Ainsi que l’OJIM le montrait le 27 mars 2020 avec l’exemple du Point, les sujets et surtout la manière de les traiter changent un peu dans les médias convenus. Un nouvel exemple avec un article de L’Obs paru ce même 27 mars, qui s’appuie en grande partie sur une dépêche de l’AFP.
Le titre : « Au Pakistan, forte affluence dans les mosquées pour la prière du vendredi malgré le coronavirus ». Un titre et un centre d’intérêt qui ne se seraient pas trouvés dans l’hebdomadaire il y a peu.
Les mots de l’article
L’Obs reconnaît, sans accuser le monde développé d’en être responsable, une fois n’est pas coutume, qu’un pays tel que le Pakistan, musulman, doté de la bombe atomique, n’est pas en mesure de mettre en place un système de santé acceptable pour ses 200 millions d’habitants. Pourtant, l’Arabie saoudite « a interrompu les pèlerinages et fermé les mosquées » et « en Égypte, une fatwa a permis l’interdiction des prières publiques ». Le Pakistan ne suit donc pas le mouvement. Pourquoi ? L’Obs écrit un argument, en forme d’interview, qu’il n’eut jamais mentionné il y a peu :
« Nous ne croyons pas au coronavirus, nous croyons en Allah. Quoi qu’il arrive, cela vient d’Allah, a déclaré l’un d’eux Altaf Khan, alors que d’autres portant des masques affluaient pour la prière du vendredi à Islamabad. »
En temps normal, L’Obs écrirait contre tout autre magazine mettant en avant des propos de cette sorte. Pourtant, à cette date, le Pakistan recensait officiellement près de 1300 personnes infectées.
« “L’ignorance de la classe religieuse réactionnaire” est responsable de la propagation du nouveau coronavirus, a tweeté jeudi soir le ministre des Sciences Fawad Chaudhry. »
Dans L’Obs, l’islam devient obscurantiste, au Pakistan mais aussi en Indonésie où « beaucoup de gens ont ignoré les appels à prier chez eux ». Quant à l’Afghanistan ?
« Les mosquées étaient bondées à Kaboul, a constaté l’AFP. “Allah protégera les musulmans des désastres causés par le coronavirus”, a déclaré un imam dans une mosquée comble du centre de la capitale afghane. »
Évidemment, cette charge inhabituelle contre l’Islam demandait un peu d’équilibre, si bien que L’Obs en profite pour accuser Bolsonaro et Trump d’appeler à remplir les églises. C’est une façon d’atténuer cette information :
« Au Pakistan, la majorité des premiers malades étaient des pèlerins revenant d’Iran, où les autorités ont refusé pendant des semaines de fermer les lieux saints du chiisme, favorisant la contamination de dizaines de milliers de personnes.
Le Pakistan a lui-même autorisé un rassemblement massif de tablighis, un mouvement de missionnaires musulmans, début mars, finalement stoppé après quatre jours. Là encore, des cas de covid-19 ont été recensé parmi les 250.000 participants. »
Que l’Islam joue un rôle dangereux dans la propagation du coronavirus et que L’Obs, dans la foulée de l’AFP, en parle sur un ton digne de médias moins convenus il y a peu ne manque pas d’intérêt. Camarade encore un effort !