Mardi 30 juin 2020, les députés ont accepté un amendement gouvernemental destiné à soutenir la presse écrite. Mais quelle presse écrite ? Telle est la question.
L’agonie (relative) de la presse écrite fait partie des sujets qui reviennent régulièrement à la surface. Si elle était déjà bien mal en point, la crise sanitaire lui a porté un nouveau coup : qu’on pense par exemple au titre régional Paris-Normandie placé en liquidation judiciaire en avril 2020 et repris ensuite par le groupe Rossel.
La faillite du distributeur Presstalis n’a pas non plus arrangé les choses. Selon la chaîne d’informations LCI, des titres comme Le Monde ou Le Parisien auraient ainsi perdu respectivement 13 millions et 5 millions d’euros.
50 € d’avantage fiscal
C’est dans ce contexte qu’un amendement a été ajouté au projet de la loi de finances rectificative pour 2020 (PLFR 3) ; ce dernier met en place, pour les particuliers, un « crédit d’impôt pour le premier abonnement à un journal, à une publication périodique ou à un service de presse en ligne d’information politique et générale ». La mesure ne sera possible qu’une seule fois pour un même foyer fiscal (le crédit d’impôt sera d’ailleurs réservé aux foyers ayant un revenu fiscal inférieur à 24 000 euros — le gouvernement avait initialement prévu 10 000 euros), dans le cas d’un premier abonnement d’un minimum de douze mois. Le soutien financier représentera 50% des dépenses effectives, et avec un plafond de 50€.
Un dispositif pérenne jusqu’en 2022
Tout ceci, il faut le préciser, jusqu’au 31 décembre 2022, année des élections présidentielles : une façon pour Emmanuel Macron de s’attacher le monde du journalisme ? La secrétaire d’État à l’Économie Agnès Pannier-Runacher n’a pas manqué de souligner qu’il s’agissait d’un « engagement du président de la République en direction de la presse, secteur qui souffre énormément et qui n’a pas forcément bénéficié de toutes les aides » récemment. Il serait temps de s’en rendre compte. Certains députés se sont d’ailleurs montrés dubitatifs. Pour le centriste Charles de Courson, il s’agit d’une simple manœuvre destinée à « faire croire qu’on soutient la presse ».
Surtout, on aimerait en savoir un peu plus sur la façon dont seront déterminés les titres éligibles : « titres d’information politique et générale »… la formule fait bel effet, sans pour autant être très claire. On craint que les grands se trouvent renforcés dans leur avance, et que les autres continuent de se débattre, s’ils en ont la force. En tous les cas, on appréciera la connotation mélodramatique du titre du Capital sur le sujet : « Les députés volent au secours de la presse »…