De grand reporter à conseiller politique
Née le 14 novembre 1966 à Paris, Laurence Haïm est journaliste politique à l’international. En 2017, elle devient pour quelques mois porte-parole de La République en Marche.
Fille de médecin, Laurence Haïm naît le 14 novembre 1966 à Paris. Sa mère écrit des livres pour enfants qui n’ont jamais été publiés. Son frère, Philippe Haïm, est compositeur et réalisateur. Il est notamment metteur en scène pour certains épisodes de la série de Canal+ produite par la société CAPA, « Braquo ».
Elle est généralement décrite – et notamment dans sa fiche Wikipedia – comme de nationalité franco-israélienne, ce qu’elle dément dans une interview donnée à Jonathan Nahmany le 3 avril 2017 pour Actualité Juive Hebdo :
« C’est complétement faux ! Mon lieu de naissance se situe à Paris. Je suis française et de confession juive. Mon rapport avec le judaïsme est fort et en même temps complexe. J’ai beaucoup travaillé en Israël mais aussi très souvent dans les conflits aux côtés des Palestiniens à Gaza, Ramallah et Bethléem. Ce que je pense sur cela relève de ma vie privée. »
Après des études en sciences politiques avortées, elle se forme au journalisme en autodidacte, au fil de petits boulots et de stages qui lui permettent de rencontrer des grands noms du journalisme, et notamment Philippe Labro et Christine Ockrent. Le premier lui offre son premier poste sur RTL ; elle devient assistante de la seconde. Elle passe ainsi en 10 ans de stagiaire chez RTL à journaliste internationale accréditée à la Maison Blanche.
Sa carrière se fait en effet à cheval entre la France et les États-Unis. En 1992, après s’être lancé dans la production de reportages pour l’agence de presse et société de production CAPA créée en 1989 par Hervé Chabalier, elle s’installe à New York où elle devient la correspondante française aux États-Unis de Canal+, puis d’i>Télé – et de l’agence CAPA bien sûr.
Elle est connue dans le milieu journalistique pour sa ténacité. En 1992, aux Jeux Olympiques de Barcelone, elle réussit à obtenir de Fidel Castro qui refusait toute interview quelques minutes d’entretien. Elle est aussi la seule journaliste française à avoir obtenu à deux occasions des interviews de Barack Obama.
Au fil de ses années passées aux États-Unis, elle réalise plusieurs reportages pour des chaînes françaises et américaines qui la font connaître en tant que reporter. Elle met un premier pied en politique en couvrant les élections américaines à partir de 2004. Son parti-pris en faveur des Démocrates est clair. Elle ne parvient d’ailleurs pas à le dissimuler lorsqu’elle est prise de sanglots, visiblement dépitée, à l’annonce des résultats favorable au président sortant. Elle devient d’ailleurs au fil de ses reportages sur le candidat assez proche de Barack Obama pour devenir la seule journaliste française avec accès à la Maison Blanche, et obtenir en 2013 une accréditation permanente en Pentagone.
En 2017, c’est à la politique française qu’elle s’intéresse puisqu’elle revient dans son pays natal pour y devenir quelques mois porte-parole de « La République en marche ! ». L’expérience s’avère toutefois un échec : elle se fait rapidement placardiser après quelques échecs en interviews et des tweets jugés maladroits.
La journaliste est en effet très active sur Twitter avec plus de 250 000 « followers ». Elle y gagne la sympathie du grand public pour la spontanéité de ses tweets. Elle est connue pour ses nombreuses fautes d’orthographes et coquilles. Elle l’admet elle-même dans une interview accordée à Elle et reprise dans un article du 11 janvier 2017 sur Slate : « Je fais beaucoup de fautes de frappe, ce qui m’est parfois reproché par les gens qui me suivent: il faut que j’y travaille, mais, en direct, tout va si vite ! ». Il existe même sur le réseau social un compte @laurenceHIMYM, qui parodie ses tweets. Rancunière, la journaliste n’hésite pas à injurier des internautes en message privé sur Twitter lorsque ceux-ci émettent des opinions par trop divergentes des siennes.
