Le jeudi 27 février 2020 à 6h du matin, 35 travailleurs sans-papiers avaient démarré une occupation du chantier du nouveau siège du Monde à Paris. Ils réclamaient “régularisation et hausse des salaires”, un peu plus de 24 heures après, dans la matinée du 28 février, ils obtenaient en partie gain de cause.
Une action téléguidée par les syndicats
Ces faux « sans-papiers » mais vrais clandestins sont employés par la société Golden Clean, société de nettoyage et sous-traitant d’Eiffage, dont une douzaine de salariés étaient chargés entre autres, de la propreté des bases-vie des ouvriers sur le chantier du Monde.
Travaillant 7 jours sur 7, pour 40 € par jour, les employés ont été incités à la révolte par les syndicats. Étienne Deschamps, juriste chez CNT-Solidarité ouvrière admet avoir “ciblé le chantier du Monde” “pour être sûr que cette lutte soit visible”.
L’effet escompté aura bien lieu puisque Louis Dreyfus, président du directoire du Groupe Le Monde, s’est déplacé en personne pour les négociations. Après 5h de tergiversations, un accord était conclu.
Un accord satisfaisant la quasi intégralité des revendications
Louis Dreyfus a fait tout de même part de sa stupeur et assure avoir “vérifié les documents de Golden Clean, fait faire des contrôles inopinés et que tout était en règle”. On peut donc imaginer que soit il ment, soit les contrôles se sont avérés très légers, les salariés travaillant sur le chantier depuis mi-2019… Mais quand on voit le travail des Décodeurs du journal éponyme et sa légèreté dans le traitement de l’information, un joyeux mélange des deux explications soit possible..
Finalement, en présence de Louis Dreyfus, de l’inspection du travail et de CNT-Solidarité ouvrière, un accord a été conclu entre un représentant des salariés (qui rappelons-le, sont des clandestins et violent donc la loi par leur simple présence dans ce pays) et Golden Clean.
Cet accord prévoit la “mise en conformité des salaires avec la convention collective des entreprises de propreté”, la “remise des bulletins de paie” aux salariés et leur “accompagnement en vue de leur régularisation”. Car après tout, comme dirait Badara le Malien lors de l’occupation, “On défend nos droits !”. Moralité : si vous vous êtes introduit en fraude en France, travaillez pour Le Monde, non seulement vous ne serez pas expulsé mais vous bénéficierez d’une aide pour pouvoir vous installer. Merci Louis.