Présentée sous la forme de « mook », hybridation entre livre, revue et magazine, le premier numéro de cette publication trimestrielle est prévu pour juin 2020.
Dimanche 12 avril, le philosophe normand a annoncé sur les réseaux sociaux le lancement de Front Populaire, qu’il présente lui-même comme « une nouvelle revue pour les jours d’après ». Souhaitant s’affranchir des financements publicitaires pour conserver son indépendance, ce lancement s’accompagne d’une forme de financement participatif avec diverses formules d’abonnement (papier ou numérique) et des privilèges accordés aux premiers souscripteurs (dédicaces, remerciements nominatifs ou encore invitation au dîner de lancement de la revue avec Michel Onfray). En plus des abonnements, cette publication qui a vocation d’être accessible au plus grand nombre sera disponible dans les librairies et les maisons de la presse, sur l’ensemble du territoire.
Depuis #Caen où il est confiné et convalescent, Michel #Onfray nous envoie une vidéo pour nous donner des nouvelles de sa santé et de la revue #FrontPopulaire, qu’il a lancée avec ses amis souverainistes.
La vidéo intégrale ▶ https://t.co/SQ6v2Y30iC pic.twitter.com/Gdy2fYKi85
— Front Populaire (@FrontPopOff) April 14, 2020
« Mener le combat des idées pour retrouver notre souveraineté »
L’objectif de Front Populaire est de proposer une réflexion intellectuelle sur les thèmes de prédilection du philosophe qu’il énumère dans sa présentation : « sauvagerie de la mondialisation, dévoiement de l’Europe, arrogance des gouvernants, appauvrissement des classes populaires, collusion des médias et du pouvoir, casse de l’hôpital public, sécession des territoires perdus de la République ».
Pour étayer ces sujets, Michel Onfray annonce s’entourer d’auteurs à sensibilité souverainiste, de gauche comme de droite, issus de différents corps de la société, parmi lesquels on pourra retrouver « d’anciens élus, des gilets jaunes, des enseignants, des juristes, des journalistes, des démographes… ».
Le secret étant pour le moment bien gardé, les noms des participants ne seront dévoilés qu’au compte-goutte dans les jours qui viennent. Seule la chroniqueuse et essayiste Céline Pina, collaboratrice du Figaro, Causeur ou encore Marianne, semble indiquer sa participation à ce projet par un tweet du 13 avril.
Dans ce monde avare en perspectives, la venue d’un #média qui trace un chemin pour un destin collectif retrouvé est essentiel. Heureuse et fière de participer à l’aventure aux côtés de M #Onfray. #FrontPopulaire https://t.co/ZuFaEOBGbQ
— Céline Pina (@celine_pina) April 13, 2020
«Heureuse et fière de participer». @Celine_Pina, fondatrice du mouvement Viv®e la République, explique pourquoi elle contribue à la revue #FrontPopulaire aux côtés de Michel #Onfray.
La Vidéo : https://t.co/usNiCl0Zvl
Informez-vous, rejoignez-nous ! https://t.co/K5ZhQM9N4k pic.twitter.com/NQGzgkINQQ
— Front Populaire (@FrontPopOff) April 15, 2020
Stéphane Simon à la manœuvre
Aux côtés de Michel Onfray, l’autre grand promoteur de ce projet est Stéphane Simon, qui collabore avec le philosophe depuis maintenant quelques années. Cet ancien journaliste passé par Pèlerin magazine, Libération ou encore France Soir a également été producteur d’émission de télévision, en créant la société Téléparis, dans laquelle étaient notamment associés Éric Brunet ou Thierry Ardisson et à qui l’on doit des émissions comme “Paris Dernière” ou “93, faubourg Saint-Honoré”.
Depuis 2015, il s’est lancé dans les WebTV et a créé en 2016 le site web de Michel Onfray pour mettre en avant ses réflexions. En 2017, il lançait la WebTV de Natacha Polony puis en 2019 celle d’Aymeric Caron, mais surtout REACnROLL, en partenariat avec Causeur et qui se présente comme « la WebTV des mécontemporains ». Parmi les intervenant réguliers de ce média : Élisabeth Lévy, Alain Finkielkraut, Barbara Lefebvre, Mathieu Bock-Coté, Ivan Rioufol ou encore Régis de Castelnau. Il est également le producteur de Goldnadel TV de l’avocat Gilles-William Goldnadel.
Un équilibre des points de vue ?
Si l’intention de créer une plateforme de réflexion prônant une ouverture aux penseurs des « deux rives », selon la formule consacrée par Chevènement, est louable, elle sous-tend aussitôt une interrogation sur le futur équilibre des forces en présence. Sur Twitter, l’ancien responsable du FNJ Julien Rochedy n’a d’ailleurs pas manqué de le faire remarquer en s’interrogeant notamment sur le nom retenu pour ce projet :
Michel Onfray veut créer une revue pour rassembler « les souverainistes de gauche et de droite » mais pour cela utilise des couleurs, un nom et des références exclusivement de gauche. Ça commence mal. https://t.co/1dlLxE9OWw
— Julien Rochedy (@JRochedy) April 13, 2020
Des doutes auquel Michel Onfray tente de répondre en développant un long argumentaire sur le site internet de la revue, dans lequel il explique le choix du nom Front Populaire en opposition à un Front populicide incarné par l’État maastrichtien :
« il faut regarder ce qu’Emmanuel Macron a obtenu avec son élection à la présidence de la République: il est parvenu à cristalliser toutes les forces du Front populicide sous son seul nom ».
Il développe également de manière un peu plus précise son positionnement politique, arguant que le clivage à prendre en compte aujourd’hui relève bien plus de l’opposition entre girondins et jacobins que dans la dichotomie droite / gauche, qu’il ne nie pas mais qu’il appelle à dépasser, et se revendique même du populisme sans hésitation.
Repenser le débat d’idées autour d’une nouvelle structuration sera-t-il suffisant pour « rebâtir notre monde » comme le souhaite désormais Michel Onfray ? Réponse dans les mois qui viennent.