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QG ? Les combats de pépé continuent

10 mars 2020

Temps de lecture : 6 minutes
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QG ? Les combats de pépé continuent

Temps de lecture : 6 minutes

Aussi surprenant que cela semblera, à l’heure d’une invasion migratoire orchestrée par la Turquie, le média d’Aude Lancelin QG (Quartier Général) affiche ses préoccupations : « Lextrême-droite, meilleure alliée du capital ». Écoute d’une émission qui pourrait avoir été réalisée en 1939 (juste avant le pacte germano-sociétique). Émission conçue autour de Thomas Portes, « en lutte » contre Génération Identitaire qui avait montré que l’on peut bloquer les frontières, en 2018. En plein dans l’actualité.

L’OJIM s’est intéressé à QG, média directe­ment issu de la crise de Le Média qui fut lancé par les proches de LFI et de Jean-Luc Mélen­chon, avant que ses dirigeants et employés ne dévelop­pent en interne, en gros, tout ce qu’ils reprochent au cap­i­tal­isme : voir ici.

Sur QG, l’émission « Quarti­er Libre » du 05 févri­er 2020, ani­mée par Aude Lancelin, rece­vait donc Thomas Portes, « porte-parole nation­al des cheminots au PCF, pour évo­quer le com­bat con­tre le RN sur le ter­rain, lavenir pour le mou­ve­ment con­tre la réforme des retraites, et autres thèmes. » C’est Aude Lancelin qui présente et interroge.

Un sens unique et vintage : florilège

  • Le porte parole des cheminots au PCF est aus­si chef de cab­i­net à la mairie PCF de Champigny-sur-Marne, une vieille tra­di­tion qui per­met de faire vivre des militants.
  • Portes pub­lie Au coeur de la haine (Arcane 17 — référence au mer­veilleux livre d’André Bre­ton, ndlr), « con­sé­cu­tif au procès que lui a inten­té le grou­pus­cule d’extrême droite, Généra­tion Iden­ti­taire (on notera que Lancelin ne présente pas le PCF comme un grou­pus­cule) suite à la démon­stra­tion faite en 2018 ». Le 21 avril 2018, GI est inter­venu pour mon­tr­er qu’il est pos­si­ble défendre les fron­tières, sur le col de l’échelle.

Notons le car­ac­tère pré­moni­toire de cette inter­ven­tion au vu de ce qui se passe à la fron­tière entre la Turquie et l’UE en ce début mars 2020

  • Le jour de l’intervention de GI, Portes tweete en qual­i­fi­ant l’organisation de « néo-nazie ». GI porte plainte. Portes et Lancelin sem­blent sur­pris que l’on ne puisse pas, en France, qual­i­fi­er de néo-nazi qui l’on veut, quand l’on veut. Du moins, quand on est de gauche lib­er­taro com­mu­niste. Il est vrai que jusqu’à présent la reduc­tio ad hitlerum était à ce point de mise qu’elle était dev­enue comme une sec­onde nature.
  • Portes explique, et le pire est qu’il a l’air con­va­in­cu, qu’il est sur­pris. Pour lui, sa réac­tion du 21 avril est une « réac­tion poli­tique » (pas de la diffama­tion — il est donc per­mis de sup­pos­er que Portes trou­verait jus­ti­fié que l’on qual­i­fie le PCF actuel de khmer rouge), qu’« il était passé à autre chose » (l’assignation a mis deux mois à arriv­er — les cocos sont pré­cis, le vieux monde est der­rière eux pensent-ils tou­jours) mais, finale­ment, « c’est une vieille stratégie de l’Extrême droite de cibler celles et ceux qui les qual­i­fient pour ce qu’ils sont ». 
  • Portes explique que le but du PCF, dans le cadre de son procès et de son livre, est d’utiliser le procès afin de pou­voir qual­i­fi­er GI de « nazie » et donc d’obtenir la dis­so­lu­tion de cette mou­vance-là. Il est d’une sincérité épatante, Lancelin bien que très zen, sans doute l’effet de la nour­ri­t­ure bio-veg­an, acqui­esce : il est donc admis qu’un par­ti de gauche en voie de dis­pari­tion, le PCF, peut fomenter une util­i­sa­tion de la jus­tice dans le but de faire inter­dire une organ­i­sa­tion poli­tique ayant des idées dif­férentes des siennes. Le PCF est tou­jours aus­si démocrate.

