D’un côté le propriétaire le groupe Altice de Patrick Drahi (voir notre infographie) et de l’autre la rédaction de Libération. Au milieu, entre l’arbre et l’écorce, le directeur de la rédaction Laurent Joffrin, ex plume de François Hollande. L’enjeu ? Certaines garanties données par l’actionnaire à la rédaction.
Le Gabon c’est tout bon
Tensions récurrentes depuis la révélation en avril 2019 d’un « Forum » organisé par le journal en 2015 et consacré au Gabon, sympathique petit pays pétrolier. Les aventures de Libération au pays de l’or noir, aurait titré Hergé. Laurent Joffrin y avait pris la parole et si le journal avait récupéré quelques 400K€ d’honoraires, d’obscures commissions se sont perdues dans la nature (et ont sans doute été récupérées), le tout entraînant un certain émoi dans la rédaction et la démission du DG d’alors Pierre Fraidenraich parti chez BFM.
C’est tout bon mais c’est trop bon
Devant ce qui apparaissait comme une opération de promotion des autorités gabonaises sous couvert du titre, la rédaction demande des garanties. Ces garanties pourraient prendre la forme de la cession (à titre gracieux imaginons-nous) d’une part sociale du capital à la société des rédacteurs. L’opération permettrait à un représentant des rédacteurs d’assister aux assemblées générales et de disposer des mêmes informations que les autres administrateurs.
Oui mais non
C’est ici que les choses se compliquent. Après des mois de négociation en 2019, un accord semble pouvoir se dessiner pour la fin de l’année. L’actionnaire serait disposé à donner la précieuse part sociale, on s’affaire, on rédige des brouillons d’accord, c’est bientôt Noël, la société des rédacteurs va trouver le joli accord signé dans ses petits souliers mis au pied du sapin.
Et puis les fête se passent, le champagne est éventé, et Clément Delpirou cogérant du titre met des conditions : en cas de revente du titre, la part sociale est récupérée. Autrement dit le nouveau propriétaire n’est pas tenu de respecter l’accord et garde toute liberté sur ce sujet. Ire de la rédaction qui voit là « un droit en CDD ». Qui plus est le droit de regard sur les comptes serait limité aux contrats supérieurs à 100K€ et d’éventuelles irrégularités ne pourraient être communiquées qu’après avis d’un « expert » qui pourrait décider de ne pas les révéler. Charmante ambiance chez les héros du libéralisme libertaire. Épisode à suivre.