné, sans luxe ni ostentation, un intérieur qui mêle passé, présent et avenir, d’un équilibre parfait, un petit morceau de civilisation ».
Identifier les causes du désastre
Le journaliste de Valeurs Actuelles rend compte de ce qu’il voit, de ce qu’il a sous les yeux — des faits. Ce que Lucie Soulier du Monde n’a pas vu, sans doute à cause de son idée préconçue, venue en sachant d’avance ce qu’elle écrirait. Ce qui gêne ? « Cet amour de la civilisation, et plus encore la volonté de la défendre, voilà ce que l’on ne pardonne pas à Renaud Camus, comme à Zemmour, il ne faut jamais se fier aux dénominations staliniennes libellées dans les plaintes qui l’accablent. Les grotesques « incitations à la haine raciale » contiennent autant de vérité que les accusations de sabotage en URSS. C’est parce que, mieux qu’aucun autre, il a réussi à identifier les causes du désastre actuel, parce qu’il propose des solutions à ce désastre et parce que ses solutions vont radicalement à l’encontre de l’idéologie de l’époque, que Renaud Camus représente un danger mortel pour le système, qui par retour le traite en ennemi, et tente de le museler par tous les moyens ».
Justement le rôle d’une Lucie Soulier en son « portrait » à charge.
- Les médias présentant les choses autrement sont peu nombreux : « la dernière mode est de le présenter comme l’instigateur de l’attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, sous prétexte que le terroriste ayant abattu 51 musulmans en mars dernier a employé le terme de « grand remplacement ». Et tant pis si son oeuvre entière (dont Lucie Soulier n’a sans doute pas lu une ligne, NdA) répudie la violence, tant pis surtout si l’auteur de l’attentat n’a pas lu son livre sur le sujet, lequel n’est pas traduit en anglais, et n’a fait que reprendre une expression qui par son succès planétaire a échappé à son auteur ».
Des faits, simplement des faits. Quelle preuve Lucie Soulier peut-elle fournir de l’influence de Renaud Camus sur ce genre de drames ? Aucune.
- Valeurs Actuelles indique aussi qu’au départ Renaud Camus était un « personnage branché du petit milieu parisien et new-yorkais, ami de Frédéric Mitterrand, fréquentant Aragon… ». Pour lui, dès 2000, l’écriture doit intégrer la forme, le respect de la forme, qualité du style, et cela va avec la tenue de qui écrit, son habit, sa façon d’être. La forme est un tout. « La forme, c’est l’Autre, écrira-t-il bientôt, car c’est par elle que passe le respect de l’Autre ».
Qui au sein du quotidien Le Monde, aujourd’hui, est en capacité intellectuelle de comprendre une idée pareille ? Comme Renaud Camus devient résistant, comme il s’en prend au « remplacement de la culture par l’industrie culturelle et le divertissement, au soi-mêmisme caractérisant l’époque, cette volonté de coïncider avec ce que l’on est déjà », les bien-pensants en font un réac, bientôt un antisémite et un raciste…
* L’écrivain se penche sur les causes du désastre et impose le concept de « remplacisme global » : « le fait que tout soit remplaçable, jusqu’à l’homme lui-même ». Au coeur, il y a le grand remplacement mais ce dernier est un des éléments du remplacisme, pas le tout. Car « pour que ce grand remplacement soit possible, il a fallu au préalable que soit opéré celui qu’il appelle le petit remplacement, autrement dit la déculturation, l’enseignement de l’oubli, l’industrie de l’hébétude, la répudiation de la culture générale ».
C’est précisément l’objet du Petit remplacement, juste paru, et dont l’acquisition apparaît du coup comme un acte de résistance face au parti des médias convenus.
Les Rien-Pensants
Ici, le noeud gordien. Elizabeth Lévy a forgé le concept de « Rien-Pensants ». Tandis qu’Olivier Maulin et Valeurs Actuelles s’interrogent sur l’écriture, la pensée, les raisons et les implications de cette dernière, chez Renaud Camus, qu’ils pensent en somme, Le Monde et Lucie Soulier se déplacent avec un article mentalement déjà écrit en poche, incapables d’appréhender la pensée d’autrui, sauf à la transformer en la pensée ennemie dont ils ont besoin. Leur bouc-émissaire. C’est en cela que la presse forme majoritairement aujourd’hui un parti (quasi unique) des médias face auxquels se tiennent droit quelques résistants. Et Valeurs Actuelles de conclure : « Chaque jour qui passe, hélas, donne raison à ce visionnaire ». A lire les deux enquêtes, de tailles identiques, comment ne pas se rendre compte de la très grande faiblesse atteinte par certaines pages, (pas toutes) du Monde. Celles confiées à Lucie Soulier ne redorent pas le métier de journaliste, mais là ce n’était pas son objectif.
Renaud Camus, Le Petit remplacement, Pierre-Guillaume de Roux éd, 496p, 28 €