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Schneidermann au secours de Taddeï

20 mars 2013

Temps de lecture : 4 minutes
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Schneidermann au secours de Taddeï

Temps de lecture : 4 minutes

L’affrontement entre Frédéric Taddeï en Patrick Cohen, la semaine dernière dans « C à vous » sur France 5, ne laisse visiblement pas indifférent le monde médiatique.

Accusé en direct par Patrick Cohen de don­ner la parole à des gens « peu fréquenta­bles », Frédéric Tad­deï était par­venu à se défendre, au nom de la lib­erté d’expression et à mouch­er son con­frère sur le plateau d’Alessandra Sub­let. Mais l’affaire fait à présent des vagues.

L’attaque de la meute

Le jour­nal­iste Bruno-Roger Petit, a ain­si affir­mé sur Le Plus du Nou­v­el Obs, que les invités de « Ce soir (ou jamais !) » n’étaient rien d’autre que des « enne­mis du sys­tème répub­li­cain », des « per­son­nal­ités peu recom­mand­ables d’un point de vue répub­li­cain » ou encore des « représen­tants des France extrémistes »… Pour lui, le prin­ci­pal prob­lème est que la con­tra­dic­tion ne leur serait jamais don­née. Quelle con­tra­dic­tion ? Celle de « la gauche tra­di­tion­nelle, celle qui est l’héri­tière directe de 1789, la gauche social­iste et social-démoc­rate, la gauche social­iste et répub­li­caine, la gauche libérale et sociale, n’est jamais la mieux représen­tée et incar­née chez Tad­deï ». La télévi­sion doit ain­si porter la bonne parole de gauche. Ça a le mérite d’être clair.

Autre sor­tie anti-Tad­deï, Frédéric Haz­iza, jour­nal­iste sur LCP et Radio J, a accusé l’animateur, sous un angle qui lui est cher, d’inviter des « pseu­do-intel­lectuels anti­sémites ». Le même Haz­iza qui sur Radio J avait déclaré en 2008 : « Tout au long de ma car­rière de jour­nal­iste, j’ai tou­jours défendu Israël ». Cyril Hanouna, ani­ma­teur de « Touche pas à mon poste », s’est quant à lui plaint d’une trop grosse place faite à la cul­ture à la télévi­sion (sic !)… « On peut pas laiss­er pass­er ça ! » s’est-il indigné, déplo­rant que Tad­deï fasse trop peu d’audience et qu’il n’y ait pas assez de place pour les copains. « On laisse trop de place à ces gens-là ! » a‑t-il pour­suivi, déter­miné. Enfin, pour con­clure en beauté, Claude Askolovitch, dans son style habituel mêlant grossièreté et indig­na­tion lyrique, estime sur son compte Twit­ter que Tad­deï « invite les salauds que les autres ne vali­dent pas ailleurs, et qu’il offre une tri­bune au racisme, à l’antisémitisme et à l’islamophobie… »

Schneidermann à la rescousse

Face à la meute clouant Tad­deï au pilori médi­a­tique, Daniel Schnei­der­mann du site @rrêt sur images a tenu à défendre l’animateur et son émis­sion dans une tri­bune parue dans Libéra­tion.

[block­quote align=“right” cite=“Daniel Schnei­der­mann” citeLink=“http://www.liberation.fr/medias/2013/03/17/la-liste-de-patrick-cohen_889214”]« Un théolo­gien, un humoriste, un pub­li­ciste inclass­able, un écrivain : voici la liste des pro­scrits, des inter­dits, des ban­nis, dressée pour la pre­mière fois, tran­quille­ment, sur un plateau de télé con­vivial et sym­pa­thique. » Daniel Schneidermann[/blockquote]

Dénonçant une « liste noire » d’invités à pro­scrire, Schnei­der­mann a fait remar­quer que « les qua­tre pro­scrits [Dieudon­né, Alain Soral, Tarik Ramadan, Marc-Edouard Nabe mis en cause par Cohen] sous une forme ou une autre, ont dit des choses désagréables sur les juifs, Israël, ou le sion­isme ». Une remar­que qui explique égale­ment le pro­fil pro-israélien de la plu­part de ceux qui se sont indignés con­tre Tad­deï. « Être jour­nal­iste, c’est choisir, tri­er, hiérar­chis­er. Mais aucune rai­son d’en faire une ques­tion de principe, et de proclamer que même la baïon­nette dans les reins, on n’invitera pas Bid­ule » a‑t-il ajouté, met­tant le doigt sur le car­ac­tère par­ti­san des posi­tions de Cohen, offi­ciant sur France Inter, et donc sur le ser­vice public.

Aus­si, le patron d’ASI con­sid­ère cet état d’esprit comme rel­e­vant de la « faute pro­fes­sion­nelle » : « se priv­er d’invités intéres­sants parce qu’on n’est pas d’accord avec eux est, pour un jour­nal­iste payé par le con­tribuable, une faute pro­fes­sion­nelle. Et non seule­ment c’est indéfend­able, mais c’est con­tre-pro­duc­tif. » « Le pré car­ré audio­vi­suel, s’il veut rester un lieu crédi­ble de débat d’idées, n’a donc plus d’autre choix que de s’ouvrir aux paroles jadis ban­nies, quitte à leur oppos­er une con­tra­dic­tion vigoureuse et argu­men­tée, ou à les pren­dre à leur pro­pre piège de la dialec­tique », a‑t-il conclu.

Une bouf­fée d’air frais qui ne fera pas de mal à Frédéric Tad­deï et à son émis­sion, une des seules qui valent encore son pesant d’intérêt… pré­cisé­ment pour les raisons qui lui sont reprochées.

Crédit pho­to : puremedias/France 5 via Dai­ly­mo­tion – cap­ture d’écran vidéo

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