Depuis plusieurs années, la Grèce voit arriver par la terre et surtout par la mer des milliers de clandestins venus de Turquie. La Grèce est en première ligne de l’immigration clandestine qui s’intensifie depuis l’année dernière. Alors que la population des iles de la mer Égée est vent debout contre cette invasion qui ne dit pas son nom, les médias de grand chemin sont plus que modérés à couvrir la révolte populaire. Pire, ils semblent préparer le terrain pour une nouvelle vague migratoire massive en Europe.
Les faits
La Grèce a connu un pic dans les arrivées illégales en 2015 : cette année-là, près de 856 000 migrants ont traversé la pays, encouragés en cela par la chancelière allemande, Angela Merkel. Si le nombre d’arrivées clandestines a ensuite baissé, il recommence à augmenter fortement depuis 2017. Sur l’année 2019, près de 74 000 clandestins sont arrivés dans le pays. Et la tendance ne fait que se confirmer depuis le début de l’année 2020, comme le relate le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU sur son site internet.
La situation dans les iles de la mer Egée
Le nombre d’immigrés clandestins présents de façon permanente dans le pays atteignait selon le ministre de l’intérieur grec cité par le site d’information Ekatherimini.com 90 000 à la fin de l’année 2019, alors qu’il était de 70 000 fin 2018.
Sur les iles de la mer Egée, un récent rapport du Conseil de l’Europe évoque des émeutes fréquentes dans les centres d’accueil et d’identification et des tensions entre demandeurs d’asile et police. Libération le relate, les occupations illégales de logements se multiplient, comme à Athènes avec l’aide d’associations pro-migrants. Selon un rapport de l’institut RIEAS, les étrangers sont sur-représentés dans les chiffres de la délinquance : ils représentaient en 2016 36% des personnes arrêtées pour homicides, 47% de celles arrêtés pour viol et 32% de celles arrêtées pour vol. Si l’on ajoute à cela un nombre de plus en plus important de clandestins arrivant sur les iles de la mer Egée, la situation devient explosive.
Le rôle des ONG
Certaines Organisations Non Gouvernementales « humanitaires » sont accusées de favoriser l’immigration clandestine, des critiques fort peu médiatisées en Europe de l’ouest. L’affaire n’est pas nouvelle : France Terre d’asile rappelle que le gouvernement de gauche d’A. Tsípras avait voulu que chaque ONG soit répertoriée suite à l’implication de certaines d’entre elles dans des scandales financiers et des opérations de traite d’êtres humains. L’information est cette année très discrète : Deutsche Welle nous informe le 10 février que le gouvernement grec conservateur accuse des ONG d’aider les passeurs et d’inciter les migrants à se révolter.
Les manifestations des grecs vues par les médias de grand chemin
Une grève générale et plusieurs manifestations ont été organisées pour protester non seulement contre le nombre croissant de migrants mais aussi contre la construction de nouveaux camps de migrants ( de plus de cinq mille personnes chacun ) sur les 5 iles de la mer Egée.
La couverture de ces événements par les médias de grand chemin oscille entre neutralité, désapprobation et empathie pour les grecs.
Pour le Point le 22 janvier, « les iles égéennes se mobilisent contre les camps de migrants ».
Le Figaro développe à partir d’une dépêche de l’AFP l’aspiration des manifestants : « Nous voulons récupérer nos iles, nous voulons récupérer nos vies », peut-on lire sur les drapeaux des manifestants.
Le correspondant à Athènes du journal La Croix ne cache pas non plus l’exaspération de la population.
Dans un registre pro-migrants, RFI est plus que modérée dans sa couverture des manifestations : la radio publique évoque un problème « d’information » de la population sur les transferts de migrants sur le continent. C’est la manifestation à Athènes le 21 février que couvre RFI, bien moins importante que celles organisées dans les iles grecques contre l’ouverture de nouveaux centres de migrants. Par contre, la manifestation des migrants le 3 février contre un durcissement du droit d’asile retient toute l’attention de la radio de service public.
Pour commenter la révolte des grecs contre l’immigration massive, France inter fait appel à Catherine Withol de Wenden, présentée seulement comme « spécialiste des migrations ». Cette dernière est non une « spécialiste », elle a également des convictions plus que favorables à l’immigration massive, qu’elle a pu exprimer lors d’un récent débat organisé sur RT France.
A l’opposé, Valeurs actuelles relate les propos d’un juriste grec : « nous connaissons très bien leur plan, ils veulent islamiser l’ensemble du monde occidental ». Le journal évoque de nombreuses manifestations organisées dans le pays et la tension qui est montée d’un cran après l’annonce de la réquisition de terrains pour la construction de centres fermés de migrants.
Devant l’obstination du gouvernement, la protestation tourne à l’émeute
Le site d’information Breitbart évoque le 24 février une situation quasi insurrectionnelle dans les iles grecques : des barrages très soutenus par la population locale ont été érigés afin d’empêcher la construction de nouveaux centres de migrants. La crainte des habitants que ces constructions provoquent un nouvel appel d’air est évoqué sans détour.