L’extrême droite, danger principal en 1930 en France, pardon… en 2020

  • « Réarme­ment idéologique ? ». Évidem­ment, dit Portes, pour qui qual­i­fi­er les électeurs du RN « d’abrutis » ne suf­fit plus (avant c’était suff­isant). Portes décou­vre « qu’il y a un vote d’adhésion ». Il explique qu’il ne faut rien lâch­er mais ne cherche pas à com­pren­dre pourquoi les gens votent RN. Il n’interroge pas non plus ce qu’est le RN, ni s’il est réelle­ment d’extrême droite. Par con­tre, il tombe sur les fess­es en com­prenant que les électeurs ne sont pas… « racistes ».
  • C’est que Portes est allé à Hénin-Beau­mont, mairie de Steeve Briois, pour faire ce genre de con­stats. Il décou­vre — et nous ne pou­vons qu’en être éton­nés — que ce sont les poli­tiques menées depuis les années 80 du siè­cle passé, à par­tir de Mitterrand/Fabius, dont ne veu­lent plus les gens, des gens du reste nor­maux. Portes ne sem­ble pas infor­mé que ces poli­tiques ont a plusieurs repris­es été menées… avec des min­istres com­mu­nistes au gouvernement.
  • Pire : Portes explique que Briois (maire d’Hénin-Beaumont) fai­sait les sor­ties d’usine avant d’être élu maire, expli­quant que les emplois français par­taient à l’étranger, récla­mant du tra­vail en France pour les Français. Le chef de cab­i­net de Champigny qui ne cesse de dire que les « jeunes mil­i­tants man­quent de cul­ture poli­tique » ignore que la France entière des années 70 / 80 était tapis­sée d’affiches du PCF clairon­nant « Le tra­vail aux Français ».

Union contre le retour du « fachisme » !

  • Dans les munic­i­pal­ités RN, les mil­i­tants d’opposition (de gauche en par­ti­c­uli­er) seraient « per­sé­cutés ». Portes en con­naît un ray­on à ce pro­pos, une pra­tique sécu­laire dans les munic­i­pal­ités PCF. Il par­le même d’un « sen­ti­ment de ter­reur », une sorte de PCF municipal.
  • Dis­cours vin­tage : « Quoi qu’il arrive, faire bar­rage à l’extrême droite et au fachisme ». Autrement dit, Portes pense que le RN est le meilleur allié du cap­i­tal mais… il pour­rait vot­er pour le cap­i­tal­iste Macron.
  • Portes voit un « pays dans une érup­tion totale ». Il doit vivre dans le 9–3. Ailleurs, les choses sont pour­tant assez calmes et la pop­u­la­tion man­i­feste mas­sive­ment dans les grandes sur­faces. Sauf dans quelques rues de Lyon ou de Toulouse, par exem­ple, où régulière­ment quelques dizaines de mil­i­tants de gauche brisent les vit­rines des com­merçants en toute impunité.
  • Le RN serait « ultra-libéral »… A l’évidence, la pen­sée est blo­quée vers 1975 du côté du PCF.
  • La France est présen­tée comme un pays qua­si total­i­taire ou la répres­sion de Macron est « fachiste ». Tout est donc « fachiste », sauf le PCF. Ce qui, n’oublions pas (voir supra), n’empêcherait pas Portes de vot­er Macron au 2e tour des prochaines élec­tions prési­den­tielles, en une sorte de remake du pacte ger­mano-socié­tique alors ?
  • Une solu­tion ? « Il faut unir la gauche ». Un moyen : « Il faut arrêter de regarder ce qu’on fait les uns et les autres dans le passé». Il est vrai que pour le PCF, dont Portes est mem­bre et d’une cer­taine manière le salarié, avec 100 mil­lions de morts en 70 ans, il est préférable de met­tre la pous­sière sous le tapis.
  • La révo­lu­tion ? Ce sont les cheminots et l’éducation nationale qui doivent la faire. Autrement dit, les salariés du secteur pub­lic. Une révo­lu­tion menée par les salariés de l’Etat capitaliste…

Des pans entiers de la vie poli­tique actuelle, de gauche ou de gauche rad­i­cale, situés géo­graphique­ment dans quelques bas­tions comme le 9–3, ont con­servé un logi­ciel d’une autre époque et sem­blent autant décon­nec­tés du réel des vrais gens que les amis d’Emmanuel Macron. Ce logi­ciel de papy paraît peu adap­té à une société dans laque­lle cha­cun de nous est main­tenant tracé à chaque sec­onde, ce qui fut juste­ment le rêve de Lénine, Staline, Pol-Pot, Mao et quelques autres..

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