Nous avions déjà alerté nos lecteurs sur l’état de santé de Julian Assange, d’abord reclus volontaire pendant 82 mois à Londres, puis incarcéré depuis 462 jours (au 17 juillet 2020) dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. Nous reprenons un appel de médecins protestant contre ses conditions de détention, paru sur le site Les Crises le 12 juillet 2020. Le titre est celui de l’original, les intertitres sont de notre rédaction.
La torture de Julian Assange aux mains du gouvernement britannique n’a fait que s’intensifier
Source : Consortium News, Doctors for Assange
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
La torture de M. Assange aux mains des fonctionnaires britanniques n’a fait que s’intensifier.
Dans une nouvelle lettre à la revue médicale britannique The Lancet, les Doctors for Assange [collectif mondial de médecins créé en octobre 2019, NdT] affirment que le gouvernement britannique pourrait être tenu pour légalement responsable de la torture de l’éditeur de WikiLeaks actuellement emprisonné.
Voici la déclaration des médecins suivie de la lettre à The Lancet et de la lettre des médecins au Lord chancelier et Secrétaire d’État à la Justice Robert Buckland.
Des officiels britanniques pourraient être tenus pour légalement coupables d’avoir torturé Julian Assange.
Dans une lettre ouverte publiée dans The Lancet à l’occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de tortures, des médecins ont averti que les officiels britanniques pourraient être tenus pour responsables de la torture de Julian Assange.
Les 216 médecins et psychologues soussignés, originaires de 33 pays, ont accusé les responsables des gouvernements britannique et américain d’avoir accentué la torture psychologique à l’encontre de Julian Assange, alors que les principales autorités mondiales en matière de droits humains et de droit international réclament sa libération immédiate.
Le docteur Lissa Johnson, psychologue clinicienne et co-autrice australienne de la publication « The ongoing torture and medical neglect of Julian Assange », a déclaré que le fait de ne pas traiter M. Assange correctement pouvait constituer un acte de torture pour lesquels les officiels de l’État, depuis le parlement jusqu’au tribunal en passant par la prison, risquent d’être accusés de complicité et jugés.
Nouvelles accusations américaines
« Notre lettre est publiée deux jours seulement après que le ministère américain de la justice ait annoncé un nouvel acte d’accusation contre Assange, ce qui représente une nouvelle escalade dans les tactiques de torture psychologique », a déclaré la docteure Johnson.
« L’introduction de charges supplémentaires à ce stade tardif, juste avant la date limite de présentation des preuves de la défense et plus d’un an après la date limite de mise en accusation, alors que les documents remis à la prison prennent généralement deux semaines pour être transmis, qu’on ne lui a pas fourni d’ordinateur et qu’il lui a été impossible de rencontrer ses avocats à cause du confinement dû au Coronavirus, ne fait qu’augmenter son impuissance face à la menace et constitue une tactique clé de torture psychologique », a‑t-elle déclaré.
Les médecins notent que la torture est interdite par la loi britannique, avertissant que les fonctionnaires britanniques pourraient être jugés « complices », notamment pour leur « acquiescement et consentement tacite ». Ils écrivent qu’Assange court un risque sanitaire en raison de l’escalade des abus concernant ses « droits humains et juridiques fondamentaux aux mains des autorités judiciaires, pénitentiaires et de sécurité sous contrat ».
Julian Assange absent des audiences
Cette lettre fait suite à l’absence de Julian Assange à quatre audiences consécutives du tribunal pour des raisons médicales. Les auteurs accusent les autorités britanniques et américaines de « persécution collective et de harcèlement judiciaire » qui font que « M. Assange n’a pas pu assurer sa propre défense ni même participer à ses propres audiences ».
Une copie de la lettre du Lancet a été envoyée au Lord chancelier et secrétaire d’État à la Justice du Royaume-Uni, Robert Buckland. Elle coïncide avec deux lettres ouvertes adressées à Buckland par 36 membres du Parlement européen et 11 politiciens actuels et anciens de 9 nations, demandant la libération immédiate sous caution de Julian Assange en raison de la Covid-19, qui le place « en grave danger médical » compte tenu de ses antécédents médicaux, notamment de problèmes respiratoires persistants, avertissent les médecins.
Dans une interview dans le 60 Minutes Australia [60 minutes Australia est la version australienne de l’émission 60 minutes de CBS, NdT], dimanche soir, la fiancée de Julian Assange, Stella Moris, a souligné que Julian Assange était « très malade », exprimant ses craintes qu’il ne survive pas.
Le docteur Bob Gill, médecin du NHS [Le National Health Service est le système de santé financé par l’État en Angleterre et l’un des quatre systèmes du National Health Service au Royaume-Uni, NdT] et producteur du documentaire « The Great NHS Heist » [Le grand braquage de la NHS, NdT], a déclaré : « La vie de M. Assange s’éteint lentement pour le punir et faire taire ceux qui osent courageusement dénoncer les mensonges des puissants. Si cet acte inouï n’est pas contesté, il menace l’existence même de la société civile et propage notre dérive collective vers l’autoritarisme des entreprises et de l’État ».
Le docteur Paul Hobday, auteur de The Deceit Syndrome [Le syndrome de la tromperie, NdT], a ajouté : « La torture psychologique et la violation des droits fondamentaux d’un journaliste et d’un éditeur qui n’a été condamné pour aucun crime devraient inquiéter et dégoûter quiconque croit en une démocratie transparente et juste qui rend des comptes. Cela devrait hanter longtemps les responsables et ceux qui gardent le silence… Tous les journalistes devraient se méfier et être vigilants vis-à-vis de cette ambiance dangereuse ».
Le professeur Thomas G. Schulze, du comité exécutif de l’Association mondiale de psychiatrie, a déclaré : « En tant qu’être humain, en tant que médecin, et en particulier en tant que psychiatre, il est de mon devoir de signaler les cas de torture où et quand ils se produisent ». Schulze a ajouté que les tortures physique et psychologique sont « tout aussi dévastatrices l’une que l’autre ».
Le professeur William R. Hogan de l’Université de Floride a souligné que « M. Assange doit être libéré immédiatement, afin de soigner les conséquences des tortures qui lui ont été infligées par un tribunal anglais ».
Contact: [email protected] https://doctorsassange.org.
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