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Julian Assange : des médecins dénoncent la torture

17 juillet 2020

Temps de lecture : 6 minutes
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Julian Assange : des médecins dénoncent la torture

Temps de lecture : 6 minutes

Nous avions déjà alerté nos lecteurs sur l’état de santé de Julian Assange, d’abord reclus volontaire pendant 82 mois à Londres, puis incarcéré depuis 462 jours (au 17 juillet 2020) dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. Nous reprenons un appel de médecins protestant contre ses conditions de détention, paru sur le site Les Crises le 12 juillet 2020. Le titre est celui de l’original, les intertitres sont de notre rédaction.

La torture de Julian Assange aux mains du gouvernement britannique n’a fait que s’intensifier

Source : Con­sor­tium News, Doc­tors for Assange
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

La tor­ture de M. Assange aux mains des fonc­tion­naires bri­tan­niques n’a fait que s’intensifier.

Dans une nou­velle let­tre à la revue médi­cale bri­tan­nique The Lancet, les Doc­tors for Assange [col­lec­tif mon­di­al de médecins créé en octo­bre 2019, NdT] affir­ment que le gou­verne­ment bri­tan­nique pour­rait être tenu pour légale­ment respon­s­able de la tor­ture de l’éditeur de Wik­iLeaks actuelle­ment emprisonné.

Voici la déc­la­ra­tion des médecins suiv­ie de la let­tre à The Lancet et de la let­tre des médecins au Lord chance­li­er et Secré­taire d’État à la Jus­tice Robert Buckland.

Des offi­ciels bri­tan­niques pour­raient être tenus pour légale­ment coupables d’avoir tor­turé Julian Assange.

Dans une let­tre ouverte pub­liée dans The Lancet à l’occasion de la Journée inter­na­tionale pour le sou­tien aux vic­times de tor­tures, des médecins ont aver­ti que les offi­ciels bri­tan­niques pour­raient être tenus pour respon­s­ables de la tor­ture de Julian Assange.

Les 216 médecins et psy­cho­logues sous­signés, orig­i­naires de 33 pays, ont accusé les respon­s­ables des gou­verne­ments bri­tan­nique et améri­cain d’avoir accen­tué la tor­ture psy­chologique à l’encontre de Julian Assange, alors que les prin­ci­pales autorités mon­di­ales en matière de droits humains et de droit inter­na­tion­al récla­ment sa libéra­tion immédiate.

Le doc­teur Lis­sa John­son, psy­cho­logue clin­i­ci­enne et co-autrice aus­trali­enne de la pub­li­ca­tion « The ongo­ing tor­ture and med­ical neglect of Julian Assange », a déclaré que le fait de ne pas traiter M. Assange cor­recte­ment pou­vait con­stituer un acte de tor­ture pour lesquels les offi­ciels de l’État, depuis le par­lement jusqu’au tri­bunal en pas­sant par la prison, risquent d’être accusés de com­plic­ité et jugés.

Nouvelles accusations américaines

« Notre let­tre est pub­liée deux jours seule­ment après que le min­istère améri­cain de la jus­tice ait annon­cé un nou­v­el acte d’accusation con­tre Assange, ce qui représente une nou­velle escalade dans les tac­tiques de tor­ture psy­chologique », a déclaré la doc­teure Johnson.

« L’introduction de charges sup­plé­men­taires à ce stade tardif, juste avant la date lim­ite de présen­ta­tion des preuves de la défense et plus d’un an après la date lim­ite de mise en accu­sa­tion, alors que les doc­u­ments remis à la prison pren­nent générale­ment deux semaines pour être trans­mis, qu’on ne lui a pas fourni d’ordinateur et qu’il lui a été impos­si­ble de ren­con­tr­er ses avo­cats à cause du con­fine­ment dû au Coro­n­avirus, ne fait qu’augmenter son impuis­sance face à la men­ace et con­stitue une tac­tique clé de tor­ture psy­chologique », a‑t-elle déclaré.