Le réseau social lui vaut également des « bad buzz ». Le 13 juillet 2017, elle annonce avec un certain aplomb que Melania Trump aurait refusé de s’installer à la Maison Blanche afin de s’occuper de l’enfant du couple Barron Trump, qui serait atteint d’autisme. Aucun élément ne viendrait corroborer cette affirmation, ce qui laisse planer des doutes sur le professionnalisme ou la fiabilité des sources de la journaliste. En mars 2018, Laurence Haïm est accusée d’avoir diffusé une « fake news » sur le conflit syrien, au moment même où le gouvernement cherchait à édicter une loi contre la diffusion de fausses informations sur internet ! La journaliste avait diffusé sur son fil Twitter une photo d’un enfant et de bénévoles humanitaires avec en commentaire « Photo de la semaine circulant dans notre monde sur les réseaux. 4 mars. Un enfant migrant de 4 ans entre la Syrie et la Jordanie croise une équipe d’UNHCR. Il a dans son petit sac les vêtements de sa mère et sœur tuées en Syrie ». Or, cette analyse de la photographie, diffusée pour la première fois en 2014, avait déjà été invalidée par les journalistes du Guardian la même année.
Laurence Haïm fait à nouveau parler d’elle en septembre 2019 avec un tweet erroné annonçant le décès de l’acteur et réalisateur américain Clint Eastwood. Malgré ses excuses rapides, l’affaire lui vaut un nouveau « bad buzz ».
Portrait vidéo
Formation
Le portrait de la journaliste par Bertrand Rocher le 12 avril 2017 pour Grazia révèle que c’est suite à un échec dans ses études à Sciences Pô que Laurence Haïm se lance en autodidacte dans le journalisme, à la faveur de ses premiers emplois et de ses premières rencontres professionnelles.
Parcours professionnel
Suite à cet échec dans ses études, Laurence Haïm découvre le journalisme lors d’un petit boulot sur CVS (Canal Versailles Stéréo), une radio libre versaillaise pour laquelle elle porte les cafés aux intervenants.
Son premier emploi en tant que journaliste est un stage sur RTL pour préparer les journaux d’Elie Vannier. C’est là que Philippe Labro la découvre. En 1986, il lui propose un poste au service « société » de RTL dont il est alors directeur des programmes. Elle devient l’assistante de Christine Ockrent, star de la chaîne ; c’est elle qui est responsable de contacter les invités politiques de la journaliste. La chaîne lui propose ensuite de travailler pour la rubrique « people », ce qu’elle confie par la suite avoir détesté.
En 1989, elle est aux côtés d’Hervé Chabalier lorsqu’il crée l’agence CAPA, une agence de presse et société de production connue notamment pour l’émission « 24 Heures » diffusée sur Canal +. Laurence Haïm se lance à cette occasion dans la réalisation de reportages télévisuels. Ce sont ces reportages qui font connaître la journaliste du grand public : ils sont diffusés sur des émissions de grande écoute, soit « 24 heures » sur Canal+, « Envoyé spécial » sur France 2 ou encore « Zone interdite » sur M6.
En 1992, elle s’installe à New York et devient correspondante États-Unis pour l’agence CAPA et pour Canal+.
En 1999, elle étend son influence plus largement encore puisqu’elle devient également correspondante pour I‑Télé.
Le 11 septembre 2001, elle se trouve dans un avion en direction de New York le jour des attentats. Elle couvre les évènements en tant que correspondante, mais explique dans son ouvrage Journal d’une année à part : 11 septembre 2001 – 2002 que c’est aussi à titre personnel qu’elle se sent très choquée par l’évènement.
En 2002, elle se trouve par hasard à proximité d’un attentat en Israël en même temps que le géant de l’information Dan Rather qui lui demande de couvrir l’évènement pour la chaîne CBS News dont il est un des présentateurs phares. À la suite de cela, de 2002 à 2006, elle couvre le début de la guerre d’Irak pour la chaîne américaine. Pour ce faire, elle vit une partie de cette période à Bagdad et en profite pour travailler occasionnellement en Israël.
Entre temps, en 2004, elle continue son travail de correspondante aux États-Unis et couvre l’élection présidentielle américaine de 2004. C’est le début d’une longue carrière dans le journalisme politique, et la politique tout court.
En 2008, elle suit la campagne de Barack Obama, ce qui lui vaut d’être la seule journaliste française à l’avoir interviewé. Une deuxième interview du président américain par la journaliste est diffusée sur Canal + en juin 2009. Elle est également avec deux correspondants de l’Agence France-Presse la seule journaliste française ayant accès aux conférences de presse de la Maison Blanche. Elle tire de son expérience un ouvrage : Obama président : Saison 1, publié en 2010 aux Éditions du Moment.
