Tout est toujours dans le choix des mots et parfois le choc des photos. Le 20 février 2020, La Croix publie un article titré : « Les enseignements en langue étrangère dans le viseur ». Un titre qui laisse songeur. Analyse.
Langues et cultures d’origine
Le titre pose d’emblée une confusion, pour qui ne lirait pas l’article en entier. Ce ne sont évidemment pas les enseignements en langue étrangère qui sont visés, par exemple l’anglais, l’allemand, l’espagnol, mais « les enseignements facultatifs de langue et culture d’origine créés il y a un demi-siècle ». La loi républicaine stipule que le français est la langue de la nation. Et en premier lieu à l’école, évidemment, puisque le français — les langues en général — est le vecteur premier de l’intégration. Le mot « viseur » étonne et donne d’avance une idée de l’article : le journaliste semble imaginer Emmanuel Macron tirer avec une arme symbolique ? Sur qui ? Les enfants scolarisés d’immigrés qui apprennent la langue de leur pays d’origine dans les écoles primaires ? Un souci en soi, qui peut sérieusement en douter. Mais un souci accentué par le fait que les « enseignants » ne sont pas membres de l’éducation nationale, et font concrètement ce qu’ils veulent. Ce sur quoi le Macron a insisté : « Je ne suis pas à l’aise à l’idée d’avoir dans l’école de la République des femmes et des hommes qui peuvent enseigner sans que l’Éducation nationale ne puisse exercer le moindre contrôle. » « C’est ainsi que le chef de l’État a justifié, mardi 18 février, la « suppression » à la rentrée 2020 des enseignements de langue et culture d’origine (Elco) », précise La Croix.
Le positionnement de La Croix
Comment le quotidien dont on ne peut que se demander ce qu’il lui reste de catholique se positionne-t-il devant l’annonce faite par Emmanuel Macron de « supprimer » cet enseignement (information d’ailleurs fausse) ?
- Le quotidien rappelle que les Elco ont été « créés dans les années 70 dans le but de « favoriser un possible retour au pays de familles immigrées, en offrant à leurs enfants un apprentissage linguistique et culturel facultatif, souvent dans leur école après la classe. Des cours dispensés par des professeurs (La Croix exagère un peu avec le choix de ce mot, ndlr) dépêchés et rémunérés par les Etats partenaires ». Une politique dont chacun aura pu mesurer les effets positifs.
- La Croix parle ensuite du camp du Mal : « Après les attentats de 2015, certains ont suspecté ce dispositif de concourir au communautarisme, voire à la radicalisation ». Etrange formule : qui sont ces « certains » ? L’entrisme et le prosélytisme islamiques dans les écoles par le biais de ce dispositif est bien documenté, par nombre d’enquêtes publiées dans la majeure partie des hebdomadaires, de toute obédience, ainsi que dans les nombreux essais consacrés à l’islamisme radical de type Frères musulmans en particulier. Cet entrisme est une des formes de la « taqqya », la « soft » conquête islamiste territoriale.
- Une source nous indique dans dans une ville préfectorale du sud de la France, le dispositif propose en début d’année dans toutes les écoles des cours en arabe (marocain), arabe (algérien), arabe (tunisien), arabe (turc). Il ne semble pas que le latin ou le grec soient enseignés.
En réalité, Macron ne veut pas supprimer les Elco, contrairement à ce que l’accroche de La Croix laisse entendre, mais les transformer en EILE. Il s’agit de prolonger ce que faisait Najat Vallaud-Belkacem : des « enseignements internationaux en langue étrangère (EILE) ». Le contraire de ce que La Croix affirme : aucune suppression mais une intégration des anciens Elco qui deviennent des langues enseignées par de « vrais professeurs » (l’ancienne ministre reconnaissait donc par ces mots que les « enseignants » n’étaient pas des professeurs) dans le cursus scolaire, les « professeurs » choisis « en partenariat avec le pays partenaire » (ainsi, la France ne choisit pas seule ces enseignants) doivent être intégrés dans les équipes pédagogiques.
La Croix intersectionnel ?
La vraie question du quotidien : « Les Elco, boucs émissaires ? ».
Une question digne d’un hebdomadaire engagé dans l’intersectionnalité et qui pourrait étonner ici… La Croix rappelle que les Elco concernent au moins 80 000 élèves (une immense majorité de musulmans, cela n’est pas précisé) et cite une députée LR qui aurait le tort de prétendre que « tout doit être fait pour valoriser l’appartenance à la nation et la maîtrise du français ». Au contraire conclut La Croix, « les partisans du dispositif soutiennent que le bilinguisme et la double culture ne nuisent pas à l’apprentissage du français ni à l’intégration ».
Là encore, la situation actuelle, qualifiée « d’archipel », de « partition » ou de « séparatisme », autant par le monde intellectuel que politique, contredit une telle appréciation, laquelle était déjà celle de la gauche caviar des années 80 et de SOS racisme.
Influence des études postcoloniales
Le quotidien, qui semble se radicaliser sur son ultra gauche, peut-être en quête de lectorat du côté des études postcoloniales — et demain queer ? — donne la parole à un dénommé Rémy-Charles Sirvent, sans indiquer ses qualifications, pour mettre fin au débat : « supprimer les Elco ne changera rien à l’absence de mixité sociale et culturelle dans de nombreuses écoles, absence qui tient à la carte scolaire et à une forme d’apartheid territorial ».
Il faut quand même oser mépriser à un très haut point ce qui fut vécut autrefois en Afrique du Sud pour oser comparer la situation des écoles françaises actuelles à l’Apartheid. Pourquoi pas avec l’Allemagne des années 30 ?
Conclusion ? D’un côté, la mixité sociale/ethnique est devenue le principal problème de nombre d’écoles, dans lesquelles le niveau scolaire s’écroule, comme du reste dans nombre de centres villes et de banlieues où la langue française disparaît progressivement. De l’autre, nombre d’écoles n’ont plus que des pourcentages très faibles d’enfants d’origine française ou européenne, des écoles qui ressemblent à des écoles africaines. Est-ce lié à la carte scolaire ? On peut en douter. Il n’est pas impossible que ce soit plutôt lié à la politique migratoire (irresponsable ?) menée par la France depuis 50 ans. En tout cas, il semble les journalistes de La Croix n’aient pas mis les pieds dans une école hors centre de Paris depuis longtemps. Pourquoi tant de petits blancs — catholiques ou non — et de petits musulmans, dont les parents effrayés du devenir de leurs écoles de secteur, se précipitent ils justement vers les écoles catholiques sous contrat ou hors contrat ? Un effet du hasard ?