Après notre article sur les réactions des médias après la mort de Jean Raspail, nous publions une traduction d’un papier de notre confrère, l’hebdomadaire allemand Junge Freiheit, sur cette disparition.
Un des derniers représentants d’un monde en voie de disparition
14/06/2020
“Dans cinq ans je serai mort. Oh oui ! Je l’espère.” Jean Raspail l’avait dit en avril 2016 et il ne s’est pas trompé. Il est décédé le 13 juin à l’âge de 94 ans.
Nous ne savons pas ce que l’écrivain, au cours des derniers jours de sa vie, a perçu des mutations politiques. Mais le triomphe de l’antiracisme et la célébration des Européens de leur haine contre eux-mêmes ne devraient pas l’avoir beaucoup étonné. Raspail avait pressenti depuis longtemps les conséquences de “l’idiotie altruiste” — ce mélange de christianisme mal compris et d’idées de gauche. Que certains, à contre cœur, aient reconnu en 2015 lors de la crise des réfugiés, que ses prévisions étaient exactes, n’y a pas changé grand’chose.
Ces prévisions sont contenues dans un roman paru en 1973, “Le camp des saints”. Le titre fait allusion à un verset du chapitre 20 de l’Evangile selon Saint Jean, décrivant la fin du monde : les peuples Gog et Magog, arrivent des extrémités de la terre, “aussi nombreux que le sable des mers. Et ils arrivèrent et encerclèrent le camp des saints et la ville bienaimée.” Le camp est envahi, sans acte de violence, par les masses asiatiques qui submergent l’Europe dont les peuples amoindris démographiquement et démoralisés, sont abandonnés par leurs dirigeants.
Tous les efforts de défense arrivent trop tard
L’intelligence a banni la tradition et établi l’idée que vouloir s’affirmer est amoral, le clergé ne croit plus depuis longtemps à la vérité des enseignements transmis et prêche l’indifférence ou bien, sous couvert d’amour du prochain, le sentimentalisme ; l’économie, n’étant soumise qu’au seul principe de maximisation des profits, ne sert plus le bien général ; les politiciens sont corrompus et on a enlevé aux soldats toute possibilité d’être fiers de servir et de risquer leur vie pour la nation.
Les avant-postes des envahisseurs sont depuis longtemps dans le pays, y ayant cherché et trouvé des alliés, préparant le jour où l’Europe sera vaincue. C’est ce qui se passe, comme il devient peu à peu possible de le constater au travers des conséquences des migrations. Il ne s’agit pas d’envahisseurs armés mais des damnés de cette terre, dont la masse et la misère emportent tout parce qu’ils éveillent la pitié et celle-ci rend toute résistance difficile, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Le sud de la France est envahi et l’on peut imaginer sans difficultés ce qui se passera ensuite.
Raspail a insisté sur le fait qu’un livre comme Le camp des saints ne pourrait plus être publié aujourd’hui. Les interdits et les mesures antidiscriminiatoires prévues par la loi rendraient sa publication impossible. Que l’on puisse encore se procurer l’ouvrage en sept langues différentes tient au seul fait que ces restrictions ne s’appliquent pas rétrospectivement.
Sa fidélité était au service de la transmission des valeurs la patrie
Sans aucun doute, Le Camp des saints est l’œuvre la plus connue de Raspail. Parmi ses thèmes de prédilection, la disparition des cultures menacées, dont il a traité avec sensibilité, éloigné de toute affectation tiers-mondialiste ainsi que la transmission de certaines valeurs, considérées comme anachroniques par certains, comme l’honneur, la fierté des ancêtres et la fidélité.
Sa fidélité était au service de la transmission des valeurs de la patrie, de la douce France, celle du royalisme, de la religion catholique, de la richesse des provinces, d’un certain art de vivre et d’une certaine galanterie. Avec Raspail disparaît l’un des derniers représentants d’un monde lui-même en train de disparaître.
(traduction AC)