En 2011 elle couvre pour Canal + l’affaire Dominique Strauss-Kahn, qu’elle qualifie sur Première de « l’affaire la plus compliquée de [s]a carrière ». Elle explique avoir été stressée par le flot d’informations non vérifiées et de rumeurs qui entouraient l’affaire, avec la peur de diffuser des fausses informations.
En 2012, elle rentre en France et réalise avec Charles Ommanney, photojournaliste américain pour Newsweek une série vidéo sur l’élection présidentielle française pour I‑Télé, dont ils tirent ensemble un nouvel ouvrage, Made in France, la présidentielle dans l’œil américain.
Suite à ce reportage, elle retourne aux États-Unis suivre la campagne de Barack Obama pour l’élection de 2012.
En avril 2013, elle obtient une accréditation permanente en Pentagone. En mai de la même année, elle devient présidente de l’association de la presse étrangère de la Maison Blanche.
En 2016, elle se lance dans les réseaux sociaux à la faveur d’une grève du personnel chez I‑Télé. C’est à partir de son compte Twitter personnel qu’elle couvre la campagne pour l’élection présidentielle américaine, tout en affichant son soutien aux grévistes contre l’arrivée de Jean-Marc Morandini sur la chaîne, avec le risque de se faire par la suite remercier par la chaîne.
La journaliste quitte finalement I‑Télé de sa propre initiative en janvier 2017 pour devenir porte-parole de « La République en Marche ! » pour la campagne d’Emmanuel Macron aux présidentielles 2017. Elle quitte le parti seulement quelques mois plus tard.
Laurence Haïm retourne par la suite aux États-Unis où elle s’intéresse à nouveau à la présidence américaine. Elle lance à cette occasion « House of Trump », une newsletter quotidienne dédiée au décryptage de la campagne.
Dans l’interview qu’elle donne à Caroline de Bodinat pour Elle, elle se confie sur sa vie privée et son choix de ne pas avoir d’enfants : « Plusieurs hommes accompagnent ma vie, le plus important est celui du moment. Je suis très romantique et l’amour peut m’être parfois dévastateur. J’ai construit ma vie en choisissant de ne pas avoir d’enfants. Peut-être par égoïsme ou parce que j’ai décidé que je serais incapable de les élever, j’ai privilégié la liberté. »
Elle signe son grand retour sur les écrans français en 2020, quatre ans après avoir claqué la porte d’I>Télé, ébranlée par une crise historique. Elle couvre la présidentielle américaine dans le cadre du « 20h de Darius Rochebin » sur LCI est intervient sur le plateau de la chaîne lors de la soirée électorale. Son reportage sur la première dame américaine intitulé « Melania Trump, cet obscur objet du pouvoir » est diffusé en octobre 2020 sur TF1, puis Arte.
Parcours militant
Ses engagements politiques sont sensibles dans la manière dont Laurence Haïm couvre à partir de 2004 l’élection présidentielle américaine ; c’est en larmes qu’elle annonce sur Canal + la réélection de George W.Bush. Elle prend par la suite clairement le parti de Barack Obama, dont elle suit les campagnes en 2008 et en 2012.
Son militantisme a le mérite de s’afficher au grand jour puisqu’en 2017, elle annonce quitter la chaîne I‑Télé pour devenir porte-parole d’Emmanuel Macron en vue des présidentielles 2017. Elle voit dans le jeune candidat un nouvel Obama. Ce serait la journaliste elle-même qui aurait proposé sa collaboration au jeune candidat à la présidentielle, qu’elle avait déjà interviewé en mai 2015 alors qu’il était ministre de François Hollande.
La tentative de la journaliste de percer en politique s’avère toutefois un véritable fiasco. En quelques mois, elle tombe en disgrâce et finit en juillet par annoncer son départ de « La République en marche ! ». Ses interventions le 23 janvier sur BFMTV puis le 26 dans « C à vous » sur France 5 et très critiquées et plusieurs tweets maladroits lui valent cette chute rapide.
Elle ressort de l’expérience amère et semble hésiter quant au tournant à donner à sa carrière après cet échec. D’après un article du Canard enchaîné du 19 juillet 2017, elle aurait sollicité un poste d’ambassadeur auprès d’Emmanuel Macron, qui le lui aurait refusé net – rumeur qu’elle dément maladroitement sur Twitter.
C’est finalement à la politique américaine qu’elle retourne avec sa newsletter « House of Trump », et la réalisation d’un reportage sur la fondation Obama, qui est diffusé au mois de mai 2019 dans le magazine « Complément d’enquête ».
