[Première diffusion le 3 janvier 2020]
Le 26 décembre est un jour un peu spécial. C’est le lendemain de Noël. Le Pape a prononcé la veille son discours « urbi et orbi ». Cette année encore, les migrants occupent une large part de la bénédiction du souverain pontife. Le quotidien régional Ouest-France est non seulement en phase avec les positions pro-migrants et sans frontières du Pape, il l’appuie dans plusieurs articles de l’édition du 26 décembre 2019. Au risque de tomber dans la caricature.
Le discours « urbi et orbi »
L’affaire n’est pas nouvelle, le Pape François confond charité et politique migratoire. En prétendant s’inscrire dans la tradition catholique, le souverain pontife multiplie depuis des années les positions les plus extrêmes en matière d’immigration. Le discours « urbi et orbi » prononcé le 25 décembre 2019 à Rome a été sans surprise. Ouest-France titre que « le Pape continue à défendre les migrants ». Commentant ce discours, le quotidien régional rappelle que « le Pape (qui) fait du soutien des migrants l’une des priorités de son pontificat ».
Le Pape François se singularise par une vision extrêmement caricaturale de l’immigration, en refusant la distinction migrant économique — réfugié politique, en occultant la dimension religieuse de l’immigration en provenance de pays musulmans et en érigeant la migration comme une solution aux pays d’origine des migrants. Tous ces arguments, Ouest-France n’en a cure, si l’on ose dire. Au contraire, le quotidien régional appuie le discours caricatural du Pape par d’autres articles en faveur de la « grande migration ».
« Pas de trêve de Noël pour SOS Méditerranée »
Le grand titre sur la page de couverture de Ouest-France est consacré à l’O.N.G. SOS Méditerranée qui secourt des migrants en mer méditerranée. L’article à ce sujet occupe également la plus grande partie de la dernière page de l’édition du 26 décembre. Titré « Sur l’Océan Viking, Noël a la saveur du devoir accompli », il fourmille de détails émouvants, tant sur l’équipage, qui a « les traits tirés en ce matin du 25 décembre » que sur les rescapés, qui à l’occasion d’un sauvetage sont aussi appelés des « désespérés, dont une femme avec un bébé embarqués sur un bateau de bois qui menaçait à tout de moment de se retourner ». On est dans le registre de l’émotion pure, voire de la sidération, sans aucune distance critique sur l’action de l’O.N.G.
Le quotidien régional présente SOS Méditerranée en des termes élogieux. Tout est simple dans cette affaire : il s’agit de secourir des migrants qui ont été lâchés en mer par des passeurs sur de frêles embarcations. L’Océan Viking ne semble avoir qu’une option : recueillir et conduire les clandestins en Europe. Ce n’est qu’une question d’heures pour que « Malte et l’Italie se mettent d’accord pour proposer un port sûr pour débarquer ».
Comme le soulignait récemment un article du site australien Quillette, les médias occidentaux « négligent scrupuleusement de s’interroger sur les régimes des pays des migrants et ne reconnaissent pas que c’est leur crise migratoire avant celle de l’Europe ». Ouest-France ne fait pas exception avec sa vision binaire de ladite « crise des migrants ».
Si le quotidien régional mentionne le financement de SOS Méditerranée, « à 98% de dons privés », il ne nous dit pas un mot sur le soutien indirect du milliardaire George Soros, qui a été détaillé dans un article d’Antipresse repris par l’OJIM. Une discrétion bien gardée par Ouest-France sur un milliardaire qui fait partie « des gens, peu nombreux mais puissants médiatiquement et socialement qui refusent sans le dire ouvertement le respect des lois migratoires », comme le soulignait G.W. Goldnadel dans un article du Figaro en juin 2018.
« Un Noël solidaire pour oublier la précarité »
Un autre article est consacré à un repas solidaire organisé à Laval par une association caritative. Ce n’est pas un travailleur pauvre ou un chômeur français à qui Ouest-France donne la parole. Non, c’est Mamadou qui s’exprime. Il a fui la Guinée-Conakry, il est « sans papier ». Au repas de Noel, « aujourd’hui, il y a des chrétiens, des musulmans, on est tous égaux » affirme-t-il. Voilà qui change effectivement de la Guinée Conakry où les conflits inter religieux ont été sanglants dans les dernières années. Mais l’essentiel n’est-il pas comme l’affirme une animatrice de l’événement que « des jeunes comme Pamo, qui ont envie d’aider (à organiser ce type d’événement NDLR), il y en a beaucoup. Comme ils ne peuvent pas travailler car ils n’ont pas de papiers, ils sont pleins d’énergie et volontaires ». Aucun commentaire de Ouest-France. Le problème ne serait donc pas qu’un étranger soit présent illégalement en France, mais qu’il n’ait pas de papiers.
« Brexit : les jeunes migrants sur la touche »
Pour ceux qui n’auraient pas compris que les frontières, c’est mal, un autre article est consacré au vote le 20 décembre par le parlement britannique d’un projet de loi « traduisant l’accord de sortie de l’Union européenne (et qui) sonne le glas du regroupement familial ».
Si les partisans du Brexit ont voulu notamment que leur pays puisse retrouver la maitrise de ses flux migratoires, la fin prochaine de la possibilité de regroupement familial des mineurs étrangers n’a pas les faveurs de Ouest-France. Le quotidien régional donne la parole aux associations de défense des migrants. Ce sera l’unique argumentaire développé dans l’article. « La mesure britannique pousse les mineurs à recourir aux services des passeurs en n’autorisant plus le regroupement familial ou les condamne à devenir des parias ».
La maitrise des flux migratoires est non pas présentée comme une protection des britanniques mais sous l’angle de situations familiales ponctuelles. C’est ce que l’on peut appeler prendre le problème par le petit bout de lorgnette.
Tout au long des articles de l’édition du 26 décembre de Ouest-France, le discours papal aura été appuyé par plusieurs illustrations, censées démontrer que les frontières sont des obstacles inhumains et que la maitrise des flux migratoires un objectif cruel, tandis que la régularité du séjour en France est une formalité dispensable. Pendant ce temps, Breizh Info nous apprenait en septembre qu’en raison de l’explosion du nombre de migrants, l’État leur a payé 40 000 nuits d’hôtel à Rennes depuis début janvier. « +27% de migrants en plus en Bretagne par rapport à 2018 » selon la Préfète de Bretagne. Des détails sans doute pour Ouest-France au lendemain de Noël… mais ses lecteurs n’en sauront rien.