Cela fait déjà un certain temps que Trump accuse les grands réseaux sociaux d’être hostiles aux conservateurs. En dehors des États-Unis, ces derniers n’hésitent d’ailleurs pas à régulièrement censurer toute démarche qui serait trop peu politiquement correcte. Mais cette fois, Twitter vient de franchir un nouveau pas en la matière, s’en prendre directement aux publications de Trump.
“Vérifiez les faits”
Le Rubicon a été franchi le 26 mai 2020 après la publication par Trump de deux tweets sur le vote par correspondance. Dans ces publications, le locataire de la Maison blanche expliquait le risque accru de “fraude” en utilisant ce procédé.
Le réseau a répliqué en ne procédant pas à la censure directe, mais par le recours au désormais incontournable “fact-checking”. En dessous des deux publications, est apparue la mention “vérifiez les faits à propos du vote par correspondance”. Lorsque l’utilisateur clique sur le lien, il est redirigé vers divers articles de presse sur le sujet, mais pas n’importe lesquels. Comme dénoncé par Fox News, les très démocrates Washington Post et CNN y sont en bonne place, l’article le plus mis en avant venant de CNN. Fox News ne s’est pas arrêté là en publiant même un article donnant raison à Trump.
Du côté de Twitter, l’action a été justifiée par le fait que “Ces tweets contiennent des informations potentiellement trompeuses sur le processus de vote et ont été signalés pour fournir du contexte additionnel sur le vote par correspondance. Cette décision a été prise en accord avec l’approche que nous avons présentée plus tôt ce mois-ci.”
Riposte de Trump avec un décret
Furieux, Donald Trump a répliqué deux jours plus tard avec un décret, comme il aime tant le faire. Ce dernier avait pour but de modifier une loi de 1996, la “Communications Decency Act”, “pilier du fonctionnement des plateformes numériques” en leur offrant une “immunité contre toute poursuite judiciaire liée aux contenus publiés par des tiers et leur donnant la liberté d’intervenir sur les plateformes à leur guise”.
Ce décret permettrait aux autorités de régulation de pouvoir se prononcer sur les politiques de modération de contenu des géants du numériques.
Un jour plus tard, récidive de Twitter
Ce décret ne semble cependant pas avoir beaucoup impressionné le réseau social puisque le 29 mai, une autre mention est apparue sur un nouveau tweet du Président. Ce dernier critiquait vivement les émeutes suite au décès de George Floyd et justifiait la possibilité d’ouvrir le feu sur les manifestants. Dans la foulée, la plateforme a ajouté la mention : “Ce Tweet a enfreint les Règles de Twitter relatives à la glorification de la violence. Toutefois, Twitter a déterminé que sa disponibilité peut présenter un intérêt pour le public.”
Ne souhaitant pas s’arrêter en si bon chemin, le réseau a apposé la même mention sur un tweet de la Maison blanche citant d’autres paroles de Trump. La course au “fact-checking” ne semble désormais pas prête de s’arrêter.
Facebook en retrait et Gab au tournant
Comble de l’ironie dans cette histoire, Facebook, grand adepte de la censure, a été “accusé de jouer le jeu de Trump” après que Mark Zuckerberg ait déclaré sur Fox News que les plateformes de devraient pas être les “arbitres de la vérité sur tout ce que les gens disent en ligne”. La déclaration a été saluée dans la foulée par l’intéressé.
.@Facebook CEO Mark Zuckerberg is today criticizing Twitter. “We have a different policy than Twitter on this. I believe strongly that Facebook shouldn’t be the arbiter of truth of everything that people say online.” Did Twitter criticize Obama for his “you can keep your Dr.”?
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 29, 2020
Entre Trump et les grands réseaux sociaux, il faut s’attendre à tout, mais la guerre continue sous forme de conflit larvé ou ouvert, dont Gab — jusqu’à présent confidentiel — semble pleinement profiter.
https://twitter.com/getongab/status/1266800265254129666
https://twitter.com/getongab/status/1266441753667809284