Publications
En 2002, elle publie Journal d’une année à part : 11 septembre 2001 – 2002 aux éditions de La Martinière. L’ouvrage raconte son expérience des attentats du 11 septembre en tant que journaliste mais aussi simple new-yorkaise.
En 2003, elle signe chez le même éditeur Les Bombes humaines : Enquête au cœur du conflit israélo-palestinien, sur le conflit israëlo-palestinien. Elle s’y intéresse plus particulièrement au phénomène des attentats suicides utilisé par les Palestiniens contre Israël.
C’est aux éditions Robert Laffont cette fois qu’elle publie en 2007 Une Française à New-York, sorte de guide basé sur son expérience personnelle. A travers des exemples, des anecdotes et des confidences, elle dresse un portrait réaliste et vivant de la ville américaine.
Elle est également l’auteur d’Obama président : Saison 1, publié en 2010 aux Éditions du Moment. Elle y raconte les coulisses de l’administration Obama.
En 2012, elle publie chez Albin Michel Made in France, la présidentielle dans l’œil américain, aux éditions Albin Michel. L’ouvrage fait suite aux reportages que Laurence Haïm avait réalisé pour I‑Télé avec Charles Ommanney et relate donc également les élections présidentielles françaises de 2012.
Toujours chez le même éditeur, elle publie en 2016 Made in Trump : les 40 dates qui ont fait l’Amérique.
Ce qu’elle gagne
Non connu
Récompenses
Elle est élue « Femme d’or » des média 2014 par le Trophée des femmes en or, un prix créé en 1993 pour récompenser des femmes dont les réalisations apparaissent exemplaires et inspirantes aux jurés.
Elle est chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur depuis le 14 juillet 2015.
Sa nébuleuse
Philippe Labro : il est directeur des programmes de RTL lorsqu’il repère Laurence Haïm alors en stage sur la chaîne. C’est lui qui lui propose de devenir l’assistante de Christine Ockrent, puis lui confie la rubrique « people » du media.
Christine Ockrent : journaliste belge exerçant en France, elle arrive sur RTL en 1985 après un passage sur le « 20 heures » d’Antenne 2 et le journal de 8 heures d’Europe 1. Sur RTL, elle est rédactrice en chef et éditorialiste. C’est à cette occasion qu’elle rencontre Laurence Haïm qui est alors son assistante. Elle devient rapidement son mentor dans l’univers du journalisme.
Dan Rather : Daniel Irvin Rather Jr. est un journaliste américain célèbre qui fut présentateur du journal télévisé CBS Evening News durant 24 ans. C’est alors qu’il assume cette fonction qu’il rencontre Laurence Haïm, venue tenter sa chance en tant que journaliste aux États-Unis. En 2002, elle se trouve par hasard à proximité d’un attentat en Israël en même temps que lui, équipée de sa caméra tandis que lui, l’a oubliée. Il lui propose alors de couvrir l’évènement pour CBS News. Suite à ce concours de circonstance, il lui confie la responsabilité de suivre la guerre d’Irak pour la chaîne.
Helen Thomas : doyenne des journalistes accréditées à la Maison Blanche, elle fut le mentor de la journaliste aux États-Unis. C’est elle qui lui conseille d’adopter des couleurs vives lorsqu’elle se rend à des conférences de presse pour attirer l’attention du Président et pouvoir ainsi poser ses questions.
Barack Obama : sa relation avec celui qui deviendra par la suite président des États-Unis commence en 2008 lorsqu’elle choisit de suivre le début de la campagne du candidat dans Iowa. Elle est la seule journaliste française à l’avoir interviewé, et ce à deux reprises. Les relations entre l’homme politique et la journaliste sont plus que cordiales : il la surnomme amicalement « The Frenchie ». C’est sous qu’elle devient l’unique journaliste française avec deux correspondants de l’Agence France-Presse à avoir accès aux conférences de presse de la Maison Blanche. C’est également sous son mandat qu’elle obtient l’accréditation permanente au Pentagone et qu’elle devient présidente de l’association de la presse étrangère de la Maison Blanche. Suite à son départ de la politique, c’est dans une université dirigée par David Axelrod, ancien conseiller de Barack Obama, qu’elle se voit proposer un poste de chercheuse résidente, qu’elle refuse.
Emmanuel Macron : président français élu en 2017, il engage la journaliste en tant que porte-parole lors de sa campagne en 2017. Elle quitte l’équipe quelques mois plus tard après avoir été placardisée en cours de route.