Les médecins notent que la tor­ture est inter­dite par la loi bri­tan­nique, aver­tis­sant que les fonc­tion­naires bri­tan­niques pour­raient être jugés « com­plices », notam­ment pour leur « acqui­esce­ment et con­sen­te­ment tacite ». Ils écrivent qu’Assange court un risque san­i­taire en rai­son de l’escalade des abus con­cer­nant ses « droits humains et juridiques fon­da­men­taux aux mains des autorités judi­ci­aires, péni­ten­ti­aires et de sécu­rité sous contrat ».

Julian Assange absent des audiences

Cette let­tre fait suite à l’absence de Julian Assange à qua­tre audi­ences con­séc­u­tives du tri­bunal pour des raisons médi­cales. Les auteurs accusent les autorités bri­tan­niques et améri­caines de « per­sé­cu­tion col­lec­tive et de har­cèle­ment judi­ci­aire » qui font que « M. Assange n’a pas pu assur­er sa pro­pre défense ni même par­ticiper à ses pro­pres audiences ».

Une copie de la let­tre du Lancet a été envoyée au Lord chance­li­er et secré­taire d’État à la Jus­tice du Roy­aume-Uni, Robert Buck­land. Elle coïn­cide avec deux let­tres ouvertes adressées à Buck­land par 36 mem­bres du Par­lement européen et 11 politi­ciens actuels et anciens de 9 nations, deman­dant la libéra­tion immé­di­ate sous cau­tion de Julian Assange en rai­son de la Covid-19, qui le place « en grave dan­ger médi­cal » compte tenu de ses antécé­dents médi­caux, notam­ment de prob­lèmes res­pi­ra­toires per­sis­tants, aver­tis­sent les médecins.

Dans une inter­view dans le 60 Min­utes Australia [60 min­utes Aus­tralia est la ver­sion aus­trali­enne de l’émission 60 min­utes de CBS, NdT], dimanche soir, la fiancée de Julian Assange, Stel­la Moris, a souligné que Julian Assange était « très malade », exp­ri­mant ses craintes qu’il ne sur­vive pas.

Le doc­teur Bob Gill, médecin du NHS [Le Nation­al Health Ser­vice est le sys­tème de san­té financé par l’État en Angleterre et l’un des qua­tre sys­tèmes du Nation­al Health Ser­vice au Roy­aume-Uni, NdT] et pro­duc­teur du doc­u­men­taire « The Great NHS Heist » [Le grand braquage de la NHS, NdT], a déclaré : « La vie de M. Assange s’éteint lente­ment pour le punir et faire taire ceux qui osent courageuse­ment dénon­cer les men­songes des puis­sants. Si cet acte inouï n’est pas con­testé, il men­ace l’existence même de la société civile et propage notre dérive col­lec­tive vers l’autoritarisme des entre­pris­es et de l’État ».

Le doc­teur Paul Hob­day, auteur de The Deceit Syn­drome [Le syn­drome de la tromperie, NdT], a ajouté : « La tor­ture psy­chologique et la vio­la­tion des droits fon­da­men­taux d’un jour­nal­iste et d’un édi­teur qui n’a été con­damné pour aucun crime devraient inquiéter et dégoûter quiconque croit en une démoc­ra­tie trans­par­ente et juste qui rend des comptes. Cela devrait hanter longtemps les respon­s­ables et ceux qui gar­dent le silence… Tous les jour­nal­istes devraient se méfi­er et être vig­i­lants vis-à-vis de cette ambiance dangereuse ».

Le pro­fesseur Thomas G. Schulze, du comité exé­cu­tif de l’Association mon­di­ale de psy­chi­a­trie, a déclaré : « En tant qu’être humain, en tant que médecin, et en par­ti­c­uli­er en tant que psy­chi­a­tre, il est de mon devoir de sig­naler les cas de tor­ture où et quand ils se pro­duisent ». Schulze a ajouté que les tor­tures physique et psy­chologique sont « tout aus­si dévas­ta­tri­ces l’une que l’autre ».

Le pro­fesseur William R. Hogan de l’Université de Floride a souligné que « M. Assange doit être libéré immé­di­ate­ment, afin de soign­er les con­séquences des tor­tures qui lui ont été infligées par un tri­bunal anglais ».

Con­tact: [email protected] https://doctorsassange.org.

(…) Lire la suite : les-crises.fr

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