Un communiqué du Syndicat des Éditeurs de Presse (SAEP) sonne le tocsin et demande une réunion d’informations à la direction de MLP, concurrent de Presstalis, pour éviter une possible rupture de distribution des clients de Presstalis. En clair vous risquez de ne plus trouver votre quotidien ou votre magazine à votre kiosque habituel.
Une situation confuse
L’Arcep, gendarme des télécoms et nouveau régulateur de la distribution de la presse, a décidé le 19 décembre 2019 d’un gel des demandes des titres qui voudraient quitter la messagerie en grande difficulté, pour une durée de 6 mois. En d’autres termes, les titres sont invités si nécessaire à couler avec le navire. Alors que les comptes 2019 ne sont pas encore connus précisément, la perte de l’exercice serait très supérieure aux prévisions de la direction précédente partie à l’automne 2019.
Le nouveau PDG Dominique Bernard avait bloqué les salaires, supprimé les primes au moment où le directeur de la distribution et le directeur des systèmes d’information – recrutés par la direction précédente – quittaient le navire. Son plan de redressement ayant été refusé, il démissionne dans la foulée, moins de cinq mois après son arrivée.
Communiqué alarmant du SAEP
Dans un communiqué du 10 février 2020, le syndicat constate un risque de non-paiement des encours par la messagerie de l’ordre de 135M€ aux éditeurs de presse, sans compter une créance due au titre d’une retenue de 2.25% du chiffre d’affaires (théoriquement remboursable) de l’ordre de 50M€.
Le SAEP demande une réunion d’urgence à la direction des Messageries Lyonnaises de Presse (MLP) pour étudier les conditions de la reprise de la diffusion des titres effectuée par Presstalis sur les plans juridique, logistique et financier. Encore l’Arcep devrait elle autoriser ces transferts, le contraire de sa politique actuelle.
Précisions de MLP et courrier à l’Ojim
À la suite de notre dernier article, Jose Ferreira, président des MLP nous a écrit pour apporter les précisions suivantes :
« En ma qualité de président de MLP je tiens à souligner que le terme concurrent privé par opposition au statut de Presstalis crée une confusion. MLP est effectivement une entreprise privée comme Presstalis mais sous statut coopératif puisque la messagerie est détenue à 100% par une coopérative d’éditeurs qui elle est mandataire social de la messagerie. Ce sont donc les éditeurs du conseil d’administration qui assument la responsabilité de la gestion de son outil de distribution. Les administrateurs sont élus par l’assemblée générale des sociétaires qui ont des droits de vote égaux quelle que soit leur taille. Nous sommes un vrai groupe coopératif et malgré l’évolution de la loi nous le resterons. A l’inverse les coopératives détenant Presstalis n’ont qu’un pouvoir restreint puisque les statuts de cette entreprise prévoient que la majorité du conseil soit aux mains des grands groupes de presse qui gèrent l’entreprise à leur seul profit. La différence est capitale et explique probablement la situation actuelle.
Enfin sachez que MLP a été fondée en 1945 par des résistants Lyonnais qui suite à l’occupation ont confisqué les biens de l’agence de messagerie Parisienne par défiance envers le pouvoir central. C’est toujours notre adn. »
Cordialement Jose Ferreira