Elle l’a dit
« Est-ce qu’on est prêt à mourir pour l’Ukraine, est-ce qu’on est prêt à envoyer nos enfants français pour aller se battre en Ukraine ? Je pense que si vous faites un sondage dans la population française, on aura malheureusement une réponse où la majorité dira vouloir aider mais ne pas aller en guerre. » LCI, 28/07/2022
(Nota bene, Laurence Haïm n’a pas d’enfant)
Analyse lh: cette image de Nancy Pelosi au départ de Taiwan,montant lentement dans son avion à 82 ans est absolument bouleversante pour de nombreuses femmes faisant face à l’injustice et ne renonçant jamais pic.twitter.com/mgOLuSyo8Q
— LAURENCE HAIM (@lauhaim) August 4, 2022
Suite à un duplex avec Léa Salamé en 2014, alors jeune présentatrice du JT sur i>Télé, tel que le rapporte Télé Obs : « C’est quoi cette pétasse ? Cette bimbo ? J’en ai ras le bol ! ».
Dans l’interview qu’elle donne à Caroline de Bodinat pour Elle, elle explique « Je suis journaliste. De ce métier, j’ai fait une manière de vivre ».
Aymeric Caron, reporter de guerre pour Canal + alors qu’elle était en Irak elle aussi fait d’elle dans l’interview qu’elle donne à Caroline de Bodinat pour Elle un portrait élogieux : « Que l’on ait vu des morts, pris les mêmes risques ou partagé des pâtes quand il n’y avait plus de nourriture, que l’on se soit échangé des tuyaux ou accrochés pour des rivalités, le lien qui unit ceux qui ont couvert ensemble des conflits est souterrain et indicible. La première fois que j’ai vu Laurence avec sa caméra, j’ai pensé « culottée ». Elle est passionnée par son travail qui l’emmène dans des excès d’enthousiasme ou d’investissement hors normes. Et, même s’il lui arrive de faire chier le monde pour obtenir ce qu’elle veut, elle est à l’opposé des carriéristes de l’audiovisuel. »
Elle est une des rares journalistes à dénoncer l’emballement médiatique au sujet du procès de Ferguson, dont elle rappelle, dans une tribune donnée dans l’Important, que l’ampleur médiatique n’a été due qu’aux journalistes : « Je dénonce l’hystérie médiatique sur Ferguson, je pense que c’est extrêmement dangereux. Nous sommes au début de quelque chose qui est en train d’arriver. Quand il y a plus de caméras que de manifestants, c’est la télé qui crée l’événement. »
Elle déclare dans un article du 11 janvier 2017 sur Slate au sujet de Twitter – dont elle-même use et abuse : « Je fais beaucoup de fautes de frappe, ajoute-t-elle, ce qui m’est parfois reproché par les gens qui me suivent: il faut que j’y travaille, mais, en direct, tout va si vite ! »
Dans le portrait du 31 mars 2017 de la journaliste dans Libération, le média cite la journaliste après ses premières interviews ratées en tant que porte-parole d’ « En marche » : « Si vous faites correctement votre portrait, vous verrez que j’ai dû blesser beaucoup de gens, parce que je suis impulsive. Ici, j’apprends à lisser les angles.»
Quant à la suite de sa carrière, elle annonce alors d’après un entretien avec l’AFP relayé dans un article du 12 juillet 2017 du site de RTL vouloir « faire des choses pour le bien de la démocratie »
Suite à son échec en politique, dans une interview donnée au Journal du Dimanche le 14 juillet 2017, elle déclare amère avoir vécu des « instants de cruauté dans le monde politique que je garderai pour moi. J’ai aussi lu ou entendu des choses que je n’avais pas dites ou pas faites ».
