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Stéphane Hessel : la manipulation des médias

8 mars 2013

Temps de lecture : 3 minutes
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Stéphane Hessel : la manipulation des médias

Temps de lecture : 3 minutes

La mort de Stéphane Hessel a été célébrée de manière unanime par les médias qui ont retracé la carrière et le parcours du « grand homme » que certains voudraient aujourd’hui voir entrer au Panthéon.

Un élé­ment majeur de sa vie a été rap­pelé sur toutes les chaines et dans tous les jour­naux : l’ancien résis­tant a été coau­teur de la Déc­la­ra­tion des droits de l’homme de 1948, ce qui lui donne bien enten­du une aura sup­plé­men­taire. Prob­lème : c’est faux.

Le jour­nal­iste Claude Moisy, ancien directeur de l’AFP, dénonce la « fab­ri­ca­tion » d’une légende dans un arti­cle paru dans Le Monde daté du 5 mars dernier. Ni auteur, ni con­tribu­teur, ni col­lab­o­ra­teur des auteurs de la déc­la­ra­tion, Hes­sel a tout au plus été témoin dans cette affaire. « La réal­ité est que pen­dant son séjour aux Nations-Unies, de 1946 à 1948, Stéphane Hes­sel n’a pris aucune part à la rédac­tion de la Déc­la­ra­tion qui eut lieu à ce moment-là », écrit-il. Hes­sel était en effet « le mod­este chef de cab­i­net de l’un des huit secré­taires généraux adjoints de l’ONU, le Français Hen­ri Laugi­er, chargé des affaires économiques et sociales, qui ne fai­sait pas par­tie du comité chargé de rédi­ger la Déc­la­ra­tion ».

Pour­tant, les jour­nal­istes relaient sys­té­ma­tique­ment cette « info », cer­tains plaçant Hes­sel aux côtés de René Cassin, un des véri­ta­bles rédac­teurs du doc­u­ment, d’autres car­ré­ment à la droite d’Eleanor Roo­sevelt, qui présidait le comité de rédac­tion, alors que « Stéphane Hes­sel n’a jamais siégé aux côtés ni de l’un ni de l’autre aux réu­nions du comité ».

Le plus grave pour Claude Moisy c’est que « tout le monde peut aujourd’hui accéder par Inter­net à des cen­taines de doc­u­ments offi­ciels sur la genèse de la Déc­la­ra­tion uni­verselle des droits de l’homme, sur son comité de rédac­tion, sur ses débats et les con­di­tions de son adop­tion. Aucun doc­u­ment de l’époque ne men­tionne le nom de Stéphane Hes­sel ».

Si le prin­ci­pal intéressé a par­fois été ambigu sur son pro­pre rôle, il sem­ble qu’au cré­pus­cule de sa vie, il ait souhaité clar­i­fi­er la sit­u­a­tion. Ain­si le 3 jan­vi­er 2011, il cor­rigeait lui-même le tir dans un entre­tien au mag­a­zine Poli­tis : « C’est l’occasion pour moi de revenir sur deux idées fauss­es. La pre­mière est que j’aurais fait par­tie du Comité nation­al de la Résis­tance (…) L’autre erreur est de m’accorder le rôle de coré­dac­teur de la Déc­la­ra­tion uni­verselle des droits de l’homme (…) »

Cela n’empêche pas les médias de con­tin­uer à relay­er « l’erreur ». Jeune Afrique, Médi­a­part, Arte, Le Nou­v­el Obser­va­teur, Rue89, France Info, etc… (liste com­plète ici).

La vérité étant publique, c’est donc sci­em­ment que les jour­nal­istes con­tin­u­ent de relay­er un men­songe dont le but est de créer une légitim­ité au per­son­nage pour don­ner plus de poids à ses pro­pos, large­ment partagés par l’ensemble de la classe médiatique.

« Un bel exem­ple de l’inconséquence avec laque­lle les médias imposent à l’opinion publique une vision illu­soire de l’Histoire autour de héros pop­u­laires ren­dus plus séduisants encore qu’ils ne le sont en réal­ité », selon Claude Moisy.

Dit autrement : un bel exem­ple de manip­u­la­tion pure et simple.

Crédit pho­to : DR. Source : papakarlos.free.fr

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