Le quotidien britannique The Guardian fait état le 25 février d’affrontements entre manifestants et policiers et rappelle que près de 43 000 migrants sont présents sur les 5 îles de la mer Égée. Le Daily mail évoque le 26 février une deuxième journée d’émeutes sur l’ile de Lesbos, au cours de laquelle près de 1 000 manifestants se sont affrontés aux forces de l’ordre.
Les perspectives
LCI l’annonçait fin novembre 2019 : le président turc a prévenu qu’il allait ouvrir ses frontières si l’Europe critiquait son intervention militaire en Irak et en Syrie. La chaine d’information rappelle que près de 4 millions de migrants, essentiellement afghans et syriens, sont présents en Turquie.
Face à une menace qui semble être mise à exécution, LCI donne uniquement la parole à… un représentant du Haut-Commissariat aux Réfugiés : « L’Europe doit faire plus », sous-entendu : les pays européens doivent se répartir le nombre croissant de migrants arrivant en Grèce, et accessoirement développer l’appel d’air qui s’en suivra.
Le Figaro relaie le 12 novembre les propos du ministre de l’intérieur français, qui se prononce pour un système permanent de relocalisation des migrants. « Le droit d’asile doit être renforcé » affirme-t-il selon le quotidien. On ne trouve par contre pas un journaliste pour se demander si c’est effectivement l’urgence du moment
Pour Médiapart le 20 février, pas de doutes, c’est le fait que les clandestins soient empêchés de rejoindre d’autres pays européens qui est la source de tous les problèmes.
Le Monde donne la parole au politicien suisse de gauche Jean Ziegler qui parle de la situation à Lesbos comme de la « honte de l’Europe ».
France culture semble attendre avec impatience le programme européen de relocalisation des migrants qui devrait être annoncé prochainement, et que le gouvernement français, comme à l’accoutumée, a devancé. C’est à Jean Ziegler que la radio publique donne la parole le 8 février : « l’Union européenne doit partager au plus vite le fardeau migratoire ». Pour minimiser l’ampleur des flux migratoires, c’est une nouvelle fois une comparaison entre le nombre actuel et le nombre des arrivées illégales en 2015 qui est mise en avant par la radio publique. France culture se garde bien d’évoquer que les flux légaux d’arrivées d’extra-européens sont à des niveaux supérieurs à ceux d’avant 2015, comme l’indique Eurostat.
Comme pour parachever le conditionnement des esprits, L’Obs reprend au bond l’avertissement du premier ministre grec : « l’Europe doit s’attendre à une nouvelle vague migratoire ».
Conditionnement des esprits
La couverture par les médias de grand chemin des problèmes migratoires rencontrés par la Grèce aura permis de mettre en lumière une vaste entreprise de conditionnement des esprits. Ce conditionnement passe par une présentation biaisée des faits et des conséquences à en tirer par les pays européens :
-La surpopulation des migrants dans les iles grecques est mise en avant, bien avant l’enjeu civilisationnel et culturel que constitue l’arrivée massive de populations extra-européennes.
-Les gouvernements européens sont pointés du doigt par des « spécialistes » tous pro-immigration pour ne pas accélérer la répartition des migrants dans les différents pays qui acceptent la « relocalisation ».
-L’asile exclusivement en Europe est présenté comme la solution aux incessants conflits au proche et moyen Orient.
“There is no Alternative”
Aucune autre alternative, comme une défense ferme des frontières et des renforts aux douaniers grecs face aux pratiques du Président Erdogan qui empoche l’argent et laisse filer les migrants, n’est présentée au débat. Les médias de grand chemin semblent n’avoir aucune objection à la position « Hormis l’accueil par les pays européens, point de salut ».
Comme en 2015, les médias de grand chemin semblent à l’unisson avec les autorités européennes pour faire accepter des mouvements considérables de peuples à la culture radicalement différente de celle des européens.
Les propos de Pierre Brochand, l’ancien Directeur de la DGSE dans les colonnes du Figaro permettent une mise en perspective des écueils de cette présentation des événements par les médias :
« C’est au nom de cette vision tronquée que les immigrants sont accueillis, tels des êtres solitaires, dotés des mêmes droits souverains que les autochtones et assimilés. Ce qui n’empêche pas les intéressés, à peine installés, de reconstituer les «communautés hétéronomes», voire les «nations problématiques», qui étaient les leurs auparavant et que le passage d’une frontière factice n’a pas suffi à leur faire oublier. Comme toutes les idéologies narguées par le réel, notre doxa cherche à l’occulter ».
On pourrait ajouter que les médias de grand chemin prennent toute leur part dans cette occultation. Si l’on peut dire qu’ils ont écouté l’aspiration des grecs à ne pas être étrangers dans leur pays, on peut difficilement dire qu’ils les ont entendus.