Dans cette interview du 14 juillet 2017 par Thomas Liabot sur le Journal du Dimanche, elle déclare au sujet d’Emmanuel Macron : « du point de vue de la politique intérieure, son désir absolu de renouveau me frappe, à tous niveaux. C’est un homme qui veut aller vite, construire quelque chose et montrer que ça va changer. Il y a aussi des côtés que je n’aime pas, mais je les garde pour moi »
Dans la même interview, elle explique n’avoir pas de difficultés à allier journalisme et politique : « Je suis dans une culture très américaine sur ce sujet. Aux États-Unis, les allers-retours sont possibles. Le porte-parole de Bill Clinton, George Stephanopoulos, est aujourd’hui le journaliste vedette de la matinale de ABC News. Même chose pour Nicolle Wallace, qui a été la porte-parole de George Bush, qui travaille chez NBC News. CNN a engagé des gens qui dirigeaient le service de presse de Barack Obama. En France, c’est le tabou absolu. Couvrir la politique à l’Elysée, je ne pourrai jamais le faire. Je ne veux pas être chef d’un service politique, ce serait inapproprié. Mais faire des choses pour montrer l’état du monde, je revendique le droit de le faire. Six mois dans une campagne à aider un candidat ne m’empêcheront pas d’aller montrer ce que je pense être important pour le monde. Je suis pour casser les codes. Si ce n’est pas possible dans le système français, il y a d’autres systèmes qui me permettront de le faire ».
Elle confesse dans les colonnes de l’hebdomadaire belge Moustique avoir été surprise, lorsqu’elle réalisait son reportage sur la First Lady, par le peu de crédit dont jouissaient dorénavant les journalistes dans l’Amérique trumpienne : « Ça a été très difficile. Au début, j’avais envie de me porter sur un personnage qui m’intéressait beaucoup en tant que femme et je ne pensais pas que j’allais y dédier plus d’un an et demi de ma vie. J’ai été très surprise de voir qu’avant, on pouvait faire des reportages auprès des politiques américains mais que maintenant la méfiance est absolue. Les journalistes sont désormais véritablement considérés comme des ennemis aux États-Unis.
Par exemple, dans le documentaire, on peut me voir aller dans un meeting de Trump. J’ai dû parler avec ses militants pendant cinq heures pour leur expliquer que nous n’étions pas les ennemis du président. Ça m’a beaucoup frappée ce temps nécessaire à obtenir la moindre chose. La confiance n’était pas du tout acquise et il fallait la gagner, expliquer, etc. Nous avons été confrontés à beaucoup de non et d’annulations d’interviews à la dernière minute. Il a fallu s’accrocher. Je pense que c’est le documentaire le plus difficile que j’ai fait de toute ma vie. »
On a dit à son sujet
Sa mentor Christine Ockrent dit d’elle dans une interview accordée à Elle en 2016 « Laurence déployait une grande énergie à dissiper l’angoisse quotidienne propre à cet exercice : a‑t-on choisi le bon invité ? Nous sommes restées très proches. Elle est têtue comme une mule, première qualité du journaliste. Elle est sincère, sérieuse et loyale, dans ce monde de médias, elle tranche. Elle a osé le défi américain, à la rude école de « 60 Minutes », le magazine de CBS News où j’avais fait mes classes. C’est une journaliste de terrain, pas d’antichambre. Elle a fait de son accent résolument français un atout. On a eu Maurice Chevalier, on a maintenant Laurence Haïm ! ».
Thierry Demaizière, qui l’a connue au temps où elle était stagiaire sur RTL, dit d’elle d’après l’interview qu’elle donne à Caroline de Bodinat pour Elle, qu’elle « était une « attachiante » avec un toupet monstre. Une fille qui foutait le feu à son appartement en faisant des fondues. Une ambitieuse forcenée, comme l’héroïne de Joseph Mankiewicz dans « Ève ». Une passeuse de frontières, capable de dégoter une accréditation en moins de deux et de se faufiler au premier rang. »
Suite à sa mise à l’écart par les équipes d’ « En Marche », Marianne la rebaptise : « la porte-parole sans voix »
Son ami journaliste Jérôme Godefroy lui accorde d’après le portrait du 31 mars 2017 de la journaliste dans Libération de grandes qualités puisqu’il annonce qu’ « elle a un culot et un courage extraordinaires. »
Barbara Lefebvre revient dans Causeur sur un détail, loin d’être anecdotique, du documentaire « Macron : Les coulisses d’une victoire » : « Laurence Haïm parle maladroitement de « monopole dans la communauté juive » pour faire comprendre à Emmanuel Macron pourquoi sa comparaison a pu non seulement choquer les Français rapatriés mais aussi et surtout les juifs de France. Le crime contre l’humanité est lié dans l’opinion générale au génocide des Juifs, tente-t-elle – selon moi – de lui faire comprendre […] En tant qu’enseignante d’histoire ayant dirigé un ouvrage sur l’enseignement comparé des génocides du XXe siècle, mes oreilles ont sifflé en écoutant le raccourci partiel et partial de Laurence Haïm. »
Crédit photo : capture d’écran vidéo C l’hebdo via Youtube (DR)